Mily (Chapitre 2)

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Les réunions au RSMA me manquent. Mes ados me manquent. Nous nous sommes créés un groupe Whatsapp pour pouvoir discuter : j’ai des nouvelles d’eux quotidiennement. Cela fait un peu plus de six mois que nous nous connaissons. Nous en avons fait des choses ensemble : découverte de la Marine, du RPIMA, projet professionnel, visites culturelles et j’en passe. Notre groupe est plus soudé que jamais. Tellement que les jeunes se retrouvent même pendant les vacances pour faire des soirées et autres sorties. Mon chouchou reste Joyce : il a une problématique familiale compliquée mais ne baisse pas les bras pour autant.

Durant la période des fêtes, nous n’avons rien organisé : nous allons nous retrouver la dernière semaine des vacances, soit vers la fin janvier.

Notre prochaine rencontre a lieu dans deux jours. J’ai hâte.

Je ne veux pas me l’avouer mais Giovanni aussi me manque. Nous nous sommes beaucoup rapprochés durant ces six derniers mois. Nous avons beaucoup discuté, surtout via Whatsapp. Il semblerait qu’il soit plus loquace derrière un écran. J’ai finalement appris l’ombre à son tableau. Il est effectivement en couple… Ils ont même fixé une date pour leur mariage. Simplement… plus rien ne va entre eux. Elle ne veut pas d’enfant et Giovanni rêve d’une grande famille. Fille d’un militaire, elle a souffert de l’absence de son père et elle ne veut pas que ses enfants vivent la même chose.

- En somme, elle me demande de choisir entre ma carrière et ma paternité, m’avoue-t-il un peu avant les vacances de Noël. Je ne sais pas ce que je serai devenu sans l’armée et je rêve d’une grande famille.

- Choix cornélien…

Elle a donc décidé de mettre leur couple sur pause. Le temps que Giovanni se décide. Il est allé passer les fêtes en France chez ses parents. Nous pouvions passer des heures sur Whatsapp : ces conversations m’ont tantôt fait rire, tantôt pleurer mais surtout m’ont distraite de ma solitude… Je n’ai plus personne avec qui passer Noël : mes parents et ma soeur sont décédés dans un accident de voiture il y de cela trois ans maintenant. J’ai bien quelques amis mais personne de très proche…

Enfin. Je retrouve mes garnements. Cela me fait un bien fou de les revoir. Comment je vais faire lorsqu’il va falloir les quitter pour de bon ? Les garçons me checkent et j’ai même le droit à des câlins des gamines. J’ai l’impression d’être moi-même une adolescente.

- Salut toi.

Le simple son de sa voix fait naître en moi un sentiment inconnu : un mélange de joie, d'excitation et de… soulagement. Comme si j'avais peur qu’il ne soit pas là. Je souris bêtement avant de me retourner et de lui faire un salut militaire.

- Bonjour, mon sergent-chef !

- Repos soldat. Heureux de te revoir.

Son sourire est doux et sincère mais ses yeux ont l’air tellement fatigué…

Dans le bus qui nous emmène vers la forêt de Cilaos, nous chantons à tue-tête toutes sortes d’idioties allant des chansons de dessins animés aux dernières nouveautés locales. Cela déride un peu Giovanni qui reprend des couleurs. Les jeunes vont aller en forêt afin d’y planter des arbres endémiques de l’île. Nous arrivons à la lisière où nous attend un garde forestier. Près de lui, se trouve une camionnette de l’armée ou sont disposés plusieurs plants.

- Bonjour les jeunes ! Aujourd’hui nous allons reboiser une partie de la forêt. Lors des dernières intempéries que l’île a connues, il y a eu dans ce secteur de nombreux glissements de terrain, déracinant des arbres parfois presque centenaires. Ça a été une immense perte pour nous. Nous avons presque tout balisé et sécurisé mais je vous conseille fortement de regarder où vous mettez les pieds ! De plus, il a plu ces derniers jours, le sol est boueux et glissant !

Après ces quelques mises en garde, nous faisons les groupes : en comptant le garde forestier, nous ne sommes que trois adultes. Je récupère donc mes chenapans : chacun porte ses plants et nous nous dirigeons vers l’endroit prévu. Je me mets derrière histoire d’avoir une vue sur chacun d’eux. J’aperçois Joyce qui m’attend.

