Prologue : j'étais la mort.

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 Je suis née dans le chaos, et dès lors j’ai su que j’y mourrai.

 Chaque ville porte dans son histoire, une nuit qu’elle n’oubliera jamais. Je naquis durant cette nuit-là. Le chef des vautours venait de mourir. Le roi est mort, vive le roi. A peine expiré qu’il fallut le remplacer, et l’arène s’enflamma. Un homme sortit de cette mare de sang, noyé sous des corps qu’il avait lui-même égorgés. La drogue coulait dans ses veines jusqu’à en noircir l’aspect. Ses yeux n’avaient plus rien d’humain. Il se nommait Eric Falcon, c’était mon oncle.

 Pendant qu’il tuait, sa sœur souffrait les douleurs de l’enfantement, et quand les âmes de ses adversaires s’évanouirent à jamais, je vis le jour. Je ne pleurai pas, le feu irradiait mes pupilles d’un carmin éclatant. J’étais le rouge, les nuits ardentes, l’explosion du cœur humain.

 L’épée encore humide, il sortit de l’arène. Son combat n’était pas terminé. Il entra dans la septième tour et quand ses pieds foulèrent la pierre, toutes les règles furent brisées. Les vautours se répandirent dans les stations, massacrant ce qu’il y avait à massacrer, violant ce qu’il y avait à violer. Le brouillard voilait le ciel, les nuages pleuraient du sang. La sueur perlait encore sur le front de ma mère quand il entra dans sa chambre. Le démon le possédait. Elle fut sa dernière victime, et la drogue le consuma.

 Cette reine s’éteignit, portant sa fille dans ses bras. Le dernier mot qu’elle prononça fut à mon égard, mon nom occupa son dernier râle. C’était une guerrière, la première femme à avoir pris les commandes d’un clan. Elle était morte, et je n’étais pas encore une enfant.

 Mon frère étant trop jeune pour pouvoir prétendre à prendre sa suite, d’autres durent lui succéder. La reine est morte, vive le roi. L’arène s’enflamma. Joan Dakhal gagna le combat.

 Nos soldats continrent les vautours qui s’en retournèrent dans leurs stations, la vie reprit et Avem oublia. Victoria Falcon s'évanouit des mémoires communes, subsistant néanmoins à travers son fils qui lui ressemblait tant. Andréas était elle, totalement elle, et je ne l’étais pas. J’étais Rubie Falcon. J’étais la mort.

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