chapitre 41 : comment personne ne pouvait bouger ?

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A l’intérieur, quelques dizaines de tables s’alignaient à la perfection devant un immense tableau noir. Cette salle n’était pas très différente de celles que l’on trouvait à Avem, hormis le fait qu’ici tout se parait d’un luxe irraisonnable. Les bureaux se pavanaient en bois vernis, le parquet du plancher brillait au soleil qui perçait le plafond, et les murs se voulaient couverts de peintures, de frises d’histoires et de cartes de géographie.

La plupart représentaient la Capitale, plus grande encore que ce que Rubie avait imaginée, mais l’une d’entre elles portait pour titre : le Continent. Avem y figurait au milieu d’une immense étendue violette, les terres des montagnes, elle-même encadrée d’autres taches de couleurs. On y trouvait Utara, la ville qu’avait évoquée Salomé le jour de leur rencontre, ainsi que quatre autres dont la jeune fille ne parvint pas à déchiffrer le nom. Pour la première fois de toute sa vie, elle considéra le monde dans sa globalité, peinant à croire qu’il puisse être aussi vaste et se demandant comment elle avait pu penser aussi longtemps que ses terres en étaient les seules frontières.

Puis un cri strident la fit sortir de ses pensées. Une longue femme, fine et anguleuse, la regardait de toute sa hauteur. Elle portait une perruque décorée de milles boucles blondes, ou du moins c’est ce que sa perruque laissait entrevoir, puisque des cheveux naturels n’auraient jamais pu être coiffés de cette façon. Sa robe, couvrant juste le bas de ses cuisses, débordait de dentelle et de froufrous à outrance. Réhaussée d’une peau rose et de bijoux extravagants, cette femme ressemblait à une véritable meringue.

Pourtant, elle était imposante, et elle en imposait.

Son sourire de façade s’effaça dès l’instant où Rubie entra dans la pièce. Elle l’inspecta de son regard sévèrement hautain.

- Mademoiselle Falcon je suppose ?

- C’est ça, balbutia-t-elle.

- Bien, je vois que pour votre premier jour vous parvenez tout de même à être en retard. Je suis Rose, votre enseignante. Allez-vous asseoir avant que le cours ne commence.

Elle fit quelques pas vers la seule table vide qu’il restait puis s’arrêta net. Elle ne sentait plus la silhouette de Salomé derrière elle.

- Tu ne viens pas ? lui souffla-t-elle.

- Non.

Puis elle fit quelques pas, rétrécissant l’écart qui les séparait, et se mit à parler plus bas.

- Ne t’inquiète pas, tu es l’une d’entre elles, tout devrait bien se passer.

Une gentillesse, une fois de plus lâchée sur un ton agacé.

Salomé s’apprêtait à partir lorsque la voix de Rose la stoppa dans sa course.

- Enlevez-moi cette sale bête de là ! hurla-t-elle à son intention. Les protectrices n’ont rien à faire dans ma classe !

Un garde entra soudain, empoigna Salomé par le bras et la fit sortir sans plus de ménagement.

Personne ne réagit, personne ne bougea. Comment personne ne pouvait bouger ?

Les yeux de Rubie fulminèrent jusqu’à, elle en était sûre, virer au rouge éclatant. Intérieurement, elle pria pour que personne ne l’ait remarqué. Extérieurement, elle s’embrasait. La rage parcourut ses veines et, en un éclair, s’empara de son corps. Ce garde devait lâcher son emprise, il devait la lâcher maintenant.

Une vive douleur irradia son bras, si vive qu’il ne put continuer à serrer le poignet de Salomé. Celle-ci se dégagea, présenta son majeur à celle qui avait voulu la renvoyer, et disparut sans demander son reste. Quand elle fut loin, Rubie put enfin se calmer. Sans ajouter un mot, elle s'assit.

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