- Dites madame… C’est peut-être indiscret mais… Il se passe quelque chose entre le sergent-chef et vous ?

- A ton avis idiot ! Tu l’as dit toi-même… Il a une femme !

- N’empêche ! Il tirait une de ses têtes jusqu’à ce que vous arriviez ! Dès qu’il a aperçu votre voiture, il a soupiré et a souri.

- Arrête de dire n’importe quoi ! Qui serait content de tous vous supporter seul dis-moi ?

Joyce éclate de rire avant de me jeter un regard entendu et d’accélérer le pas pour retrouver ses amis. Je ne sais pas pourquoi mais ce qu’il m’a dit m'a secrètement fait plaisir.

Nous arrivons au point de chute. Chacun dépose ses affaires pour une petite pause bien méritée. Je ne suis pas très rassurée : je suis seule au milieu des bois avec douze adolescents à surveiller. J’espère que rien de grave ne se passera. De toute façon en cas d’urgence, nous avons nos téléphones portables et un talkie-walkie.

- Que chacun sorte son matériel ! Espacez-vous un peu plus ! Vous n’allez tout de même pas les planter en rang d’oignons !

- Non madame ! En rang d’ails !

Les jeunes éclatent de rire.

- Toujours les mêmes à faire des blagues pourries !

Je regarde Joyce d’un air pseudo air mauvais mais il n’empêche que je rigole moi-même. Je fais le tour des groupes pour voir un peu l'avancée des travaux. Ils se débrouillent plutôt bien ces chenapans ! J’arrive près des filles : elles ont un peu de mal à fouiller le trou afin d’y mettre le plant.

- Attendez les filles je vais vous ai…

Je sens à ce moment-là le sol se dérober sous nos pieds.

Non… pas ça…

J’ai juste le temps de pousser violemment Émeline avant de tomber dans une sorte de crevasse. Je réussis tant bien que mal à me rattraper mais me tord la cheville au moment même où je touche le sol. La douleur est si fulgurante que je crie. Les filles sont allées chercher de l’aide. J’entends mes garçons hurler des “ madame ! madame !” Je prends une grande inspiration.

- Ça va les garçons ! Je vais bien, cessez de crier ! Vous allez m’écouter ! N’approchez pas trop du bord où vous risquerez de tomber vous aussi. Joyce ! Dans mon sac, il y a le talkie-walkie. Mets-toi sur le canal 1 pour contacter le sergent-chef et décris-lui la situation. Je suis tombée dans une sorte de trou d’environ deux à trois mètres de profondeur : je ne pourrais pas m’en sortir toute seule et… et je… mmh… je me suis blessée au pied droit…

- Madame ! Vous êtes blessée ?

J’entends Émeline pleurer et dire que c’est de sa faute. Joyce garde un sang froid exemplaire : il exécute mes ordres au mot près. Je regarde autour de moi : la crevasse n’est pas très grande. Il y a des racines d’un énorme cyprès près de moi et quand je regarde au-dessus de moi je peux voir une partie de son tronc. Il y a comme une petite anfractuosité : c’est sûrement à cause de ça que le sol s’est effondré. La terre y est meuble et gorgée d’eau. Si cela ne s’est pas transformé en glissement de terrain, c'est sûrement à cause des arbres qui ont poussé les uns près des autres et du maillage profond de leurs racines.

En rang d’ail…

Malgré la situation, je trouve le moyen de garder le sourire.

- Madame ! Le sergent-chef est en route !

- Merci Joyce. Je me répète, éloignez-vous du…

Non. Pas ça.

Je vois des gerbes de terre glisser vers moi. Je me recroqueville sous les racines de l’arbre essayant de me protéger. La terre et des cailloux me tombent dessus.

Je vais être enterrée vivante.

Pelotonnée dans l’anfractuosité, je tremble de la tête au pied. Je sens un liquide poisseux glisser sur mon front puis sur ma joue droite. Je peux à peine respirer. La terre mouillée recouvre une partie de mes jambes et je n’arrive pas à les bouger. La panique gonfle en moi et menace d’exploser. Je n’ai jamais été claustrophobe mais là, enfermée sous terre dans à peine deux mètres carrés, je n’ai qu’une envie c’est d’hurler. Des larmes coulent le long de mon visage. Ma voix s’est tue et je ne suis plus que peur et douleur.

