Qu'est-ce que la SORORITÉ ? [poésie en prose]
J'aimerais rendre hommage aux FÉMINISTES
de toutes les époques et de tous les lieux,
car ce sont elles qui m'ont donné la NIAQUE !
Et c'est cela-même qui manque aux filles
qu'on élève dans la douceur,
pour les rendre douceureuses,
doucement heureuses, souriantes MAIS PAS TROP !
Qu'elles sachent plaire à l'homme suffira bien
et qu'elles réussissent à le garder le pauvre.
Il faudrait pas qu'ellent veuillent JOUIR !
Jouir de son intelligence ?
Jouir de sa liberté ?
Jouir de ses atouts ?
Jouir de ses potentiels ?
Si c'était possible, cela chamboulerait la société,
cela mettrait à mal l'ordre multiséculaire,
creuserait des déficits,
insufflerait un vent nouveau,
déstabiliserait la confiance masculine,
brouillerait les jeux de relations tacites.
"Mais ne vous inquiétez pas cher ami.
Tout cela n'existe pas, ou très peu, nous y veillons ! "
DIT LE PATRIARCAT dans sa suffisance autocentrée !
Qu'elle se contente d'un travail simple
pour assurer le confort de sa famille
mais qu'elle ne se mette pas en tête
d'embrasser une carrière !
J'aimerais rendre hommage aux SUFFRAGETTES,
dont faisait partie mon arrière-grand-maman.
Une migrante arrivée en France pieds-nus,
mais qui sut, tout en étant servante
dans la bonne société anglaise
d'une région de haute villégiature,
s'ouvrir aux idées progressistes
pendant qu'elle pensait les plaies,
épongeait les fronts des poilus,
arrivés par le dernier train à la grande station
des chemins de fer à vapeur.
Et d'un si maigre salaire pour nourrir
ses enfants, elle nourrit de grandes idées
pour conquérir le temps avec ses amies
et ce vent nouveau que permettait la GRANDE BOUCHERIE.
J'aimerais rendre hommage aux GARCONNES,
qui depuis si longtemps se paraient
de noms ou d'atours d'hommes
pour avoir le droit de s'assoir
dans une carrière réservée,
dans un café enfumé,
dans une aventure délibérée,
sans être courtisée ou
considérée comme une prostituée.
De décennies en décennies, elles furent les premières
aviatrices, avocates, écrivaines,
aventurières, couturières, universitaires,
doctoresses, chercheuses, découvreuses,
toutes des pionnières !
J'aimerais rendre hommage aux SOIXANTHUITARDES,
qui ont tant fait et même si ce n'est pas elles
qui ont raccourcis les jupes, elles les ont porté,
même si ce n'est pas elles qui ont voté la loi autorisant
l'avortement, elles l'ont défendu,
même si ce n'est pas elles qui ont autorisé la pillule,
elles en ont prouvé la nécessité,
mais surtout, elles ont fait exister des réseaux
solidaires de diffusion de l'information,
et de l'ouverture à l'apprentissage des limites.
J'aimerais rendre hommage aux NEO-FÉMINISTES
qui dénoncent, parlent, partagent, écoutent
et croient en la parole de leurs sœurs souffrantes,
abusées, rabaissées, violentées,
des mots, des gestes, du sexe,
transformés en armes par destination.
Elles qui font un pas de plus dans l'éveil
des consciences ensorcelées.
Chacun de leurs mots m'ont aidé à tenir
contre les exagérations masculines
comme UNE MAIN dans le dos qui soutien,
comme UNE VOIX qui chuchotte du réconfort,
comme UN SOURIRE qui donne de l'élan,
comme UN REGARD entendu qui vous dit
que vous êtes plus forte qu'on veut vous le faire croire !!!
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