Retour en enfer

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 M’y voici à nouveau. Je suis encore entourée de ces démons. Non, ils n’ont pas la peau rougeâtre, ils n’ont pas non plus de trident à la main. Ils n’ont pas de queue fourchue ni de dents pointues. Ces démons sont humains mais ne le sont pas à la fois, c’est assez étrange… Ce qui fait peur chez eux n’est ni leur physique ni le châtiment qu’ils infligent aux gens qui ont commis des péchés. Ces démons-là jouent sur le moral de ceux qui les entourent…

 Ils ne sont pas du tout les suivants de Lucifer. Cet ange déchu est tout ce qu’il y a de plus remarquable… Beau, charmeur et l’esprit vif. Calculateur, manipulateur mais pourtant si attentionné. Ce qu’il faut avec lui, c’est tout simplement trouver la grande faille de son pacte mortel liant notre âme à son appétit cruel. Mais ça, c’est une autre histoire.

 Cet enfer est froid, sévère et sans vergogne. Au début, on se dit que c’est un endroit assez « sympa » si on oublie le fait que nous sommes ici pour apprendre la vie. Malheureusement, il arrive que certains êtres soient amenés à l’apprendre autrement… Nous sommes tous au même niveau, enfermés dans de grandes salles, le maître des lieux en face de nous, récitant ce qu’on lui a dit comme s’il nous récitait une poésie, condamnés à écrire ce qu’il nous dit sans forcément comprendre ni réutiliser ce savoir un jour. Mais malgré tout, une fois dehors, nous ne sommes plus traités pareil…

 Les démons font leur loi. Ceux qui veulent être gentils et attentionnés se font presque écraser sous le poids du pois-chiche leur servant de cervelle. Ils ne veulent que le mal, ils en sont l’incarnation pure et dure. Je n’avais rien demandé, j’étais tranquille dans mon coin jusqu’à ce qu’on vienne me parler pour me dire « Hé. Tu sais que t’es moche ? ». À ce moment, ce fut la fin. Tous se mirent à rire. Ils se moquaient de moi. Je ne faisais pas attention à mon physique comme toutes ces pimbêches. Le maquillage n’était pas primordial. Il est vrai que je n’allais pas vivre grâce à ça - bien que les études ne se montrent pas toujours très utiles - mais grâce à mes diplômes.

 Depuis le début de ce texte, je fuis pour ne pas raconter la suite. Mais après cela, après cette réflexion et ces rires moqueurs de la part de tous, ils ont commencé à tous se moquer de mon physique, à croire qu’ils n’avaient que ça à faire. Comme cela ne me faisait plus rien, ils ont décidé d’inventer des choses sur moi. Ils m’ont alors dit que je puais et à m’insulter de tous les noms…

 Je n’ai reçu aucune violence physique mais « seulement » morale. Malheureusement pour moi, j’ai reçu la pire violence qui soit… La violence physique laisse des traces éphémères sur le corps de la victime. La violence morale laisse des séquelles qui resteront à vie dans le cerveau et le cœur de la victime. Pour preuve, cinq ans après j’ai encore du mal à me trouver jolie. À 20 ans, je n’arrive pas à m’épanouir physiquement et à me trouver jolie ou belle ou même de la taille et d’un poids normal. On m’a dit que j’étais grosse pendant presque 4 ans, on m’a dit que j’étais moche pendant presque 5 ans. Je n’arrive pas à m’accepter.

 Dans cet enfer, avec toute la violence morale que j’ai reçu de ces démons, j’ai fait ma première dépression nerveuse à 15 ans. Oui, c’est jeune vous me direz. Mais depuis, je suis très sujette à cela. Mes sentiments m’emportent très facilement et si je m’énerve, je peux perdre le contrôle de moi-même. La tristesse me fait faire des erreurs, le désespoir une dépression et la colère des victimes sur le plan physique tandis que la haine c’est sur le plan moral.

 Cet enfer qui a chamboulé toute ma vie, autant dans le présent du temps où je vivais ce harcèlement constant, que dans le futur que je vis à présent s’appelle : le collège.

 Tout cela pour dire que le harcèlement détruit des vies. J’ai eu de la chance d’avoir une famille qui m’aimait et des amis qui me soutenaient pendant cette dure période. Sinon, j’aurais sans doute mis fin à mes jours prématurément. Mais surtout, ne faites jamais cette erreur fatale ! On ne vit qu’une fois. Même si nous traversons des périodes difficiles dont on pense ne jamais pouvoir sortir, il y a toujours quelque chose ou, plus généralement, quelqu’un qui réussira à nous sortir de là et à nous aider. Une main tendue peut tout faire basculer à nouveau.

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