Chapitre 26

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Aédan

Une fois debout, je prends un cachet pour mes maux de tête et mon petit déjeuner. Un bol de café fait l’affaire pour cette matinée bien entamée. Je me dirige vers la salle principale dans l'espoir d'y croiser Suzie mais celle-ci s’étant réveillée plus tôt que moi à déjà quitter la table du petit déjeuner. Louise me renseigne sur les activités de mon invité.

- Mademoiselle en avait assez de vous attendre, Monsieur. Je lui ai donc suggéré une promenade dans les jardins. Le soleil domine aujourd’hui, le temps est agréable et une merveilleuse journée s’annonce, ne trouvez-vous pas, Monsieur ?

- Vous avez eu raison, Louise. Merci de prendre soin de notre invité. Je vais aller la rejoindre après mon petit déjeuner.

Ma gouvernante apprécie Suzie l'espiègle, je le lis sur son visage taquin. Elle approuve la venue d’une femme dans ce chateau. Il faut dire qu’il y a bien des années qu’aucune femme ne m’a accompagné, pas même Amanda. Elle n’a jamais compris ce que je pouvais trouver au domaine. Trop calme, trop silencieux, trop loin de la ville, trop de trop pour elle et pas assez de tout, une véritable citadine.

J'avale un verre de jus de fruit et m'habille en un temps record pour la rejoindre à l'extérieur. J'ai hâte de la retrouver et de passer du temps avec elle. Pourquoi ne pas terminer ce que nous avons commencé hier soir. Cette idée plaît beaucoup à mon entrejambe. Ma queue s’étire, frémit et en demande plus, j’espère que Suzie aussi. Un bol d’air frais me fera le plus grand bien pour atténuer ma gueule de bois.

Dans le parc, j'aperçois Suzie au loin en pleine conversation avec un autre homme. Certainement quelqu'un travaillant sur le domaine ? Je ne le reconnais pas mais j’ai appris à mon arrivée qu’un nouveau jardinier avait été embauché depuis le départ à la retraite de l’ancien. La vue de cette scène m’agace un tantinet. J'éprouve un sentiment que je n'avais jamais ressenti pour une autre femme. Est-ce que je serais jaloux ? Je ressens quelque chose de tellement fort pour elle que j’ai presque peur de l’admettre.

Je m'approche d'eux bruyamment pour tenter de capter leur attention. Il m’ignore et cela ne fait qu’augmenter mon agacement.

- Bonjour, je ne vous dérange pas ! dis-je irrité.

- Bonjour Aédan, dit-elle tout sourire. Non, pas du tout. Ce jeune homme se proposait pour me faire visiter les écuries en attendant que tu arrives.

- Ce ne sera pas la peine de vous donner cette peine. Je peux moi-même faire la visite de mon domaine, dis-je sur un ton hautain.

Je remercie le jardinier d’un signe de tête et celui-ci part dans la direction opposée à mon arrivée. Il lance un sourire à Suzie pour la saluer.

- Pourquoi avoir été aussi désagréable avec ce garçon ? Il n’a rien fait qui le méritait, dit-elle interloqué

- Je suis désolé, j’irais m’excuser auprès de lui. J’ai réagi un peu vivement je te l’accorde. Le voir te faire les yeux doux m’a agacé mais je n’aurais pas dû le montrer.

- N'importe quoi ! Il était juste serviable dit-elle amusé. J'ai un très mauvais sens de l'orientation. J'étais en train d’errer en cherchant mon chemin et il me taquinait à ce sujet, dit-elle amusé sans émettre la moindre raillerie sur mon comportement.

- Tu veux faire une balade, demandé-je en lui montrant les chevaux.

- Je ne sais pas monter à cheval et j’ai un peu peur, m’avoue-t-elle.

Je m'approche de Suzie et lui tend mon bras pour qu'elle s'y accroche et m'excuse de mon comportement. Elle sourit, elle semble flatter de ma remarque. Son air désapprobateur ayant totalement disparu après quelques pas.

Pour lui faire plaisir, je lui fais visiter nos écuries. Les écuries du château abritent des chevaux irlandais. Mon frère Trevor et sa femme Moira en font l’élevage. Ils élèvent deux races de chevaux au domaine, le Hunter Irlandais et le Connemara. Les chevaux sont destinés au sport hippique mais aussi au tourisme équestre qui est répandu en Irlande. Ma mère qui était une cavalière émérite et de renommée mondiale, nous a initié, Trevor et moi dès notre plus jeune âge à l’équitation. Elle a fabriqué une vitrine qui trône au milieu des écuries avec nos médailles et trophées que nous avons remportés dans notre jeunesse.

Suzie montre de l'intérêt pour les chevaux malgré une réticence à s’en approcher. Son effarouchement est visible même si elle essaie de me le cacher. Je prépare un cheval pour une sortie. Suzie est intriguée mais elle ne me pose aucune question. Alors que je lis dans ses yeux pétillants une multitude d’interrogation.

Le cheval est prêt, je le sors des écuries pour que l’on puisse le monter. A l’extérieur, je lui demande de grimper sur le dos du cheval. Suzie est terrorisée, le cheval perçoit sa peur tout comme moi. Il est nerveux, il gesticule et hennit.

- Je pensais que tu allais partir seul en balade, me dit-elle la voix tremblante.

- Comment pourrais-je t’abandonner après t’avoir fait venir jusqu'ici ? dis-je étonné. N’ai pas peur, mon tout beau. Elle est un peu gauche mais c’est une gentille fille. Elle ne te fera pas de mal. Je reste avec vous. Tu veux pas aller te dégourdir les jambes ?

