chapitre 70 : tout lui dire, ou bien se taire

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Tandis qu’elle se préparait, écrasée par la fatigue, Rubie fut surprise par Nala qui pénétra telle une furie dans sa chambre.

- Il faut que tu me couvre ! s’exclama-t-elle. J’ai reçu un message de la lionne, je dois la retrouver ce matin et donc rater le cours de danse. Rose ne doit se douter de rien, compris ?

Rubie acquiesça et Nala disparu comme si elle n’était jamais entrée. L’envie de lui courir après et de l’assaillir de questions lui traversa l’esprit mais elle n’en fit rien. Au fond d’elle-même, elle savait qu’elle avait tout intérêt à laisser ses interrogations au fond de ses pensées.

C’est de nouveau seul que la jeune fille se rendit au théâtre. Même si elle redoutait de devoir danser avec le cavalier de son amie, elle espérait encore moins y croiser Marco. Devrait-elle lui parler de ce qu’elle avait vu la veille, ou bien se taire et tout garder pour elle ? Cette idée se tourna et se retourna dans sa tête, réhaussant la migraine qu’elle supportait déjà. Puis elle s’arrêta, bloquer par l’espoir de ne pas le voir aujourd’hui. Quand elle poussa la porte, il fut le premier qu’elle entrevit.

- Mademoiselle Falcon, votre amie est toujours absente je présume.

- Vous présumez bien, mademoiselle Rose, dit-elle tout en s’approchant de Marco.

La question revenait en boucle. Parler ? Ne pas parler ? Tout lui dire, ou bien se taire ?

- Elya !

Il l’avait remarqué avant qu’elle ne trouve sa réponse, la forçant à improviser.

- Comment vas ta cheville ?

- La mienne, très bien, grâce à toi. Mais j’ai appris que tu te l’étais foulée aussi ?

- Tu t’inquiètes pour moi ? Wow, tu m’en vois ravis. Mais rassure-toi, ce n’était rien. J’ai voulu t’imiter, voilà tout. Il faut dire qu’une fille comme toi, qui n’aurait pas eu envie de prendre exemple sur elle ?

- Dis-moi, Marco, il y en a combien d’autre à qui tu sers ce discourt foireux ?

- Plus que tu ne pourrais l’imaginer. Pourquoi, tu es jalouse ?

Son teint rougit sans qu’elle ne le contrôle, sa bouche devint pâteuse comme celle d’une enfant et elle se mit à balbutier.

- Pas le moins du monde, je… J’ai seulement entendu des rumeurs et je… Je t’ai vu, hier soir, avec le passeur.

Ça y est, elle s’était lancée, impossible désormais de revenir en arrière.

Le jeune homme l’attrapa par le bras et l’entraina dans un coin du théâtre. Sans relâcher son étreinte, il la plaqua contre le mur et colla sa bouche si proche de ses lèvres qu’elle crut un instant qu’il allait l’embrasser.

- Je ne sais pas ce que tu as vu ou entendu, mais rien de tout ce que tu imagines n’est fondé. Oublie ce qu’il sait passer hier soir, et surtout n’en parle à personne.

Il avait dit cela avec la dureté qu’impose la peur. Il tremblait, ce qui retira de son regard sombre toute la terreur qu’il voulait y faire entrer. Puis il relâcha son emprise, et Rubie glissa sur la paroi de pierre blanche jusqu’à s’écraser sur le sol. Elle le fixait d’en bas tandis qu’il tentait tant bien que mal de reprendre son souffle.

- S’il te plait, murmura-t-il simplement.

Alors c’était lui, c’était bel et bien lui. Non, elle ne pouvait s’y résoudre. Tout ce dont elle était sûr, au fond, c’est qu’il était sorti de l’aile Ouest pour une raison qu’il ne pouvait pas avouer. Une fille sans doute, une fille qui pouvait très bien avoir son âge et porter un tout autre nom que celui de Shenren. Ce n’est qu’une simple fille, pas une déesse, elle devait s’en convaincre.

Sortir avec une jeune fille quand on est promis à une porteuse de sphère pouvait s’avérer un crime passible de mort, comme bien d’autres à la Capitale. Marco avait toutes les raisons du monde de demeurer discret, Rubie ne pouvait le blâmer d’être tomber amoureux. Ce jeu de séduction qu’il menait avec elle, appuyé depuis son retour, n’était donc qu’un leurre pour assurer sa place au sein de la compétition et être certain de protéger son secret. Elle aurait dû le savoir. Au fond, elle le savait, et elle en souffrait.

Rubie se releva. Elle n’était pas bien grande mais sa hauteur lui suffit à gagner en supériorité.

- Maintenant il n’y a plus qu’au passeur que tu dois un service, dit-elle avant de s’en aller.

Marco la regarda partir, sans rien dire, sans rien faire. Il était à la fois soulagé et impressionné. Elle ne le trahirait pas. Même s’il ne la connaissait pas, il savait que Rubie n’avait qu’une parole.

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