Chapitre 3

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La porte est fermée. Je me déplace lentement en essayant d'aller droit. Le mur me paraît loin. Quand je le touche enfin, je commence à le longer vers la gauche pour trouver quelque chose pour faire de la lumière. Le mur est froid et irrégulier. J'atteint l'autre mur, tourne et continue à le longer jusqu'à l'autre bout la pièce et tourne encore sur le mur ou devrait se trouver la porte. À ce coin de la pièce, le mur est humide. Au bout de quelques mètres, je sens la rainure de la porte sous mes doigts, aucune lumière ne passe, mon pied bute sur quelque chose, je le ramasse avec précaution, et à vue de nez, je dirais que c'est un bougeoir contenant un reste de bougie, je tâtonne autour de moi, mais malheureusement, il ne semble pas y avoir d'allumettes.

Soudain, un bruit de glissière se fait entendre et me fait sursauter, un peu de lumière accompagne le bruit. Durant cet instant, je regarde les murs et le plafond, celui-ci est particulièrement bas, à peine plus haut que la porte. Les murs sont constitués de petites pierres grises et mal taillées, de l'eau s'écoule sur le sol. Point positif, je ne mourrai pas de soif. Quelqu'un vient se placer devant l'interstice, la lumière s'amoindrit. Sans se baisser elle commence à parler :
-Nous devons laisser ouvert pour que l'air se renouvelle, mais si ça ne tenait qu'à moi la petite ouverture que tu vois là resterait fermée et je te laisserait dépérir.
Je préfère ne rien répondre, celle qui est devant la porte à l'air d'en attendre une, comme il ne se passe rien, elle s'écarte et repart, j'entends le bruit de ses pas raisonner dans le couloir puis disparaître peu à peu ainsi que la bougie qu'elle avait à la main. Le silence se réinstalle avec lourdeur. Je suis repartie vers le mur du fond, je m'allonge à même le sol dur et froid en réfléchissant à d'autres possibilités pour partir d'ici, tout en continuant à ruminer mes pensées, mes yeux commencent à se fermer et je pars petit à petit dans un sommeil sans rêve.

Je me réveille avec le sentiment que quelque chose cloche. Aux dernières nouvelles, j'étais dans un salle plongée dans l'obscurité sur un sol inconfortable. Pourtant la lumière qui m'éblouit et le sol frais et doux contredit cette vérité.
Je n'ose ouvrir les yeux de peur de perdre la liberté que je semble avoir obtenu je ne sais comment, j'ai peur que les murs de la prison que j'ai toujours connu réapparaissent et me privent à jamais du bonheur.
Une douce brise qui vient caresser mon visage finit de confirmer que je suis bel et bien dehors. J'ouvre les yeux sans arriver à y croire, le ciel est limpide. Je me relève sur les coudes et prends conscience de l'endroit où je suis. L'herbe est d'un vert tendre magnifique, en face de moi, je vois une forêt dans laquelle le vent s'engouffre avec plaisir. Quant à derrière moi, lorsque j'aperçois les murs de l'orphelinat, un frisson viens me parcourir l'échine, mon sang se glace dans mes veines. Ce n'est pas le fait de le voir qui me fait peur, mais plutôt le fait de devoir y retourner. Bien sûr je ne rentrerais pas, personne ne me verra, mais je dois y retourner. Hier soir je pensais réussir à sortir, j'avais tout préparé, j'étais sensée aller récupérer mes affaires que j'avais cachées derrière la fenêtre du dortoir des filles. J'irai ce soir, quand tout le monde dormira, ce sera moins risqué. En attendant, je vais m'éloigner un peu plus, je préfère ne plus voir ces hauts murs, par peur d'être forcée d'y perdre à nouveau ma liberté.

***

Il fait nuit depuis environ 2 heures. L'entrée de l'orphelinat me fait face. J'appréhende ma virée nocturne, j'espère quelle ne feront pas de ronde toute la nuit. Un enfant qui disparaît, cela ne doit pas être fréquent, elles doivent être sur les dents. De temps en temps je vois passer une lumière derrière la vitre qui est au-dessus de la porte. J'attends une bonne heure qu'elles s'arrêtent de tourner en rond comme des lions en cage. Je contourne les bâtiments par la droite en faisant un grand écarts au niveau des chambres des surveillantes, je veux à tout prix éviter d'être vue. J'arrive au dortoir des filles. Le sac que j'avais préparé est toujours là, c'était une de mes plus grandes appréhensions, qu'elles l'ai trouvé et l'ai remis à l'intérieur. Rien ne semble avoir été touché. Je le met sur mon dos en pars le plus vite possible. Je ne me retourne pas et avance rapidement. Mon but est d'atteindre le village avant le matin. Que je puisse me trouver un endroit un peu à l'écart et à l'abris des regards pour dormir et reprendre des forces.
Au bout dune demi-heure de marche, j'aperçois enfin les premières maisons. Je décide de rebrousser quelque peu mon chemin, et entre dans la forêt pour dormir. Je ne m'y enfonce pas, je me pose seulement au pied d'un arbre qui borde la route. J'ai déjà entendue parler de cette forêt et je ne suis pas suicidaire. Je ne sais pas encore ce que je vais faire demain, j'aurais du mal à m'installer au village, une jeune de 17 ans qui vit seule, ça ne court pas les rues aujourd'hui. Maintenant que je suis libre, j'aimerais vivre ma vie au jour le jour, sans me préoccuper du temps qui passe et du regard des autres.

