chapitre 44 : où était Rubie ?

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L’inquiétude lui emplie l’esprit à tel point que Rubie ne put penser à rien d’autre toute la journée durant. La leçon de Rose glissa à travers ses oreilles sans qu’elle ne l’entende, pourtant elle comprit aisément qu’il lui était inutile de regretter de ne pas l’avoir écoutée. La peur la poussa première de la foule à peine le tintement de la cloche eut-il retentit. La masse la guida jusqu’à sa chambre.

En rentrant, elle retrouva Salomé endormie. La jeune fille n’avait pas même pris le temps de retirer ses chaussures, ou de soulever les draps sur son corps fatigué, avant que le sommeil ne la rattrape. Elle paraissait si paisible, si calme bercée dans le royaume des rêves, presque imperturbable. Pourtant, le claquement de la porte suffit à la réveiller. Rubie s’excusa aussitôt, mais Salomé ne parut pas contrarier. Une absence de contrariété… qui ne suffit pas à espérer une amitié.

- Je suis désolée que tu ais dû partir.

Rubie devait le dire, pour que ce poids la quitte définitivement, aussi égoïste soit-il.

- Tu es désolée, répéta Salomé à mi-voix. Ça ne fait rien. De toute manière, je n’avais pas envie de rester. Je t’ai dit que vous me donniez la nausée.

Le « vous » lui perça le cœur. Au fond d’elle-même, Rubie espérait sincèrement être différente des filles qui partageait sa classe. Peut-être l’était-elle, au détriment de ce que Salomé pouvait bien en penser.

La conversation était stérile, sa silhouette crasseuse et son odeur insupportable. La salle de bain lui parut un bon point de fuite. Le contact de l’eau chaude, oxymore agréable sur sa peau glacée, réanima chaque cellule de son corps. Cette fois-ci, elle s’endormie sans difficulté.

Quand elle se réveilla le lendemain, Salomé était déjà partie. Sur le pas de la porte elle trouva un petit déjeuner qu’elle engloutie d’une traite. Ces viennoiseries avaient beau être particulièrement délicieuses, elles ne pouvaient rivalisées avec celles du « bienvenue chez-nous ».

Le « bienvenue chez-nous » … Théoxane… Plus les jours passaient, plus sa vie à Avem lui manquait terriblement.

En quelques secondes elle revêtit une robe piochée une nouvelle fois au hasard, puis prit bien le temps d’arranger ses cheveux en un chignon parfaitement serré. Quand elle se regarda dans le miroir, elle ne reconnaissait plus la fille qu’elle était. Elle avait devant elle l’idéale mademoiselle Falcon. Où était Rubie ? Disparue. Noyée. Fondue dans une identité qui n’était pas la sienne. Perspective terrifiante il fallait l’admettre, mais aussi terriblement nécessaire. C’est pourquoi sa tenue demeura inchangée, et elle se dirigea d’un pas morose vers sa salle de classe. La foule, qu’elle attendait pour la guider, ne se montrait pas. Les aiguilles de la pendule avançaient quand neuve heure sonna. Neuve heure… déjà !

La jeune fille comprenait désormais pourquoi le couloir débordait d’absence, elle avait plus d’une heure de retard ! Ses pieds coururent à en perdre la raison à travers l’aile Ouest, essayant instinctivement de retrouver leur chemin. Au bout de dix minutes, vingt peut-être, ils y parvinrent enfin.

- Mademoiselle Falcon ! On ne vous attendait plus.

- Pardonnez-moi madame, je suis sincèrement désolée.

Sincérité mensongère.

- Je n’ai que faire de vos excuses mademoiselle. Vous avez de la chance que ce ne soit que votre deuxième jour. Prenez place avant que je vous renvoie.

Elle s’assis au bureau qu’elle avait occupé hier, où l’attendait une feuille et une plume de calligraphie. Plusieurs mots étaient écrits sur le tableau noir, des mots qu’elle devrait recopier. La moue septique, elle commença.

- J’ai vraiment l’impression de retourner en classe préparatoire, se chuchota-t-elle.

- Je suis totalement d’accord. Quoiqu’en CP, mon écriture devait sans doute être plus agréable à regarder.

Nala. Nala. Nala.

Cette journée s’éclairait enfin.

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