La quête
Il n'avait plus de temps à perdre, il ne lui restait plus qu'un mois pour prendre la bonne décision, celle qui changerait sa vie. Il n'avait plus que ça en tête, depuis une semaine ses nuits étaient remplies de cauchemars insensés. Il se réveillait en sueur, marathonien dans ses draps froissés. Puis la fatigue le gagnait et à nouveau il se rendormait. Aussitôt les yeux clos, son corps se relâchait pour se fondre dans son matelas si moelleux épousant ses formes avec douceur. Une heure seulement après avoir sombré à nouveau dans les bras de Morphée cette même silhouette envahissait l'espace, et des frissons tapissaient tout son être. Assis sur son lit, les yeux dans le vague, retrouver les murs bleus de sa chambre le rassurait. Il s'allongeait et ainsi était le cercle infernal de ses nuits depuis sept jours.
Pourquoi lutter contre cette vérité, il était amoureux fou de ce bel étranger qu'il avait croisé l'été dernier. Il s'en souvenait comme si c'était hier. Il l'avait vu qu'un instant éphémère et pourtant il pourrait dessiner très précisément chacune de ses courbes. Et surtout ses yeux vert émeraude l'obsedaient. Ils n'avaient échangé aucun mot, son seul souvenir, lui avoir frôlé sa main alors que la foule du carnaval, les avait poussés l'un vers l'autre. Quand il s'était retourné, il avait disparu, un fantôme dans cette nuit étoilée.
Avec patience et après de nombreuses recherches, il avait étudié des milliers de photos, consulté les pages internet, et les différents réseaux sociaux, et un soir alors qu'il était prêt à tout en envoyé balader, une silhouette de dos l'avait interpellé. Sur l'écran il avait posé le calque qu'il avait esquissé, celui-ci se collait de façon si réel. Était-ce possible ? Si seulement cela pouvait être lui ! Reconnaissant son costume de justicier masqué, il reprit ses investigations avec ce tout nouvel indice. Il passait toutes ses pauses en espérant que tout ceci n'était pas un caprice. Et si son coeur était déjà prit ? S'il était marié avec des enfants ? Est-ce que la femme qui se tenait à côté de lui, le tenant par le bras était la sienne ?
Il s'interdisait de penser que c'était impossible, ce qu'il voulait avant tout s'était d'aller au bout de son processus. Il ne voulait fermer aucune porte, juste se laisser guider par son intuition. Une fois que l'ombre s'était matérialisée en une entité réelle sur l'écran de son ordinateur, il débuta une nouvelle enquête. Il le regardait encore et encore, les sensations provoquées ce soir là se demultipliaient, cela picotait dans son corps, et ses poils légèrement s'irissaient. Pourquoi refrenner cette pulsion, qui dans son slip se faisait bien réelle ?
Sa famille l'ignorait, il n'appréciait guère l'orientation sexuelle qu'il avait osé avouer pour la première fois quand il souffla ses dix huits bougies. Et au même moment sans aucun regret, il avait claqué la porte sans se retourner. Il se sentit libre de pouvoir vivre pleinement l'amour qu'on lui interdisait d'exprimer. Ses rares amis qui le soutenaient, pensaient parfois qu'il était peut-être tout simplement en train de se bercer d'illusions. Enfin aucun ne voulaient l'empêcher de poursuivre cette quête. Ils étaient présents quand il avait failli tout envoyer balader. Ils étaient venus le soutenir, l'aidant à leur façon sans le juger. Il appréciait ce geste nécessaire.
Son sac à dos était prêt, il y avait mis l'essentiel, le billet d'avion pour Rio était rangé dans son portefeuille à côté de la photo qu'il avait réussie à obtenir avec quelques subterfuges bien trouvés, prétextant qu'il avait été adopté et qu'il cherchait son frère qui lui était resté au Brésil. Ils étaient bien crédules tous ses sites, comment pouvait-on penser qu'ils avaient les mêmes parents. Lui était blanc comme neige, blond avec de grands yeux bleus, son bel inconnu avait la peau couleur miel, des yeux émeraude et des cheveux de jais.
Juste avant le décollage, il fit l'inventaire de ce que sa vie avait été jusqu'à présent. Il venait d'avoir trente ans, il n'avait plus aucun contact avec ses parents et ça lui importait peu. Il vivait tout seul dans un vingt mètres carrés sous les toits de Paris, il aurait voulu un chien, le syndic, lui avait interdit. Alors un chat il avait proposé et là c'était une allergie soudaine qui l'en empêcha. Du coup son amour de Gribouille, il avait dû l'offrir à sa gentille voisine de palier, une mamie qui vivait seule et qui fut ravie d'une telle marque d'affectation. Depuis ce jour, en retour tous les jeudis, elle l'invitait à manger. Ils avaient surtout deux potes, qui auraient voulu l'accompagner, s'inquiétaient de le laisser partir seul. Pour le carnaval, ils avaient été avec lui la dernière fois, là ils avaient l'impression de l'abandonner, tout en étant heureux pour lui.
