Une pause s'impose.

5 minutes de lecture

C'est ce que je me suis dit texto il y a sept jours, après la publication du chapitre 48 de l'autobiographie.

Voilà près d'un an et demi que je diffuse mes récits sur ADA. Un an et demi d'écriture intensive où je n'ai pas arrêté une seule seconde ou presque, cumulant en avril et mai derniers la diffusion de trois oeuvres en simultané. La semaine dernière, la tête dans le guidon et le cerveau en surchauffe, j'ai décidé de faire un break.

Je n'en pouvais plus. Physiquement, moralement, émotionnellement. Ma thérapeute avait tiré la sonnette d'alarme deux semaines auparavant et j'avais failli partir de chez elle en claquant la porte, l'incriminant de ne pas croire en moi. Sauf qu'elle avait raison et que je suis revenue en la remerciant de m'avoir ouvert les yeux. En m'excusant de m'être braquée, bien décidée à présent à suivre ses précieux conseils, toujours avisés.

En un an et demi, j'ai relevé trois des quatre défis que je m'étais lancés en venant pour la première fois dans son cabinet, en juin 2021.

— J'ai quitté une addiction qui était en train de me tuer à petit feu.

— J'ai arrêté mon job de masseuse érotique après 14 années de bons et loyaux services.

— J'expérimente une relation sentimentale épanouissante, très éloignée de toutes celles, toxiques, que j'ai vécue jusque-là.

Il me reste encore un défi à relever : vivre de ma plume.

Concernant l'écriture, je n'ai pas lésiné sur les moyens. Vous avez pu constater le rythme de fou auquel je me suis astreinte (pour mon plus grand plaisir !) ces derniers temps, pour vous produire des écrits personnels et/ou romancés. Un rythme qui m'a permis de quitter la boulimie en la remplaçant allègrement. Une passion saine a chassé celle, nuisible, à laquelle je m'adonnais autrefois. En cela, je suis pleinement reconnaissante à tous mes lecteurs, visibles ou invisibles, de m'avoir permis de croire en moi et en mes qualités d'auteure. Cela m'a certainement sauvée de moi-même. J'ai beaucoup de gratitude pour chaque like, chaque message ici ou en MP, chaque annotation, chaque mot de soutien et d'encouragement que vous m'avez offert.

Pour le reste, je m'en remet à l'Univers.

La semaine dernière, pour la première fois, j'ai resssenti le besoin de dire "stop" et de m'écouter. Car la fatigue accumulée, qu'elle soit physique ou nerveuse, a forcément eu raison de mon travail. À force de rédiger à tout va, de longues heures d'affilée, j'ai eu du mal à savoir où j'allais. J'avais besoin de me poser un peu pour retrouver le chemin sur lequel je souhaite amener mon autobiographie. Il y a des enjeux importants que je me dois de prendre en considération.

Je sais que cette autobiographie ne pourra pas plaire à tout le monde, ni sur le fond, ni sur la forme. Nulle oeuvre ne peut y arriver. Même si j'espère écrire ce qu'il y a de mieux, je ne peux pas me "vendre" encore ou me travestir pour faire plaisir. Je ne peux pas non plus rédiger mon texte en ayant peur de ce que je vais y mettre. Je dois m'en tenir à ce qui est important pour moi, au messsage que je veux partager.

Le message n'a pas vraiment à voir avec la prostitution en elle-même, ce serait bien trop réducteur. Il a à voir avec le parcours d'une personne qui raconte son chemin de résilience. La prostitution, par le confort matériel qu'elle m'a apportée, est un vecteur de cette renaissance, mais elle n'en est pas le principal sujet finalement. La guérison passe par l'arrêt d'une addiction, par la réconciliation avec l'image, par la reconquête de l'estime. Et un des éléments fondateurs reste la foi, celle qui m'a permis, à travers les apprentissages du développement personnel, de me relever et de me recréer.

Lors de l'un de mes derniers chapitres publiés, on m'a fait remarquer que le titre de l'oeuvre "autobiographie d'une prostituée" était alors peut-être trop "putàclic". Et oui, je pense que la personne a raison. Avec une pancarte comme ça, c'est l'assurance d'attirer l'attention. En soi, rien de mal, sauf si derrière mon discours ne se base plus que sur la prostitution. Et il ne pourra clairement pas se baser que sur la prostitution. Ce n'est que la partie immergée de l'iceberg, de l'histoire, de ma vie, nullement son essence ultime. Je n'ai jamais été ni ne serais jamais qu'une pute. J'ai été et je serai toujours plus que cela (ça marche pour toutes les étiquettes, nulle vantardise dans ces propos).

Le message du livre est un message d'espoir, de ceux que j'aurais aimé lire dans les moments les plus sombres. Tout le monde traverse des périodes difficiles et certains, parfois, comme moi, veulent tout lâcher. Car c'est trop dur. Car on n'en voit pas le bout. Car cela n'a plus de sens. Car on est usé, rincé, essoré par la vie qui tourne à 1200 tours. Si mon histoire "compliquée" ne permet pas à une seule personne sur cette terre de retrouver un peu la foi, l'espoir, la niaque, l'envie ou que sais-je encore, alors j'aurai merdé. Si je peux ne serait-ce aider qu'un seul être humain à continuer à avancer en lui montrant le nombre de fois où je me suis cassé la gueule, où j'ai voulu laisser tomber, où j'ai prié pour que ça s'arrête, où j'ai supplié pour un miracle, alors les heures passées à raconter tout cela ne seront pas vaines. C'est mon objectif premier. Que tout cela serve à quelque chose. Nombre de livres m'ont sauvée. Je me dois de rendre la pareille. Je m'y attelle et m'y attellerai tant que mon objectif ne sera pas atteint. Et il le sera, sans aucun doute possible (et dans le genre obstinée, vous pouvez compter sur moi, il y a de la bretonne en moi !)

Pour ce faire, il m'a fallu et il me faut encore du temps. Pour souffler. Pour respirer. Pour profiter de ma fille qui grandit si vite et dont je viens à peine d'assister à la dernière fête de l'école. Pour rire avec mon chéri qui partage mes délires. Pour envoyer des conneries à mon meilleur ami dont je ne saurais me passer. Pour envoyer des audios trop longs à ma meilleure amie. Pour méditer. Pour pique niquer. Pour aller au cinéma. Pour aller me ressourcer en forêt ou au bord de la mer. Pour randonner. Pour voir du monde. Pour ne rien faire. Pour feuilleter des magazines people (même pas honte !) Pour cuisiner. Pour commémorer ceux qui sont partis (la semaine dernière avait lieu le 29 juin, date anniversaire du décès de mon frère et de son meilleur ami). Pour dormir. Pour faire la sieste. Pour dormir encore quand même après. Pour lire. Pour lire bis. Pour lire ter.

Pour vivre.

Il y a eu tant de changements cette dernière année que je n'ai pas pris le temps de me retourner pour apprécier le chemin parcouru.

Je ne peux pas être au four et au moulin et vous le savez bien car vous êtes comme moi, humains. Je voulais juste vous rassurer. Je n'ai pas abandonné l'autiobiographie. Je prends juste un moment pour ne pas m'oublier.

Keep calm & chose love.

Caro.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 12 versions.

Vous aimez lire Argent Massif ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0