Pitié ! Sortez-moi de là ! Sortez-moi de là !

Combien de temps je reste ainsi, coincée dans le noir, mystère. L’air s’est raréfié. J’ai froid. Autour de moi, c’est le noir absolu que j’ai les yeux fermés ou ouverts. À vrai dire, je ne sais même plus comment ils sont... Un calme olympien s’est emparé de moi et je me laisse aller petit à petit, détendant chacun de mes muscles.

Je vais mourir…

Un sourire se dessine sur mon visage…

Je rêve ?

J’entends des bruits étouffés, comme si quelque chose cognait au fond de ma tête. Soudain, une lumière aveuglante pénètre dans mon obscurité : je relève la tête pour croiser des prunelles bleu-vert complètement paniquées, posées sur un visage pourtant impassible, au souffle erratique.

- Te voilà enfin. Putain, tu es vivante !

- Giovanni ?

Je manque de m'étouffer dans une quinte de toux. Il continue de déblayer la terre devant et autour de moi à mains nues. Il finit par arriver jusqu’à mon corps endolori, passe ses bras sous mes genoux et mon dos avant de me soulever comme un fétu de paille et de me serrer contre lui.

- Ne me refais plus jamais ça, tu m’entends. Plus jamais.

Je ne peux m’empêcher de me blottir contre lui. Ressentir la chaleur de son corps me fait énormément de bien. Son coeur bat à une vitesse folle. Je pleure doucement dans son cou.

- Merci… Merci Nanni…

- Ça faisait longtemps que l’on ne m’avait pas appelé comme ça… S'ils n’étaient pas là… Je t’embrasserais sur le champ…

Je lève alors mes yeux embués vers lui avant que mon cerveau ne se reconnecte à mes oreilles.

- Sergent-chef ! Sergent-chef ! Vous l’avez retrouvée ?

- Comment va-t-elle ?

- Répondez-nous !

Mes garnements semblent complètement paniqués. J’ai envie de les rassurer, en même temps je ne veux pas briser ce moment avec Giovanni.

- Tu vas me rendre dingue… me murmure-t-il à l’oreille. C’est bon, les jeunes ! Je l’ai votre référente adorée ! Joyce, Ryoma, aidez-moi voulez-vous !

Giovanni m’emmène vers une civière orange rattachée à des cordes. Il me pose délicatement dessus et ordonne aux jeunes de me tirer. Mes douleurs choisissent ce moment précis pour se réveiller : ma tête me lance, ma cheville brûle et mon dos est en compote. Arrivée en haut, mes jeunes se précipitent vers moi pour m’assaillir de questions et d’attentions. Joyce les écarte.

- Laissez-la respirer les gars : elle a besoin de calme et d’air. Vous pourrez lui poser toutes les questions que vous voulez plus tard.

- Cadet Joyce, vous ferez certainement une excellente recrue l’année prochaine !

- Merci sergent-chef !

Giovanni est déjà là. Dire que moi j’aurai été incapable de remonter toute seule… Je le regarde : ses mains sont ensanglantées et sa tenue, maculée de boue. J’essaie de me lever mais grimace dès que mon pied droit touche le sol.

- Qu’est-ce que tu crois faire là ? me demande Giovanni, d’un air menaçant.

- Il va bien falloir que je marche pour redescendre…

- Mais bien sûr avec une cheville dans cet état tu vas certainement marcher.

- Mais je…

- Pas de mais !

Il me soulève et en un instant me bascule sur son dos. Joyce nous regarde mi-amusé, mi-... mi quoi d’ailleurs ?

- Cadets ! Nous allons devoir emmener votre référente chérie à la caserne afin qu’elle se fasse examiner par un médecin avant de la ramener à l’hôpital si nécessaire. Nous finirons nos travaux plus tard.

- À vos ordres sergent-chef !

Je n’ai pas mon mot à dire. Giovanni prend le chemin retour avec moi sur dos comme si de rien n’était, les jeunes sur nos talons.

- Tu vois, je t’avais dit que je te porterais… me chuchote-t-il malicieusement.

