223. Un petit coin de mangrove

2 minutes de lecture

Après le vestibule, on entre dans le salon.

J'aime particulièrement la façon dont la lumière entre dans cette grande pièce. Quand il ne fait pas trop chaud, nous laissons ouvertes les deux porte-fenêtres et toute la clarté du jour est invitée à l'intérieur, comme aime le dire Mamie Estelle. Mais dehors la chaleur, ajoute-t-elle en riant. Elle allume alors le ventilateur et ses grandes pales de bois battent l'air en un swoosh amusant. Tout le monde dans la famille laisse traîner ses livres et il faut parfois soulever toute une pile pour retrouver le sien.

La pièce est pleine de l'odeur du bois qui bronze doucement au soleil. Les parfums de la cuisine de ma grand-mère viennent jusque là ; parfois celle du cigare de Papy Merrill. Mamie m'explique qu'avant que je vienne au monde, il lui arrivait de fumer à l'intérieur mais plus aujourd'hui.

La grande fenêtre au fond du salon donne directement sur la mangrove et je crois que je pourrai rester des heures à regarder les ombres dans les arbustes. Mais Papa rit en me disant que je serais incapable de rester en place si longtemps. C'est vrai que j'ai toujours mille choses à découvrir. Si je me penche un peu, je peux observer Catfish Bay. À la nuit tombée, je vois danser le phare de Myrtle Beach par-dessus la végétation et j'aime bien essayer de deviner les étoiles derrière le faisceau lumineux qui tourne en rond au-dessus de la maison.

Quelques fois, j'entends râler un alligator. Papy Merrill me l'a montré une fois, il se cache entre les racines des palétuviers et j'ai un peu peur qu'il vienne dans la maison. Mon grand-père me rassure en me disant qu'il ne peut pas grimper sur la galerie. Papy m'a ensuite chuchoté à l'oreille qu'une fois Mamie Estelle en avait surpris un dans le jardin, qu'elle lui avait mis un grand coup de poële sur le museau et que la bestiole était retourné en quatrième vitesse dans le marais. Avec Papy, je ne sais jamais si ses histoires sont totalement inventées ou si elles cachent une part de vérité.

Mais j'entends Papy Merrill fouiller dans sa collection de disques. Je me demande ce qu'il va nous proposer aujourd'hui. Et si nous allions lui demander ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Shephard69100 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0