Pour l'amour du risque

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Ainsi Marielle découvrit un homme attentionné, présent, à l'écoute. C'est Léo qui annonça à son père ce qu'il ressentait pour elle. Passé le premier étonnement, leur liaison continua à prendre de l'ampleur, elle était pudique, osait quelques caresses. Faire l'amour ne l'effrayait pas, mais elle prit son temps, Léo fut patient, elle lui plaisait tant.

À treize ans, sa toute jeune vie en plein essor, elle ne connaissait rien à l'amour. Pas de mère pour la conseiller ou la guider. Pas d'amie assez intime pour partager ses premiers émois. Pour s'informer, apporter des réponses à ses questions et satisfaire sa curiosité, elle se procura quelques ouvrages sur la sexualité. Elle avait envie de savoir, tout simplement.

Ses relations avec son père étant empreintes de pudeur, ses interrogations restaient la plupart du temps sans réponse. Elle géra seule les soucis liés aux premières règles et l'organisation que cela demandait pour être performante à la danse quelles que soient les circonstances.

Ses copines chuchotaient dans les vestiaires, échangeaient des photos de garçons, se montraient des vidéos de danseurs censés les faire rêver.

Certaines avaient déjà un petit copain, en général il faisait partie du Club de la Danse. Exécuter leur art à deux rapprochait leurs corps mais aussi leurs âmes, c'était naturel, évident, et très bien vu.

Marielle n'accordait que peu d'importance aux garçons qu'elle côtoyait, elle n'était pas attirée par les jeunes boutonneux à la voix qui mue. Ce qui était le cas de Jonathan, son partenaire depuis l'adolescence. Leurs efforts avaient maintes fois porté leurs fruits, ils avaient rapporté des coupes, s'étaient souvent classés dans les trois premiers lors des concours.

Mais ce qui l'intéressait avant tout, c'était progresser individuellement. Présenter un enchaînement seule, pour qu'enfin elle accède à la formation de l'opéra et à ses majestueux spectacles. Être au centre de l'attention, éblouir les spectateurs, épater son entourage, gagner le premier rôle, devancer tous les autres. Une ambition dévorante qui ne laissait pas de place aux sentiments.

Jonathan n'était que le moyen d'y parvenir. Elle n'éprouvait que de l'amitié pour lui. Elle ne le voyait jamais à l'extérieur, elle était désormais en couple avec Léo.

Les regards des autres sur son amoureux actuel glissaient sur elle sans lui faire aucun effet. Les sentiments de Jonathan pour elle ne l'émouvaient pas. Sa vie avec Léo lui convenait parfaitement, même si elle sortait un peu des sentiers battus.

Chaque jour était une incertitude. Chaque jour pouvait amener son lot d'angoisses car Léo traînait toujours avec une bande de petits voyous, tous liés les uns aux autres par l'amour du risque, l'adrénaline qu'ils ressentaient avant chaque braquage. Ils s'étaient choisis cette vie. Ils commentaient ensemble leur prochain coup, déployaient des plans sur la table de la cuisine, buvaient des bières tout en discutant de leur projet, les yeux brillants, tous impatients d'agir.

Leurs éclats de voix résonnaient dans le petit studio silencieux.

  • On va se procurer des gilets multi-poches, dit Léo.
  • Ouais, et il nous faudra une caméra de surveillance pour guetter les entrées et sorties, proposa Simon.
  • Les gars, il faudra éteindre nos portables et les mettre dans nos poches intérieures, s'exclama Roch.
  • Alors, on se donne rendez-vous à quelle heure, une heure trente ?, questionna Solal.
  • OK, je ferai un plan heure par heure pour chacun, reprit Léo.

Tout était noté sur un petit carnet. C'est Léo qui consignait les étapes de l'opération. Son air appliqué était touchant, lui qui avait quitté l'école à quatorze ans. Leur petit nid d'amour revêtait le temps d'une soirée une ambiance électrique. Les rires fusaient, leur complicité bien réelle se ressentait. La joie qu'ils apportaient à Léo était bien visible.

Elle les écoutait d'une oreille distraite tout en feuilletant un magazine. Elle n'intervenait pas dans leurs interminables discussions, ne se permettait pas de juger. Les cheveux noirs corbeau de Léo s'agitaient sous la lumière blafarde de la cuisine. Elle admirait sa mâchoire carrée. Son allure si solide, l'assurance qui émanait de lui l'émoustillaient. Le reste, à ce moment-là, n'avait pas d'importance.

Marielle restait concentrée malgré tout sur sa passion, entretenait son corps, répétait sa chorégraphie sans faiblir, parvenait à garder son talent pour les entrechats. Elle voyait dans les yeux de son amoureux toute son admiration et cela lui suffisait. Léo était son ami, son amant, son frère, son avenir, pensait-elle.

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