Quand la lune brille
Une heure, peut-être deux. Trois ? Qui sait. Peut-être que ça ne faisait que quelques minutes.
Je n’avais pas le courage d’attraper mon téléphone — pourtant là, juste à portée.
Mais j’étais bien. C’est vrai. Le lit était confortable. Rien à redire.
Est-ce que je dois vraiment rentrer travailler demain ?
Je pourrais dire que je suis malade. Est-ce que je le suis ?
On l’est tous un peu, non ? Avec la pollution, les graisses toxiques des supermarchés…
Mais je m’égare.
Je soupire.
Tends la main dans le noir, comme pour toucher quelque chose.
Est-ce que j’ai peur ? Est-ce que mon esprit refuse de dormir par crainte ?
Non. Ce n’est pas ça.
Mais alors… pourquoi ?
Peut-être que je ne dors pas parce que dormir, c’est céder. C’est baisser les bras face à la nuit, face à l’inconnu. Et moi, ce soir, je refuse. Pas parce que je suis courageux — sûrement pas. Mais parce que j’attends.
Je ne sais pas quoi. Une idée, un frisson, une phrase qui viendrait tout débloquer. Comme si l’insomnie était un sas, un lieu suspendu entre deux mondes, et que quelque chose allait finir par passer.
Je tends encore la main, plus lentement cette fois.
Elle ne rencontre rien d’autre que du vide.
Mais quelque part, j’aime cette attente. Elle me fait exister.
Un instant de plus.
Annotations
Versions