A mon réveil, je prends un petit déjeuner frugal avec les réserves que j'avais préalablement mises dans mon sac avant de partir. Je dois me rationner, comme je n'ai que 17 ans, j'ai bien peur que travailler pour me faire de l'argent et me nourrir ne fait pas partie des options envisageables. Je me redirige vers le village et non loin de la première maison, je vois une affiche avec mon visage et un avis de recherche. Apparemment, elles me cherchent, même si je ne suis pas la fifille sage et respectueuse qu'elles veulent que je sois. L'option "vivre dans le village" viens donc également de partir en fumée. Je pourrais attendre la nuit , traverser le village et continuer ma route vers un autre village, ou une ville, mais avec l'age que j'ai, ou que j'aille, ce sera difficile de ne pas se faire remarquer. La nuit que j'ai passé dans la forêt n'était pas si désagréables, quoi qu'en disent les légendes. Je ne sais pourquoi mais elle m'attire irrépressiblement, chaque seconde passée à la lisière fait grandir peu à peu mon envie de l'explorer. Plus j'y pense, plus je me dis que c'est la meilleure solution. Tout ce que l'on m'a dit n'est peut-être pas vrai. Et si c'est le cas, qu'ais-je à perdre ? Je me souviens encore parfaitement de ce que les surveillantes me racontait quand j'étais plus jeune. "Souviens toi Amélie, La Forêt Interdite n'est pas un lieu ou il faut se balader, jusqu'à maintenant, aucune des personne qui s'y est aventurée n'en est revenu. Cette forêt est malsaine, elle attire les promeneurs inattentifs, pour les perdre et les rendre fous jusqu'à ce qu'ils meurent de faim de soif et d'épuisement." C'était vraiment super les soirées à l'orphelinat, de la joie et de la bonne humeur...

J'entends des gens arriver, il me faut prendre rapidement une décision avant qu'ils ne m'aperçoivent. Je fais rapidement demi-tour et m'en vais vers le chemin s'enfonçant dans la forêt. Si personne n'en est jamais ressorti, pourquoi y a-t-il un chemin tout tracé, cela m'étonnerai qu'il y ai tant de personnes que ça qui décide d'y aller compte tenu des légendes qui circulent. Arrivée devant le chemin, j'hésite encore quelques instants avant de m'aventurer pour de bon sur le futur chemin de ma vie.

***

Les légendes sont vraies. C'est la première chose que j'ai remarqué. Après seulement une heure de marche, j'étais déjà totalement désorientée. les arbres sont immenses, je peine à voir leur cime. Cette forêt est si belle que je me demande pourquoi personne n'ose s'y aventurer, mis à part le fait, qu'il est totalement impossible de se repérer.

Il est vrai que c'est une très bonne raison. Après m'être rendu compte que je n'aurais aucun moyen de retourner sur le chemin principal menant au village, j'ai décidé de continuer tout droit, ou à peu près. Je ne pense pas que toutes les personnes qui s'y sont aventurés sont mortes. Ils ont bien dû trouver de la nourriture pour survivre, et sans doute qu'ils s'y sont aventurés pour une bonne raison. à moins que les gens n'utilisent la forêt pour se débarrasser des gêneurs. Pour le moment, je ne panique pas, je suis même plutôt calme, je profite de l'air pur de la forêt, du chant des oiseaux et de la diversité de la flore. je ne vois pas beaucoup d'animaux, j'entends seulement les oiseaux. Le nombre de plante différentes est impressionnant, il y en a des dizaines et des dizaines. j'en connais certaine, mais par rapport à la quantité présente, je n'en connais qu'une infime partie. Certaines fleurs sont magnifiques, tellement belles que je me demande ce qui se cache sous cette apparence, peut-être des poisons mortels à quiconque les touche, qui sais ?
Pour l'heure j'ai encore assez de nourriture pour quelques jours en me rationnant, je préfère ne pas toucher aux plantes que je ne connais pas. Si cela devient une question de vie ou de mort, j'y songerais peut-être.

J'arrive au bout du bout du chemin, dans quelques mètres, je n'aurais plus aucuns repères, je pense que si je fais demi-tour, premièrement je me décevrai moi-même, et deuxièmement, je ne suis pas sûre de retrouver l'endroit où je suis entrée, le chemin était long, sinueux, étroit et n'était pas continu, il est entrecoupé de parties ou le seul moyen d'avancer est de passer au travers des ronces et des fougères. Et cette fois ci, je ne vois rien qui puisse m'indiquer la route à prendre pour continuer à avancer. Je décide donc de continuer tout droit, ou du moins d'essayer de continuer tout droit. Puisqu'il est difficile de se repérer, on est rapidement désorienté et on ne sais plus d'où l'on viens, et on tourne en rond sans s'en rendre compte. Et la triste loi du marcheur égaré est que lorsque l'on est perdu, on marche plus vite, et plus on avance, plus on se perd, c'est un cercle vicieux, alors je vais tout faire pour ne pas rentrer dedans, rester calme, avancer sans avoir peur, et continuer à vivre quoi qu'il arrive.

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