réflexions ordinaires d'une personne ordinaire

de Image de profil de giulia melandrigiulia melandri

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On est tous le regret de quelqu’un. Il y aura toujours quelqu’un qui gardera un souvenir amer de nous, sans pour autant qu’il y ait de colère ou de haine : une histoire écourtée, une amitié trop brève, ou même une déception parentale.

Même si on ne le sait pas, il y a des jours où quelqu’un pense à nous, et nous n’avons aucun contrôle sur ses pensées. Ce n’est en aucun cas mauvais, car si cela ne nous arrive pas, cela voudra dire que nous sommes définitivement seuls.

Et cette solitude, tout le monde la redoute, comme la honte ultime. Qui n’a jamais craint de manger seul à la cantine, ou d’être le seul non-invité à un événement où tout le monde se retrouve ? Personne ne se le souhaite, ni ne le souhaite aux autres — sauf si l’on est réellement quelqu’un de mauvais.

C’est pour ça que l’on parle inlassablement aux autres, dans l’espoir de créer des liens qui, un jour, pourraient devenir sincères… ou peut-être pas. Mais l’important, ce sera toujours d’essayer. Et pourtant, on finit tous par regretter, ne serait-ce qu’un instant, cette rencontre.

Eh oui, tout le monde est charmant quand on lui parle une fois. Mais nous ne sommes jamais vraiment prêts à accepter les défauts des autres, car ils ne sont, au fond, que le reflet des nôtres.

Combien de fois avons-nous reconnu, chez les autres, les vices que nous avons tant de mal à enfouir au plus profond de nous-mêmes ? On en vient même à leur en vouloir, ou à les culpabiliser, simplement parce qu’ils ne font aucun effort pour les cacher — comme si l’on voulait les modeler à l’image que l’on se fait d’eux.

Peut-être les jalousons-nous. Peut-être ont-ils réussi là où nous avons échoué. Là où nous n’avons pas eu le courage de nous assumer, de dire : « Oui, je suis comme ça, et alors ? »

Je suis comme ça : je promeus le féminisme sans avouer à personne que je me sens parfois phallocrate. Et quand j’en vois un s’approcher, je crie au scandale, comme si son existence même était interdite. Je le fais se sentir comme une erreur de la nature, comme un déchet de l’humanité, pour ne pas avouer au monde — ou plutôt à moi-même — que nous sommes tous pareils.

Si un jour vous me voyez dénigrer quelqu’un en public, sachez que je ne suis qu’une pâle copie de cette même personne. Sachez que la raison pour laquelle je le blâme est aussi l’un de mes plus lourds secrets. Et sachez aussi que si vous m’en faites la remarque, je nierai tout en bloc. Enfin, sachez que si je vous parais hypocrite, c’est bel et bien parce que je le suis.

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