Le cheval finit par se détendre et accepte Suzie comme cavalière. J’ignore son effroi et l’aide à monter à cheval. Elle a l’élégance d’un crapaud. Je me moque de son inexpérience et de la peur irraisonnée qu’elle a de ne plus toucher terre. Je garde les rennes et je monte derrière elle. Je l'emmène faire le tour du domaine en profitant de la météo clémente de ces jours-ci.

Nos corps se touchent, je peux presque sentir son cœur battre à tout rompre ou est-ce le mien qui bat si fort qu’il essaie de sortir de ma poitrine. Sentir son corps proche du mien titille ma queue qui se contracte. Mes pieds sont dans les étriers et nos jambes s’effleurent. Mes bras l’encerclent. Elle est tétanisée. Est-ce la peur du cheval ? Ou est-ce qu’elle est mal à l’aise de sentir mon corps contre le sien malgré notre rapprochement d’hier soir ?

Après plusieurs minutes de trot, Suzie se détend et apprécie la balade. Nous échangeons quelques banalités sur la météo et le paysage mais les mots sont inutiles. Notre langage corporel parle pour nous. Ma queue frétille comme un poisson dans l’eau et les épaules de Suzie se sont relâchées. Le sourire ne quitte pas ses lèvres et ses yeux sont remplis d’étoiles scintillantes. Notre balade équestre aura duré plus d’une heure durant laquelle Suzie m’a questionné sur nos écuries et sur les chevaux que nous apercevons lors de notre petit tour.

Je lui parle alors de mon frère Trevor qui pratique le cross-country. Un sport qui exige vitesse, agilité et précision pour arpenter les différents obstacles qui parcourent notre île. Sa femme et lui sont tous les deux moniteurs de cette discipline mais également de saut d’obstacle et ils font également un peu de dressage. Ce qui explique l’élevage de tous ces chevaux. Certains sont aux prés tandis que d’autres sont aux écuries.

Nous continuons de discuter tout l'après-midi de chevaux et de compétitions. Je suis intarissable lorsqu’il s’agit de mon frère et de ses médailles. Je suis très fier de lui, de ce qu’il a accompli. Il a toujours su que son métier aurait un rapport avec les chevaux. Quand il est rentré en Irlande il a retrouvé Moira, une amie d’enfance. Il m’a dit très rapidement qu’il l’épouserait et qu’il lui ferait des enfants. Elle était pour lui la femme de sa vie. Il n'en a jamais douté même lorsque Moira a été mon coup de cœur enfant. Ces certitudes me font envies, je veux être aussi certain que lui quand je rencontrerais ma femme.

En fin de journée après une longue balade à cheval et à pied, nous nous retrouvons dans le salon et enfin nous arrivons à discuter de ce qui c'est passé hier soir. La promenade de cet après-midi nous a rapprochés. Suzie est assise à côté de moi dans le même canapé, quelques centimètres nous séparent.

- Je suis désolé d'avoir dû te laisser hier soir mais comme tu as pu le remarquer j'avais des invités.

- Pourquoi m'avoir caché ?

- Je ne t'ai pas caché, pas vraiment, hésité-je. Je ne savais pas comment te présenter à mes amis. Tu es plus que mon assistante mais je ne sais pas nommer notre relation, dis-je gêné.

- Tu n’aimes pas parler de tes sentiments, je te sens mal à l’aise, dit-elle en se mordant la lèvre.

- Si je t’avais présenté il ne se serait rien passé hier soir, dis-je les yeux plein de malice pour éluder sa réflexion.

- Ou nous aurions peut-être pu passer la nuit ensemble après le dîner, dit-elle en me dévorant des yeux tout en se rapprochant.

- On voit que tu ne connais pas mes amis. Ils me connaissent depuis toujours. Ils m’auraient tout de suite grillé et Greg m'aurait fait enrager en te faisant des avances, avoué-je gêné.

- Pourquoi ne m'as tu pas rejoint à la fin du repas ?

- Parce que j'avais bien arrosé nos retrouvailles, dis-je embarrassé. J’étais un peu saoul et je ne voulais pas me vautrer dans tes draps et prendre le risque d’avoir oublié ce matin au réveil. Je veux me souvenir de toi, de nous, de chaque caresse et baiser.

Elle éclate de rire. Elle est trop belle. Je vois son désir dans ses yeux. J'ai une soudaine envie de l'embrasser. Je commence par poser ma main sur sa joue puis la glisse derrière sa nuque pour l'attirer contre moi. Nos visages se rapprochent, nos lèvres s'effleurent. Ma queue se tend. J'attrape goulument sa bouche puis plus tendrement. Nos corps s'attirent comme des aimants. Sa bouche s'ouvre et ma langue s'engouffre. Ce baiser est intense, il rappelle mon désir qu'hier soir je n'ai pas assouvi.

Je dois contrôler mes pulsions car je n'ai qu'une seule envie, la prendre sur ce canapé mais nous ne sommes pas seul dans cette immense demeure. Il ne faudrait pas choquer Louise en se vautrant dans la luxure dans ce canapé. Je l’attrape par les hanches et elle s’assied à califourchon sur moi. Je relâche mon étreinte, nous reprenons notre souffle. Les joues de Suzie sont rosies par l'intensité de notre baiser. Je lui avoue avoir envie de lui faire l'amour maintenant et lui propose de monter dans ma chambre. Son regard s'illumine, j'y lis de la concupiscence et elle me lance un sourire espiègle. Elle a remarqué la bosse sortant de mon pantalon, à l’évidence. L'excitation grandissante devient douloureuse, je suis à l'étroit dans mon pantalon. Je veux sentir ses mains dans mon entrejambe pour me libérer. Je fantasme déjà à sa main sur la braguette de mon pantalon, sa main se glissant à l’intérieur, à … .

Le gong de la porte d'entrée retentit. Argh !!! … qui peut bien venir nous déranger à cette heure tardive.

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