Ressentir

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Lorsque nous passons la porte, je me précipite aux toilettes.

J'ôte le haut de ma combinaison. Ma poitrine douloureuse est tendue.

Je n'ai pas la certitude que cela soit dû au froid.Je ressens des choses agréables pour Flavien.

Il me fait sortir de ma zone de confort. J'ai envie de lui plaire mais en même temps, j'aimerais me cacher dans un trou de souris.

Penser à lui est délectable et savoir qu'il se trouve dans le salon, me ...

J'aimerais me calmer.

J'aimerais ne rien ressentir pour lui.

J'aimerais que ça soit plus qu'un ami.

Lorsqu'il me frôle, j'ai le cœur qui s'emballe.

Lorsqu'il plonge son regard dans le mien, je me sens toute chose.

Lorsqu'il chuchote à mon oreille, j'aimerais lui laisser ma nuque pour qu'il y dépose ses lèvres.

Je dois me ressaisir ! Je n'ai pas le choix ! Aimer sans retour est le pire des sentiments. Je déraille complètement et la grossesse n'arrange rien du tout.

J´observe mon reflet dans le miroir de la salle de bain. Qu'ai-je imaginé un instant ?

Je ne suis pas ce genre de femme, pomponnée du matin au soir, avec de beaux ongles et des cils de biche.

Je ne suis pas de son monde, des tas de femmes doivent lui courrir après.

Je me rhabille prestement, le tissu soyeux comprimant mes deux obus et je le rejoins.

Il est sur le canapé, son ordinateur posé sur ses genoux. Il a mis ses écouteurs dans les oreilles et il paraît très occupé. Je le dévisage un instant. Bouche bée et l'air ahuri sans doute, je sens en moi une montée d'adrenaline.

J'ai besoin de bouger. J'ai besoin de me détendre.

Mon téléphone vibre et un message de Rosie s'affiche.

« Comment se passe ta soirée ? »

« Nous sommes rentrés »

« oooh ! Ça veut dire que ?! »

« Pas du tout ! Il est sur son pc »

« affligeant ! Séduis le ! »

« Hors de question ! »

« Il te dévore des yeux , tu lui plais ! »

« Je ne pense pas »

« Rejoins moi au SPA... je suis seule Tiana m'a lâché ... nausées ! »

« J'arrive »

Je dépose mon téléphone et je pars chercher mon sac.

J'y fourre mon maillot de bain, une serviette de bain et des lunettes de soleil.

Il est plus facile de parler en les portant que d'être sondée par Rosie et sa curiosité maladive.

Je consulte ma montre, il est vingt-trois heures.

Est-ce raisonnable ? Pour Rosie complètement.

Flavien est toujours concentré sur son ordinateur.

Je lui explique que je pars au SPA. Il semble étonné par ma sortie tardive. Il ne pose pas de question, cela n'a pas l'air de l'intéresser. Tant pis.

Lorsque j'arrive, Rosie m'attend sur l'un des transats, un cocktail sans alcool dans les mains. Il fait une chaleur étouffante et j'ai l'impression que mes cheveux collent sur ma nuque.

Elle m'indique le siège à côté d'elle.

L'endroit est agréable. Les lumières tamisées et les petites cascades d'eau plus loin rendent ce lieu reposant.

Je m'installe près d'elle et tente de me détendre.

Mon maillot de bain me comprime toujours autant la poitrine. J'ai vérifié le noeud avant de m'aventurer ici. Il n'est pas nécessaire de faire de nouveau de l'exhibitionnisme.

Nous ne sommes que deux. Je lui raconte ma soirée et ce que j'ai découvert dans le bureau du grand père de Mallaury.

Rosie se redresse et s'exclame si fort que sa voix résonne dans un long éco.

- Je le savais ! Je m'en doutais !

Elle ne sait rien du tout. Elle aime en rajouter. Elle balance ses cheveux bouclés en arrière et glousse.

Elle s'entendrait bien avec ma mère.

- Tu penses qu'il se doute de quelque chose pour ses chaussures ?

- Je ne sais pas , je me suis enfuis sur le balcon. Il n'y avait aucune issue. J'étais dehors en combinaison. Flavien m'a apporté mon manteau ! Il faisait froid et je n'étais pas fort vêtue Rosie ! Tu sais ce que ça veut dire ?

La paille entre les dents, elle susurre.

Elle fait claquer sa langue plusieurs fois.

Plusieurs personnes s'installent sur des transats et nous décidons d'aller dans le hammam.

