chapitre 32 : douloureux songe lorsque revient la réalité

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Rubie demeura un instant, seule, dans le Boudoir.

Des pensées se bousculaient dans son esprit.

Marco s’était approché d’elle le premier, en lui donnant ce miroir qui arborait son reflet ; mais c’est elle qui l’avait choisi, elle qui en avait fait son allié. Il avait été prêt à tellement de choses pour la protéger, tellement de choses parfois tellement horribles. Certes, il ne lui avait jamais parlé de son passé, et elle ne savait rien de lui, mais pouvait-elle le lui reprocher ? Jamais elle ne lui avait posé de questions, et la situation n’était pas réellement propice aux confidences. Quant à Morgan… il pouvait très bien être le meurtrier, insuffler de fausses idées dans sa tête pour la détourner de ses objectifs. Au fond, ses doutes n’avaient pas d'importance, pas plus que sa colère. Elle devait quitter cet endroit, qu’importe avec qui.

La salle du précipice était étrangement vide, Nala ne devait pas encore avoir trouvé une fille d’Avem. Rubie ferma les yeux. Elle avait besoin des informations que contenait ce puits, et à défaut d’alliés convenables, il les lui fallait pour elle seule. Doucement, elle se pencha, et quand ses pieds quittèrent le sol, des plumes jaillirent de sa peau. La douleur était insupportable, mais le jeu en valait la chandelle.

Le temps d’une seconde, elle retrouva la liberté que la Capitale lui avait volée. Ainsi devenu faucon, tout lui semblait possible, rien n’était inatteignable. Douloureux songe, surtout lorsque revient la réalité.

Elle rouvrit les yeux, et atteignit en quelques secondes les limites de ce gouffre. Ces pieds redevinrent humains, ses problèmes également. Elle devait trouver un indice, rapidement, mais ce qui se dévoilait autour d’elle ne lui inspirait rien de précis. Des murs, hauts, très hauts, un carrelage froid et une acoustique étonnante. Elle n’entendait plus rien, pas même le bruit de sa respiration. Ce silence était apaisant, trop peut-être, jusqu’à lui générer une angoisse. Son pouls s’accéléra, puis se calma sans la déstabiliser davantage. Quelque chose dans cette énigme se référait au son, elle en était certaine, mais quoi ?

Ses chaussures ne claquaient plus sur le sol, ses doigts non plus, son corps tout entier lui était devenu inaudible. Pourtant, lorsque Marco l’appela à gorge déployée, elle entendit sa voix résonner à l’intérieur d’elle-même. Pourquoi lui ? Pourquoi fallait-il toujours que ce soit lui ? Puis les hurlements de Nala lui parvinrent également, et elle comprit que Marco n’était pas si spécial.

Nala et Marco… quelque chose les reliait, une chose qu’elle ne parvenait pas à percevoir. Assise au milieu de rien, Rubie commença sa rétrospective. Nala était une fille timide, discrète et émotive, Marco était un garçon flamboyant, arrogant et mystérieux. Elle venait du Continent, lui était né à la Capitale. Il était son allié, et elle… elle l’était également. Peut-être était-ce cela, le point commun qu’elle cherchait. Si elle en suivait sa logique, toutes les personnes sincères voyaient leur écho retenu par cet endroit étrange. La sincérité… était-elle une qualité strictement nécessaire ? Si c’était le cas, le meurtrier demeurerait silencieux, et elle pourrait alors le démasquer !

Cette perspective l’enthousiasmait tellement qu’elle se surprit à sautiller en tous sens, mais sa théorie devait encore être vérifiée. Elle remonta doucement, le dos tourné, et se retransforma avant que quiconque ne puisse entrevoir ses yeux. Un détail n’échappa cependant pas à ses deux camarades. Elle était nue, totalement nue, ses vêtements trônant à ses pieds.

- Il faut que je me change, déclara-t-elle, vous pouvez vous tourner ?

Ils s’exécutèrent sans un mot, et attendirent patiemment que la jeune fille eut fini. Rubie se perdait dans les va-et-vient de sa robe, tant et si bien qu’elle crut ne jamais en sortir vivante. Finalement, au prix de quelques dizaines de minutes, elle finit par redevenir présentable.

- C’est bon.

- Alors tu viens d’Avem, fit remarquer Marco, une pointe de colère dans la voix, et tu n’as pas cru bon de nous en informer !

- Je ne m’étais pas transformée depuis longtemps, j’ignorais en être encore capable.

Mensonge.

- Je pensais que tu me faisais confiance.

- Je t’ai dit que je devais y réfléchir.

D’autant plus après ce que Morgan lui avait révélé.

- Elle ne nous connait pas, renchérit subitement Nala, elle ne nous doit rien, et encore moins sa confiance. Au lieu de vous engueuler, dis-nous plutôt ce que tu as vu en bas.

- Je n’ai rien vu d’intéressant, et je n’ai rien entendu, du tout.

L’incompréhension transpirait de leurs traits.

- Ecoutez, expliqua-t-elle, je ne suis sûe de rien, mais j’ai une idée qui pourrait peut-être nous aider à trouver le meurtrier. Si vous voulez mon avis, cette pièce n’est pas une nouvelle énigme, elle est l’indice que nous a offert la précédente.

Les voilà devenus attentifs.

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