- Très drôle…

Arrivée à la caserne militaire, le verdict tombe : une belle foulure et deux points de suture à la tête. Quelques pansements et bandages et hop me revoilà sur pied ! Le médecin préconise quand même que je fasse une radio pour ma cheville et un scan de ma tête pour prévenir toute fracture. Le plus inquiétant a été de savoir que j’ai été enfermée sous terre pendant presque quinze minutes. Je ne semble pas avoir d'effets secondaires mais si jamais je me sentais nauséeuse ou autre je dois absolument consulter.

Giovanni ne m’a pas lâchée une seule seconde.

Finalement, nous n’avons pas pu planter nos arbres…

- Ce n’est que partie remise, souligne Giovanni. L’essentiel, c’est que tu ailles bien.

- Tu peux parler… regarde l’état de tes mains !

- Bof… c’est trois fois rien ça… Je suis soldat je te le rappelle…

C’est vrai que j’ai tendance à l’oublier. Il a l’air si calme et serein, si proche de nous que j’ai du mal à l’imaginer soldat. Mes jeunes n’ont pas arrêté de demander après moi : durant le voyage retour, je me suis mise au milieu d’eux afin de discuter et de les rassurer au mieux. Ils sont tellement attachants !

- Bon, fini les conneries maintenant ! Je n’en peux plus !

J’ai la gorge sèche à force de rire. Je lève les yeux et rencontre ceux de Giovanni : mon sourire se fige et il détourne la tête.

- Hey madame… me fait Joyce avec un air conspirateur.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

- Mmh… Je n’ai jamais vu le sergent-chef perdre son sang-froid, même pendant nos bagarres et vous savez que certaines ont été violentes... mais je peux vous dire qu’il a clairement paniqué lorsqu’il a su que vous étiez sous terre… De plus, depuis tout à l’heure, il ne vous lâche pas des yeux....

Il me fait un clin d'œil avant de s'éloigner et de discuter avec son camarade, l’air de rien.

Arrivé au point de départ, chacun des jeunes rentre chez lui en me souhaitant un prompt rétablissement.

- Un dernier problème se pose, jeune fille.

- Oh ? Et lequel, jeune homme ?

- Tu comptes rentrer chez toi comment ?

Je reste bouche bée. Effectivement. Avec mes quatre pieds, la conduite risque d’être compliquée.

- Bouge pas.

- Mais que…

Il s’éloigne vers l'accueil de sa caserne et prend le téléphone. En un instant, sa posture change : il se met plus droit et ses yeux se font durs. Il discute avec quelqu’un… mais qui ? Il raccroche et tout son corps se détend. Il revient vers moi.

- On y va ?

- Mais où ?

Il rit.

- Je te raccompagne, quelqu’un viendra me chercher chez toi dès que je lui aurai communiqué l’adresse.

Tout le long de la route qui me ramène chez moi, j’essaie de me rappeler dans quel état est mon appart. Impossible. Le voyage se déroule dans un silence… un peu tendu. Il y a quelque chose dans l’air… Comme une tension électrique. J’ai l’impression que si je bouge ou si je parle, l'habitacle de ma voiture va prendre feu. C’est fort, c’est intense. Je jette un œil à la dérobée à Giovanni et j’ai l’impression qu’il est dans le même état que moi. Je le surprends même à déglutir. Je frissonne moi-même. Nous nous arrêtons dans le parking en face de mon immeuble. Je n’ai pas envie de descendre. Encore moins de rentrer.

- Mais qu’est-ce que… je murmure.

- Je n’en sais rien… Cette… sensation… est… bizarre…

Il pose sa main sur la mienne et la serre. Mon cœur rate un battement. Ses yeux rencontrent les miens et je retiens mon souffle : ses prunelles bleu-vert m’hypnotisent.

BOUM !

Un ballon de football vient de cogner contre ma portière nous faisant sursauter tous les deux.

- Oh !! Pardon Mme Mily ! Promis j’ai pas fait exprès !

Il s’agit de Maxime, mon petit voisin du deuxième. Je sors péniblement de la voiture avec ma paire de béquilles.

- Mais ? Il vous est arrivé quoi ?

- Rien de bien grave bonhomme… je lui réponds en lui caressant les cheveux. Un petit bobo de rien du tout !

