Chapitre 30 : je l'ai tué

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- Mes chers enfants, je suis dans le regret de vous annoncer que Léandro Korhonen et Connor Rajer ont quitté la partie.

Rubie se figea, un frisson glacé parcourut son corps et elle crut un instant sa peau devenue marbre. Tout en elle s’était arrêté : son esprit, son sang, son cœur. Ses poumons ne se gonflaient plus, et l’air la frôlait avec nonchalance. Sa vision, trouble, ne projetait rien d’autre que le visage sombre de Léandro. Il n’était pas le meurtrier, il ne pouvait plus l’être. Il allait sans doute mourir, et elle ne pouvait s’empêcher de penser que c’était sa faute.

- Elya.

La voix de Marco, et la chaleur de ses mains sur sa peau, la ranima. Il faisait encore noir, et les hurlements paniqués emplissaient l’espace sonore. Mais il avait posé ses bras autour d’elle, et le reste semblait avoir disparu.

- J’ai eu peur pour toi.

D’ordinaire, cette tendresse à demi avouée aurait provoqué en Rubie une réaction physique. Pourtant, aucun sourire, aucune rougeur ne vint décorer son visage. Elle était livide, morose, inexpressive. Elle se noyait en pensées.

- Marco, jure-moi que tu n’as rien avoir avec ça.

L’étreinte se desserra et, sans les voir, elle sentit ses traits se crisper.

- Je n’avais pas le choix. Tu te méfiais de Léandro, et il t’avait démasquée. Il aurait pu…

- Tu l’as tué.

Il n’y avait là ni interrogation, ni surprise. Pas même une once de colère. Elle avait affirmé la mort, simplement, comme si elle demandait qu’on lui passe le sel. Un meurtre détaché, par procuration, dont elle souffrait trop pour pouvoir l’exprimer.

- Oui, Elya. Je l’ai tué. Je. Moi. Pas toi. C’était ma décision.

- Tu l’as fait pour moi.

- Je l’ai fait pour nous. Pour nous protéger.

Nous, une contraction de toi et moi ; et dans toi et moi, il y avait Rubie.

- Je suis désolé Marco, mais j’ai besoin d’être seule.

Quand la lumière revint, Nala n’était plus à leurs côtés. La jeune fille demeurait prostrée, tremblante et en larmes, dans un coin de la pièce. Ce tableau se répétait en tâches sur le paysage, un chamboulement impressionniste. Tentant.

- Elya, attend !

Tandis qu’elle imaginait son corps recroquevillé entre deux murs de pierre, la poigne de Marco la força à le contempler.

- Tu pourras me haïr autant que tu veux pour ce que j’ai fait, mais une porte vient de se débloquer, et nous avons tous besoin de ton génie pour sortir d’ici.

Le jeu. Toujours le jeu, la logique illogique et la raison bancale. La survie. Et la mort, pouvait-on prendre un peu de temps pour la mort ?

- Tu penses que le public va le sauver ?

- Sincèrement ?

Elle hocha la tête. Jamais question n’avait été plus stupide.

- Je ne pense pas. En éliminant Léandro, je savais ce qu’il risquait. Je l’assume. Nous sommes dans un monde de lions Elya, ici il faut manger pour ne pas être mangé. Certes je regrette, mais je ne vais pas m’excuser d’être en vie, et tu ne devrais pas le faire non plus.

Vérité, ardente, et le feu en elle se ralluma.

- Montre-moi cette porte.

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