Tempête sous l'ossature
Tempête sous l’ossature
— Hōru Arekusandà
Il n’y avait pas de vent, dehors.
Mais en lui, les arbres ployaient.
Un ciel bas s’accrochait à ses côtes.
Chaque pensée faisait pression, comme un nuage prêt à rompre.
Ses gestes étaient lourds, comme s’ils pataugeaient dans un sol détrempé.
Même ses silences semblaient ruisseler.
Il marchait sans but, mais chaque pas éclaboussait un souvenir.
On aurait dit qu’une bruine constante suintait sous sa peau.
Pas assez forte pour laver,
juste assez pour tremper tout ce qui avait encore de la chaleur.
Il avait cessé de lutter contre la grisaille.
À l’intérieur, il n’y avait plus d’horizon.
Seulement un champ détrempé,
où même les corbeaux cherchaient une sortie.
Puis, au détour d’un souffle,
le ciel s’est éclairci —
pas dehors, non,
mais dans un repli minuscule de lui-même.
Un endroit encore sec.
Peut-être la mémoire d’un rire,
ou le vestige d’un mot qu’on lui avait dit, longtemps avant que tout se gâte.
Un éclair — non de foudre —
mais de clarté.
Alors les nuages n’ont pas disparu.
Ils ont reculé.
Un à un.
Et entre leurs masses lourdes,
il a aperçu une trouée.
Fine. Fragile. Bleutée.
Ce n’était pas encore le beau temps.
Mais le vent tournait.
Et c’était déjà ça :
le début d’un changement d’air.
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