- Euh… Madame Mily… Thibault a encore cassé l’ascenseur…

- Quoi ? Non ! J’habite au quatrième étage… Non, non, non et non !

Quatre étages… en béquilles. Génial. J’entends Giovanni exploser de rire derrière moi. Je le regarde, éberluée. Il a l’air si enfantin à ce moment-là que je ne peux m’empêcher de sourire.

- Mme Mily ? Me chuchote Maxime. Il est fou le soldat ?

- Tu veux un secret ? Je crois bien que oui… Il a dû recevoir un caillou sur la tête…

- Oooohhh…

Nous nous faisons un clin d'œil complice avant qu’il ne reparte jouer avec ses amis. Je me dirige vers le hall, clopin-clopant.

Satanées béquilles ! Demain je m’en débarrasse !

Arrivé près de la porte des escaliers, je me retourne pour récupérer mes affaires et dire au revoir et merci à Giovanni. Je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche qu’il me prend dans ses bras et commence à gravir les marches.

- Quatrième étage hein ?

- Mais qu’est-ce que tu fais ?

- En bon gentleman, je raccompagne une malade à son chevet…

- Giovanni, pose-moi ! Je peux marcher toute seule !

- Non. Hors de question. Tu es très bien là où tu es.

Il resserre son emprise sur moi. Le ton a été si impérieux que je n’ai même pas osé rechigner. Devant la porte de mon appartement, il me dépose délicatement au sol afin que je puisse l’ouvrir.

- Tu as le droit de boire quelque chose M. le militaire ?

- Si tu as de la bière, je prendrai ce droit.

Je lui souris et actionne la clé dans la serrure. Nous entrons. Je referme la porte et… mes béquilles tombent au sol. Je me sens… fébrile. Mon cœur bat la chamade et je commence à trembler. Des torrents de larmes inondent mon visage.

- Je le savais.

Une fois n’est pas coutume, Giovanni me porte jusqu’à mon canapé et me fait asseoir sur ses genoux. J’entoure son cou de mes bras et pleure, encore et encore. Il me berce doucement, caressant mes cheveux, patiemment. Le contre-coup de ma mésaventure me rattrape. C’est pour ça que Giovanni a tellement insisté pour rester avec moi.

- Je… j’ai eu peur… si peur… parvins-je à articuler entre deux hoquets. J’ai bien cru que… que…

Mes pleurs redoublent. Giovanni me serre plus fort contre lui. Sa force tranquille se propage aussi dans mes veines.

- Oh non… pas avec moi dans les parages. Tant que je serai là, rien ne t’arrivera.

Le ton de sa voix est si doux, si rassurant. Giovanni passe une main sous mon menton et me force à le regarder. Dans ses yeux brillent des larmes contenues. Sa main caresse ma joue et y essuie les traces qu’elle porte. Je me laisse aller à sa caresse.

- Mily… J’ai eu tellement peur Mily… Si tu savais… Peur de ne plus revoir ton visage, peur de ne plus entendre ton rire… Mily… je…

Il ne finit pas sa phrase. Ses lèvres s’écrasent sur les miennes dans un baiser passionné. Nos lèvres se dévorent, nos dents s’entrechoquent. Giovanni resserre encore son étreinte autour de mes hanches pendant que moi mes bras s’attachent à son cou. Sa langue cherche le chemin pour rencontrer la mienne. Dès qu’elles se touchent, mon corps s’embrase et je me rapproche encore plus du sien. Je sens son érection contre ma cuisse et je sais, je sais qu’il éprouve la même chose que moi. Lorsque je la frôle, il gémit contre ma bouche. Ses dents viennent me mordre la lèvre inférieure avant que sa bouche ne dévore un plus la mienne.

La douleur de ma cheville se réveille à ce moment-là, me ramenant à la réalité. A une réalité où Giovanni a quelqu’un dans sa vie. A une réalité où il est censé se marier prochainement. Je le repousse. Un peu violemment. Il ne me pose pas de questions. Il sait pourquoi. Mon coeur me fait mal. Plus que la douleur dans ma cheville ou dans ma tête.

Giovanni me dépose sur le canapé et se lève. Je n’ose plus le regarder. J’entends la porte se fermer. Je laisse alors exploser ma douleur.

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