chapitre 54 : les quartiers interdits

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Elles atterrirent dans un endroit différent de tous les autres, qui ne ressemblait en rien à toutes les mondanités de la Capitale. Un endroit sombre, lugubre et noir.

- Où sommes-nous ? demanda Rubie, inquiète de trouver ici un mur qui ne soit pas blanc.

- Dans les quartiers interdits, répondit Salomé, fermés à la visite depuis des années. Heureusement pour nous, ce sont aussi les seuls quartiers que le Conseil ne contrôle pas. Les seuls où l’on vit encore.

Pourtant ils n’avaient rien de vivant, au contraire, ils puaient la mort.

- J’ai peur, susurra Nala à l’oreille de son amie.

Rubie saisit sa main.

- Moi aussi.

Et elles commencèrent à avancer.

Salomé les entraina dans la entrailles d’un bâtiment endormi, sa façade semblait continuellement abandonnée au nocturne. Nala resserra l’emprise qu’elle avait sur la main de Rubie, craignant, à chacun de ses pas, d’être englouti par un monstre émergeant de la pénombre.

Soudain, une lumière bleue leur arracha les yeux. Alors que leur vision ne s’était pas encore rétablie, un intense rayon rouge les pénétra encore. Puis un blanc, un jaune, un violet, inlassablement.

Aveuglée, les sens de Rubie s’affutèrent et elle sentit monter en elle l’odeur sucrée des popcorns et de la barbe à papa, la musique hystérique d’une piste de danse, la frénésie de l’alcool brulant, les cris de joies, l’amusement. Des images se formèrent dans son esprit, des images qu’elle n’osait plus rêver. Quand elle décolla ses paupières, ce qu’elle avait imaginé se matérialisa devant elle. C’était un rêve, simplement un rêve.

- Bienvenue au « Minuit » ! s’exclama Salomé. Cinéma, bar, casino ou encore fête foraine, ici tout est possible ! Cet endroit est spécialement inspiré du Continent, tout ce que vous faisiez là-bas, vous pouvez le faire en ces murs.

Rubie songea un instant à sa vie d’avant, doutant que l’on puisse retrouver dans cet endroit la chaleur enivrante des fêtes Vautours, ou la douceur des bras de Théoxane.

Ici, Salomé avait ses marques. Elle connaissait tout le monde, saluait quiconque croisait son chemin. Elle était chez-elle, bien plus qu’au palais de cristal ou nulle part ailleurs. Le « Minuit », c’était sa maison. Puis, alors qu’elles marchaient, elle interpella un homme qui faisait la queue à un stand de tir.

- Sam ! Comment tu vas ?

- Salomé ! Très bien, et toi ?

Il jeta un léger coup d’œil aux deux porteuses, pétrifiées, qui ne savaient où se mettre.

- Je vois que tu t’es fait des amies.

- Je te présente Elya et Nala, des protectrices que j’ai rencontré au Palais de Cristal.

A l’évidence, ce jeune homme était un « ami » assez intime pour connaitre les détails de sa condition.

- Par hasard, tu ne voudrais pas emmener Elya faire un petit tour pendant que je montre à Nala la magnificence des quartiers interdits ?

- Attends, quoi !

Le cœur de Rubie s’arrêta un instant. Pour qui se prenait-elle ? Salomé n’allait tout de même pas l’abandonner à cet inconnu comme un animal domestique ! Folle de rage, elle lui attrapa le bras et l’entraina dans la pénombre.

- Tu n’imagines pas sérieusement me laisser ici !

- Bien sûr que si ! Nala a besoin de connaitre toute la Capitale si elle veut t’être utile en tant qu’espionne. Elle doit savoir où acheter quel vêtement pour qu’elle occasion, où demeure tel personnalité, tel adepte du Conseil et à quelle heure, quand les gardes font leurs rondes, quel toit est praticable et comment y monter. Je dois lui apprendre à se débrouiller ici de façon assez discrète pour que personne ne la remarque.

- Et alors, je peux venir avec vous !

- Non. Nala peut savoir tout ça ; mais pas toi.

- Pourquoi ?

- Parce que si tu ne sais pas survivre ici toute seule, tu n’auras jamais l’idée d’y revenir sans moi. De toute façon, ça ne servirait à rien, Marcus à l’ordre de ne pas te laisser passer.

Le visage du passeur s’imprima dans son esprit, et ses dernières phrases aussi. Des services, c’était ainsi qu’il se payait. Une monnaie floue, mystérieuse, dangereuse.

- Et je peux savoir quel service tu as dû lui rendre pour qu’il accepte ça ? questionna Rubie. Ou quel service devra lui rendre Nala pour qu’il la face traverser ?

- Nala ne devra rien à Marcus. Il m’est déjà bien assez redevable.

- Pourquoi ? Qu’est-ce que tu as fait ?

- Des choses.

- Quel genre de choses ?

- Des choses Rubie. Des choses qui ne te regarde pas. Maintenant, pour l’amour du ciel, reste avec Sam et ne fait pas d’histoire. Il est très gentil, tu verras.

Puis elle la ramena à la lumière, où Sam et Nala les attendaient.

- Je crois que ton amie n’a pas vraiment envie de passer la soirée avec moi, fit remarquer le jeune homme.

Son sourire teinté d’arrogance le rendait charmant, le genre de charme que Rubie appréciait. Elle l’appréciait, mais pas chez lui.

- Au contraire, elle en a très envie. Pas vrai Elya ?

Rubie acquiesça d’un léger signe de la tête. Mentir lui devenait aisé.

- Parfait ! Puisque tout est réglé, je vous souhaite de bien vous amuser tous les deux.

Nala lui adressa un dernier sourire avant de disparaitre.

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