chapitre 27 : chimie, magie, ou simple illusion ?

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La lumière des bougies remplaçait peu à peu celle des lampes à huile. Rubie reprit sa place sur le plancher, allongée à contempler la table renversée. Les cartes ne s’y trouvaient plus, seul le service à thé y demeurait. Sans savoir pourquoi, cette vaisselle lui disait quelque chose. Aucun doute possible, elle l’avait déjà vue.

Ce n’était pas à Avem, la porcelaine ne côtoyait pas la septième tour. Ce n’était pas non plus au petit déjeuner, les couleurs n’y étaient pas si éclatantes. C’était donc quelque part entre ces deux instants, à la fois très proche et très lointain, quelque part dans l’espace et dans le temps. Ou bien quelque part où l’on ne trouvait ni espace, ni temps... Une porte, la porte 513, dans la petite salle où l’avait conduit Willy, voilà où elle l’avait vue ! Si ses souvenirs étaient bons, la tasse qu’elle avait arrachée du tableau contenait une serrure, peut-être celle-ci en contenait-elle une également !

Rubie avait décidément un talent certain pour déchiffrer les énigmes.

Mais une fois de plus, un obstacle s’opposait à sa découverte. Le thé. Il refusait de couler, et il était impossible de l’absorber. Chimie, magie, ou simple illusion ?

- Tu as trouvé quelque-chose ?

Cet accent, elle commençait à le connaitre. Des « r » roulés, des « e » chantés et des « v » devenus « b ». Marco.

- Je vais finir par croire que tu doutes de mes capacités.

- Moi, douter de toi, jamais je n’oserais.

Sa légère arrogance était épuisante, presque autant qu’elle pouvait être délicieuse.

- Daignerais-tu m’informer de ta nouvelle découverte ?

- Non. Je vais me charger de ça toute seule, comme il était convenu que je le fasse. Quant à toi, surveille plutôt Nala Krissen. Elle m’a proposée son aide, et je veux savoir si l’on peut lui faire confiance.

- Me prendrais-tu pour ton homme de main ?

- Exactement.

Un instant surpris par une telle franchise, Marco sourit et acquiesça.

- Je te dirai ce que je trouve. En attendant, essaye de ne pas trop attirer l’attention. Si le meurtrier découvre que c’est toi qui fais avancer le jeu, il tentera de t’éliminer.

- Et je ne suis pas assez insignifiante pour que le public me sauve, c’est ça ?

Il réfléchit une seconde à ce qu’il convenait de répondre. Devait-il parler avec raison, ou bien plutôt avec le cœur ?

- Elya Falcon, dit-il finalement, si je suis encore sûr d’une chose, c’est que vous n’avez rien d’insignifiant.

Le point fut posé, et il disparut.

Rubie sentit ses joues rougir derrière son maquillage. Pourquoi les compliments de ce garçon avaient-ils un tel pouvoir sur son corps ? C’était insupportable !

Elle devait reprendre le contrôle, de son sang et de son esprit. Que savait-elle sur le thé ? En réalité, elle n’en avait presque jamais vu. Andréas et Théoxane ne buvaient que des sodas, et de la bière à l’occasion. En plus de l’eau du robinet, elle aimait le goût de l’absinthe qui coulait à flot aux fêtes de Rix. Mais le thé, jamais elle n’avait rencontré quelqu’un d’assez sage pour boire du thé. De ce qu’elle en voyait, ce n’était rien de plus qu’un peu de plantes flottant dans une mare d’eau bouillante. De l’eau bouillante… tellement bouillante qu’il ne faudrait qu’un peu de chaleur pour la faire s’évaporer !

Oui, mais comment ? Il y avait bien les flammes qui dansaient sur la cire des bougies, mais la distance qui la séparait du plafond ne semblait pas vouloir réduire à mesure qu’elle découvrait de nouveaux indices.

- Vous aussi, vous avez remarqué le thé ?

Rubie se retourna dans un mouvement si brusque qu’elle en sentit les effets tout le long de sa colonne vertébrale. La peau ébène de Léandro Korhonen, sculpté dans des proportions imposantes, se tenait devant elle.

- Je cherche un moyen de le faire disparaitre, répondit-elle sans pouvoir regarder son interlocuteur dans les yeux, auriez-vous une idée ?

- Vous voulez dire, autre que celle que vous avez déjà ?

- Je ne vois pas ce que…

- Ne me prenez pas pour un idiot mademoiselle Falcon, je vous ai vu admirer le lustre et jauger au doigt la distance qui vous séparait de la table. L’évaporation n’est pas absurde, mais difficilement réalisable.

- Que proposez-vous ?

- Quelque-chose de plus radical, il faut briser la tasse.

Il décrocha la chaine dorée qui pendait à son cou.

- Un bon lancer devrait suffire. Je le ferais bien moi-même, mais le meurtrier me remarquerait trop aisément. Tandis que vous, mademoiselle Falcon, vous êtes déjà démasquée.

Puis il s’en alla, laissant à Rubie le soin de faire le sale boulot. Quel homme.

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