Et pour son boulot, il avait pris un congé sans solde de trois mois, qu'on lui avait accordé pour ses bons et loyaux services depuis dix ans déjà. Il avait été embauché par cette entreprise, quant il avait eu besoin d'une alternance pour son BTS. Il était devenu cet ingénieur dont ils ne pouvaient pas se passer.
Il monta dans l'avion, dès que le Boeing s'arracha du sol, son coeur se sentit tout à coup si léger, le verre de champagne que lui offrit cette amour d'hôtesse l'aida tout autant, le privilège de la première classe où l'on ne s'interdisait rien. Il mit ses lunettes, ouvrit son ordinateur et commença à relire toutes les notes qu'ils avaient en sa possession pour ne pas perdre de temps. Il avait réussi à obtenir une adresse où il bossait encore la semaine passée. Les battements de son coeur accélérerent, pourquoi cet homme le mettait-il dans cet état ?
À l'atterrissage, les pieds ancrés au sol, une drôle de sensation le traversa, tout à coup il se mit à douter. Pure folie ? Non pourquoi juste la magie de l'amour, enfin si elle était partagée ? Et si cet amour lui était finalement interdit ?Une petite brunette l'attendait tout sourire, une collègue avec qui il avait sympathisée depuis un mois. Il lui avait racontée son histoire qui l'avait charmé et depuis elle lui avait assuré une aide non négligeable. À partir de ce moment là, plus question de faire marche arrière, allez de l'avant, il voulait être fixé.
Sur la route, elle lui raconta les dernières informations qu'elle avait glanées. Elle avait une bonne nouvelle, elle avait trouvé l'adresse du restaurant dans lequel il bossait à présent. Il n'avait pas eu le choix, le dernier où il avait été serveur, avait mis la clé sous la porte. Elle y était allée manger un soir avec son chéri, et il les avait servi avec beaucoup de gentillesse. Par contre, elle n'avait pas réussi à en savoir plus. Elle lui avoua qu'elle avait convaincu son amour d'attendre qu'il finisse son service pour le suivre discrètement, lui faisant prendre un sens interdit, parce que lui était en vélo, et pouvait se le permettre.
Chacune des révélations faisait accélérer les battements de son coeur, il sentait ses mains devenir moites comme à chaque fois qu'il doutait de lui. Il avait avec le temps appris à faire avec. Là à cet instant il ne contrôlait plus rien. La voiture s'arrêta dans la ruelle. Elle lui precisa avant qu'il ne descende qu'une femme avec un enfant lui avait ouvert quand le serveur était arrivé devant la petite maison. À cette annonce, il hésita, sa main semblait lutter avec la poignée. Et finalement, il se lança.
Il poussa la porte du petit restaurant joliment décoré de tant de couleurs et de meubles en bois. Ce soir, il était presque plein. Une serveuse se présenta et le guida jusqu'à une petite table qui se trouvait sur la terrasse. Ce lieu était si romantique, il s'installa dos à la salle. L'odeur qui titillait ses papilles le firent tout à coup saliver, il n'avait rien mangé depuis qu'il était arrivé. Ainsi installé comment pourrait-il seulement le voir ? Et tout à coup cette question n'eut plus aucun sens. Une voix emplit de sensualité le sortie de sa rêverie, en lui demandant ce qu'il désirait commander.
Alors il se retourna, il était là. Il le dévora du regard, savourant ses courbes dont il était tombée amoureux. Pourtant il s'interdit de regarder ses yeux, sentant son sexe être à l'étroit dans son pantalon. Il plongea dans son menu, et passa sa commande en bafouillant dans un portugais inaudible. Sentant qu'il était en difficulté, le serveur lui parla en anglais. Ce qui eut pour effet de briser la gène qu'il éprouvait. Une fois la commande prise, il disparut à nouveau comme la première fois. Il posa ses mains sur la table, n'osant plus bouger. Que devait-il faire à présent ? Le repas se poursuivit, et cette fois ce fut la serveuse qui lui apporta sa feijoada qu'il avala sans hésiter. Pour terminer en dessert il commanda un quindim, il adorait la noix de coco. Il demanda à la jeune femme, avec une assurance retrouvée, le prénom du serveur qui avait pris sa commande. Avec un grand sourire, elle le lui donna sans hésiter. Cela avait été bien trop facile, ce qui l'amusa. Et quelle ne fut pas sa surprise quand il se présenta avec l'addition dans une coupelle, lui précisant qu'il pouvait laisser le tout sur la table, il reviendrait le chercher.
Alors il prit son stylo, un petit papier, griffonna un mot et nota son numéro de portable, il glissa le tout dans une enveloppe. Et il sortit.
Attrape rêve
Défi :Deux mots différents - Amour/Interdit de LaBarbe
Bonjour,
Je vous propose deux mots. A vous d'en faire quelque chose.
Les mots sont dans l'ordre alphabétique (sauf erreur de ma part) de manière à ne pas vous induire un sujet particulié. Je pose simplement les mots là, sans arrières pensées. A vous d'en faire ce que vous voulez. Chacun vois midi à sa porte.
Je demande un temps de lecture de 5min minimum.
Les mots:
Amour
Interdit
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