Il est presque minuit, n'ont-ils rien d'autre à faire ?

Il fait étouffant et je m'installe sur le premier banc.

Je transpire comme une athlète de haut niveau.

Rosie est allongée de tout son long. Son petit ventre de femme enceinte pourrait en faire jalouser plus d'une.

- Elle va hériter de tout ça. Oscar l'a aidé l'année dernière. Je me demande s'il y a un lien avec le lieu des vacances.

- Ouvre les yeux chérie ! Me dit-elle dans un long bâillement.

Je la distingue à peine avec toute cette vapeur.

- Elle a réussi à faire virer son petit ami, il n'a rien demandé. Il fait son travail correctement.

Il a dû se sentir inutile et vexé. Je ressens soudainemenr un léger pincement au coeur. Flavien est un homme exemplaire, avec un tas de qualités et sûrement de défauts. Mon attachement pour lui se fait sentir, j'ai besoin de le défendre.

Je lui raconte la façon dont elle l'a mis dehors.

Une fois mon récit terminé , je trouve l'endroit beaucoup trop chaud, l'air est suffoquant. J´ai l'esprit embrouillé.

Rosie se redresse d'un bon et s'approche de moi euphorique.

- Tu ne me l'a pas dis ! Vous dormez ensemble ?

Sa voix est aiguë et excitée.

- Pas du tout !

Je remercie le ciel d'être presque invisible, le sourire aux lèvres et le rouge aux joues me trahiraient.

Rosie ne cesse de dire qu'elle n'en revient pas. A-t-elle écouté ne serait-ce qu'un mot de ce que je lui ai dis ?

Elle s'exclaffe et jubile comme une adolescente.

- J'ai chaud, je vais sortir attend moi ici !

Elle me laisse seule quelques minutes. La vapeur s'enclenche et je ne vois pas très bien.

Elle va me le payer ! Son attitude est drôle et inquiétante. Elle est tellement imprévisible. Je la connais depuis peu mais j'arrive à lire en elle comme dans un livre ouvert.

La porte s'ouvre , elle vient s'asseoir près de moi.

Un silence s'installe. Je sens sa présence près de moi mais quelque chose me chatouille les narines. Une odeur familiére mais il m'est impossible de mettre un nom dessus.

- Tu as passé une aussi bonne soirée que moi sinon ? J'aurais aimé qu'elle continue encore ! Il est si parfait !

- Je suis content que votre soirée soit une réussite.

Je déglutis difficilement. Flavien passe sa main sur le côté de mon visage. La douceur de sa paume me fait tressaillir.

- Que faites-vous ici ? J'ai pensé que vous étiez occupé.

Il s'est drôlement approché et mon cœur s'emballe.

Il va exploser de ma poitrine, accompagné de la multitude de papillon au creux de mon ventre.

Je meure de chaud. Il faut que je sorte. Je sens un feu en moi inhabituel. Un feu incondescant auquel je me suis trop approchée. Je m'excuse et je sors en vitesse du hammam. Je longe un minuscule couloir , mes pieds nus sautillants sur place et je m'installe dans un bain chauffé.

L'eau est à trente-deux degrés. Elle ne me rafraîchit pas.

Mes deux gros obus flottent comme des balises. Cela me soulage tout de même le dos.

Je pose ma tête contre le rebord et je ferme les yeux. Une musique douce sort des enceintes. Je me demande où Rosie est passée. Je le répète mais elle me le paiera ! Je suis certaine qu'elle a manigancé tout ça. Elle est loin d'être une sainte nitouche.

- Salomé ... la voix suave de Flavien me parvient . Il s'est approché de moi et me fixe.

Une ride sur son front s'est installée. Son air soucieux me fait fondre comme un bloc de glaçe sur la banquise. Il est d'une beauté divine.

- Flavien je ... écoutez je ... Il s'avance vers moi et dépose un doigt sur mes lèvres.

Il prend mon visage dans sa main et le caresse. Alerte ! Je me sens faible et sur le point de faire n'importe quoi.

Comme ci, il comprenait mes états d'âme, il finit par se placer prés de moi, sa main dans la mienne. La douceur de sa paume me détend. Son parfum ennivrant me fait baisser la garde et je suis presque sûre que notre proximité ne le dérange pas, bien au contraire.

Nous restons plusieurs minutes dans cette position. Bébé s'agite. La sensation de l'eau chaude a l'air de lui faire du bien. Les battements de mon cœur l'apaise.

