Le conteur
Cela faisait des semaines, qu’il était seul dans son petit appartement lugubre sous les toits de Paris. Il n’ouvrait plus les volets, de peur que la lumière en un instant vienne le consumer. Dans cette petite chambre de bonne d’à peine vingt mètres carrés, il n’espérait plus rien, si ce n’est peut-être que la grande faucheuse vienne enfin le libérer de toutes les souffrances que la vie lui infligeait jour après jour. Il y avait bien longtemps que plus personne ne prenait la peine de s’inquiéter de lui, et finalement c’était tout aussi bien, toute cette bande de petits hypocrites avait profité de sa gentillesse pour lui pomper le peu d’énergie qui lui restait.
Des amis pour qui ? Pour lui ? Il n’avait pas besoin d’être entourés de gens suffisants qui ne le percevaient plus que comme pour ce pauvre bougre sans intérêt. Sa santé de plus en plus précaire, le maintenait dans cette prison où lui-même ne souhaitait plus s’échapper. Les murs ,peu à peu, se resserraient sur lui, l’étouffant et pourtant, quelque part, c’était le seul endroit où il se sentait bien, en sécurité. Les jours se ressemblaient tous, les nuits devenaient ses cauchemars, il ne savait même plus les différencier. La souffrance le traversait de part en part. Pourtant seul dans le noir, un faible espoir encore dans son esprit. Vouloir croire que tout ne se finirait pas ainsi.
Vers minuit, comme depuis plusieurs semaines déjà, il installait son ordinateur sur ses genoux, et commençait à laisser glisser ses doigts sur le clavier, à la recherche d’un je ne sais quoi qui pourrait le soulager. Alors ses pensées fusaient, tapotant sur les touches des lettres désordonnées et le moteur de recherche tout à coup s’ouvrit sur une image magnifique qui dessina une étincelle dans ses yeux. Les battements de son cœur s’accélèrent, des frissons parcourent son corps, cela faisait tellement de temps qu’il n’avait pas ressenti ça. Une onde de plaisir glissait sur lui, ses doits tremblaient légèrement.
Alors il fit son introspection, toutes ses émotions qu’il avait enfouies en lui remontaient peu à peu à la surface. Ce qu’il découvrait au fil de cette lecture, lui permettait de respirer un peu plus à présent. Ce qu’on décrivait comme une créature magique, appelé Caladrius. Elle était dotée d’une tête d’aigle, d’un long cou, parée d’un magnifique plumage d’un blanc immaculé. Cet oiseau plutôt solitaire et raffiné était considéré comme un oiseau nocturne nichant dans les rochers. Il était fasciné par les différentes représentations qu’il en trouvait au fil de ses interminables recherches. Un nouveau but dans sa vie, découvrir si cet animal n’était que le fruit de son imagination, un simple mythe. Enfin il voulait croire que peut-être il trouverait là son salut.
Les semaines qui suivirent, furent tout à coup différentes, il ouvrit peu à peu les volets, le matin laissait ainsi les rayons du soleil baigner sa petite chambre. Il commença à se mouvoir, même si les piques qu’il ressentaient à chaque mouvement, le malmenaient. Son seul objectif était d’avoir enfin le courage de sortir pour découvrir le monde différemment et surtout trouver sur sa route cet échassier. Il continuait avidement ses investigations, il se renseigna aux quatre coins de la planète. Il remettait les pièces du puzzle dans le bon espace. Il avait perdu la notion du temps, avant tout parce qu’à nouveau il prenait du plaisir à faire des choses. Cette quête était sienne et elle en était d’autant plus belle.
Puis vint le temps de faire le grand saut, sortir, utiliser l’énergie nécessaire pour aller jusqu’à cette rivière où il pourrait qui sait trouver cette Bergeronnette grise qui avait inspiré la légende au Moyen-Âge. Les marques sur sa face dessinaient un crâne, et c’est ainsi que les peuples impressionnés la décrivaient pour la rendre mystérieuse et un peu plus irréelle. Il avança lentement, ne pouvant pas non plus faire d’exploit, bien que celui d’être simplement là en était un, à n’en pas douter. Il entendait son chant, il était si doux à ses oreilles. Il s’installa sur un rocher, attendant, guettant le moindre indice. Au plus profond de lui, il savait qu’il ne tarderait pas. Le soleil chauffait sa peau devenue si blanche par des mois passés, enfermé dans sa chambre.
Les heures s’écoulèrent, rien, si ce n’était cette douce mélodie qui le berçait, tant et si bien qu’il s’endormit, allongé dans l’herbe. Il ressemblait à un ange, à qui on venait d’offrir des ailes pour enfin le libérer. La nuit était tombée quand il se réveilla, la lune baignait la rivière d’une lumière argentée. Quand il ouvrit les yeux, il se tenait là à côté de lui fier et beau. L’animal somptueux le fixait de ses yeux émeraudes avec une douceur qu’il n’avait jamais perçu dans le regard d’un homme. Il ne bougeait pas, il se contentait de le fixer, et tout à coup, il sentit qu’on le libérait du poids qui depuis tant d’année lui pesait. L’oiseau venait d’aspirer en lui ce que la vie lui avait infligé depuis trop longtemps. Puis le volatile s’envola vers cette lune, sur laquelle il viendrait déposer la maladie qui le rongeait. Il se releva pour observer son vol silencieux et majestueux vers l’astre de la nuit.
Depuis ce jour, il revient au bord de cette rivière pour le remercier mille fois de l’avoir sauver de sa pauvre existence miséreuse. Il s’assoit, l’ordinateur sur ses genoux et il laisse ses doigts déverser des vers emplis de poésie qui guident depuis sa vie. Il n’est plus ce pauvre bougre dont personne ignore l’existence, il est devenu Caladrius le conteur de bonheur.
Attrape rêve
Défi une histoire pour une créature -Caladruis Drak_D
Toutes les deux semaines, je vais tenter de vous proposer une créature, de préférence peu connue, et vous défier d'écrire à son sujet. Cette fois-ci, c’est le Caladrius qui est mis à l'honneur.
Oiseau blanc prétendument à tête d’aigle et queue de serpent, avoisinant la taille d’un héron ou d’un corbeau, le Caladrius est une créature du folklore européen du moyen-âge.
Pour ses particularités, il était lié à la guérison des malades, même incurables. Ainsi, il se posait auprès du lit des patients, et s’il détournait la tête, ceux-ci étaient condamnés, mais s’il les regardait dans les yeux, il prenait leur mal et allait s’en débarrasser dans le soleil !
Seriez-vous capable d'écrire un texte où apparaît un Caladrius ?
(Je précise que la description que je donne est juste une base pour votre réflexion. J'encourage tout le monde à s’approprier la créature, afin d’écrire sa propre version/interprétation !)
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