212. Black magick
Depuis deux semaines, ils surgissaient de partout. Aux quatre coins de la ville, de chaque interstice de nos maisons, de chacune de nos failles intimes. Et nous découvrions par la même occasion que notre solitude n'était en réalité que l'un des innombrables pans qui nous entourent. Tout ce temps, nous avions seulement regardé dans la mauvaise direction en braquant nos télescopes vers les étoiles.
Avec Kate O'Meara, nous roulions en cette matinée pluvieuse en direction de Keziah Lane. Avec le sentiment de tenir enfin une piste sérieuse qui nous permettrait de localiser la source du mal qui se répandait sur Providence.
La vieille demeure victorienne semblait nous toiser depuis sa colline solitaire. De dérangeantes vibrations s'en échappaient, mais nos esprits s'habituaient déjà au surnaturel. Nous devions intervenir avant que les Glissants, comme la presse les surnommait, ne quittent leur nid et ne s'évadent à travers les ruelles étroites. Où nous aurions toutes les difficultés à les rattraper.
Nous nous séparâmes dans les couloirs du petit manoir. Je fouillais chaque recoin à la recherche de cette lueur verdâtre caractéristique. Puis retentit le cri de Kate. Je courus jusqu'à un salon où je la trouvais allongée, l'arme de service dégainée vers le plafond. Une créature griffait à travers le magma marécageux qui nous séparait des limbes inconnues. Je vidai mon chargeur. L'entité morte, O'Meara se réfugia dans mes bras :
" Mon Dieu, John ! Ce démon, c'était ma sœur jumelle. "
Nos existences, nos croyances vacillaient.

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