Elle donne un coup de pied dans mes côtes et je me redresse, le souffle coupé.

La chipie !

La main sur mon flanc, je reprends ma respiration.

Flavien s'est redressé et a déposé sa main dans mon dos. Je sens des courants électriques le long de ma colonne vertébrale. Des images fantasmiques me passent par la tête et je décide de sortir sans le regarder. Mes sentiments a son égard me terrorisent.

J'ai besoin de me changer l'esprit. Mais

il décide de m'accompagner jusqu'aux transats. Rosie a disparu ainsi que ses affaires.

Serait-ce un coup monté ? Cette option ne m'étonne plus. Elle aura des comptes à me rendre.

Je prends mon sac et j´ annonce à Flavien que je remonte.

Ce jeu du chat et de la souris me fatigue.

Flavien rigole et noue un drap de bain autour de moi.

Sa main frôle le haut de ma poitrine lorsque il coince la serviette. Je plonge mes yeux dans les siens.

Il glisse ses mains sur mes hanches et m'attire vers lui.

Je suis hypnotisée par son regard. Je n'ai qu'une envie et je me moque si cela n'est pas réciproque. Il approche son visage. Je peux observer une pointe de doré dans ses iris.

Mon téléphone sonne et nous sursautons. Je le cherche dans mon sac et je décroche.

Flavien me lâche , quelle barbe !

Il faut toujours que ça soit au mauvais moment.

- Oui allô ? Fais-je agacée.

- Salomé ! Désolée, j'ai dû rentrer, j'étais hyper fatiguée , je te laisse chérie je te dis à demain !

Évidemment, elle est fatiguée. Flavien a eu une illumination et il est arrivé comme par hasard au moment où cette dernière est remontée dans sa chambre.

- Ok, repose toi bien ! cia-ciao !

Je raccroche et flavien s'est légèrement décalé. Les mains sur le haut de son crâne . Son corps est sculpté en v, il est si musclé.

Sa musculature parfaite et ses abdominaux saillants me font fondre de désir. Je le veux mais c'est complètement immoral, impossible et tellement agréable.

Je détourne les yeux. Il est beau. Trop beau pour moi.

Il soupire.

- Voulez-vous que l'on rentre ? Lui demandé-je.

Il hoche la tête et m'accompagne. Son visage est fermé. J'aimerais qu'il plonge ses yeux sur moi comme tout à l'heure et qu'il pose ses mains sur mes hanches.

Il est tendu et éloigné. Il regarde les boutons de l'ascenseur qui nous amène à notre étage.

Ses pas sont rapides, je n'arrive pas à le suivre.

Pourquoi change-t-il soudainement d'attitude ? Serait-il lunatique ?

Lorsqu'il me souhaite une bonne nuit , mon corps entier se dérobe. Un coup de poignard vient me frapper en plein cœur. Je l'observe un moment, plantée comme un piquet, la mine maussade.

Il ne peut pas me faire ça. Il le voulait autant que moi. Je l'ai senti dans son regard et dans ses gestes.

Aurais-je l'audace de m'avancer vers lui ? Je ne crois pas.

Et pourtant, je m'approche de lui. Mes yeux sont rivés sur lui.

Il m'observe. Lorsque je ne suis plus qu'à quelques centimètres, je le pointe du doigt, les sourcils froncés. Il reste silencieux.

Il me regarde de sa grandeur. Il ne bouge pas, lorsque je passe mes bras autour de son cou.

Il n'hésite pas quand je dépose mes lèvres sur les siennes.

Il m'attrape les hanches et me rend mon baiser. Mes mains caressent sa nuque et ses cheveux.

Il descend ses mains le long de ma colonne vertébrale. Mon corps entier est électrisé, un mélange de désir indescriptible, de tentation et de sereinité.

Sa bouche est sucrée et ses lèvres sont chaudes. La passion de notre proximité me rend vulnérable. Il est doux et sensuel à la fois .

Mon cœur explose dans ma poitrine.

Son étreinte est parfaite , son corps contre le mien m'apaise. Les minutes défilent.

Son visage caresse le mien, son front colle mon front. Nous restons là un moment, silencieux, ayant peur de gâcher ce moment idéllique.

Lorsque je lui souhaite une bonne nuit, il ne me retient pas.

Il est resté en parfait gentleman et me sourit. Je n'en reviens toujours pas.

J'ai embrassé Flavien.

Je m'éclipse dans ma chambre, le sourire aux lèvres, des papillons volants autour de moi.

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