Chapitre 7

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J'ouvre les yeux sans comprendre où je suis, est-ce cela la mort ? Je ne me sens pourtant pas différente de d'habitude. Dans la direction ou je regarde, je vois un plafond parfaitement normal, je suis dans une maison qui me semble bel et bien appartenir au monde des vivants. Lorsque je sens la douleur réapparaître au niveau de mon genou, je comprends que j'ai tout simplement été trouvée par un des habitants du village puis ramenée ici. Une peur relativement violente fait alors irruption dans mo esprit, et si j'étais reconnue ? Et si j'étais renvoyée à l'orphelinat ? Je ne veux pas y retourner, je me met à paniquer tout en essayant de réfléchir à un moyen de me sortir de ce mauvais pas. J'entends du bruit près de la porte, je ferme les yeux et fait semblant de dormir, je saisis un couteau que javais accroché à ma ceinture quelques jours plus tôt, et m'élance sur la personne étant entrée, c'est une jeune femme qui d'ailleurs, ne s'attendait absolument pas à être attaquée. Je profite de cette situation pour la renverser et lui mettre le couteau sous la gorge, je m'apprête à parler pour lui demander de me laisser partir sans rien dire quand elle renverse la situation en un instant en me donnant un violent coup dans le genou, je la ce un cri étouffé et la laisse se relever à contre cœur. La douleur fait apparaître des points noirs devant mes yeux, je ne bouge pas en espérant réduire la douleur, je suis allongée sur le côté, quelques larmes ont réussi à passer, mais j'essaie de me retenir de crier plus que je ne l'ai déjà fait. Peu à peu, la douleur se calme, la fille elle me regarde d'un œil mauvais, j'essaie de dire quelques mots mais tout ce qui parvient à sortir sont des borborygmes inintelligibles. Un jeune homme entre alors, probablement alerté par mon cri.
"Marion ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
Il se précipite vers moi et m'aide à me relever, il m'assois sur le lit et semble attendre une réponse. La fille réponds après un temps. "Cette sauvage s'est jetée sur moi sans aucune raison, en plus je pense que c'est une attardée, elle ne sais pas aligner deux mots !
-Marion, tu étais peut-être un modèle de sagesse à ton arrivée ?" La dénommée Marion tourne la tête en faisant une moue dédaigneuse.
"Bon je te laisse avec l'attardée" a-t-elle finalement répondu. Elle s'en va en semblant plutôt énervée qu'il ai pris ma défense. Pour ma part, je me concentre encore pour réduire la douleur, il reporte son attention sur moi près quelques instants et me lance un sourire franc.
"Désolé, Marion est un peu... comment dire ?
-Insupportable ?
-J'allais plutôt dire difficile à vivre, mais ça marche aussi. Bon, comment te sens tu ?
-J'ai vu pire.
-Tu me dis que tu as vu pire, alors il faut que tu saches que tu as quand même le haut du Tibia et la rotule fêlés.
-Oui et b... Attends, quoi ?
-Je ne sais pas comment tu t'es débrouillée, mais tu ne t'es pas ratée, ça va prendre du temps pour que tu puisse à nouveau marcher normalement, et pendant ce temps là, désolé de te l'apprendre, mais tu va devoir rester en compagnie de Marion. Je sais que tu vas demander pourquoi, et je te réponds avant, c'est la règle, toute personne que arrive dans Le Village doit rester chez la personne précédente qui y est arrivé jusqu'à ce quelle soit guérie des blessures qu'elle a pu se faire dans la forêt.
-Tu es en train de me dire qu'on est encore dans la forêt ?
-Bien sûr, où croyais tu être ?
-Et bien, comme je me suis évanouie alors que je voyais le village, j'ai cru que j'avais trouvé la sortie de la forêt.
-On ne me l’avait jamais faite celle là, en tout cas, nous sommes bel et bien dans la forêt. Tu veux sortir un peu de la maison, tu te sens capable de bouger ?

J'acquiesce, peu sûre de moi, il me tend son bras que je saisis timidement. Je pose ma jambe droite prudemment sur le sol, je ne ressens rien de désagréable et m alors à poser le pied gauche.

-J'éviterai moi à ta place. Les os sont extrêmement fragiles lorsqu'ils sont en pleine guérison. Si tu pose le pieds par terre, tu risque juste d'aggraver le cas. Et par la même occasion, de rester plus longtemps ici que tu ne le souhaiterais.

-Tu es sûr que c’est fêlé ? Enfin, je veux dire, en soi je ne me suis pas cognée le genou, il a juste été soumis à la gravité.

-J’avoue ne pas saisir…

-Je suis juste tombée d’un arbre ; cette partie là est due à la gravité ; et je me suis rattrapée in-extremis à une branche, mon genou a juste dû supporter mon poids, et je ne comprends pourquoi il se serait fêlé, il n’a concrètement subi aucun choc.

-il a du supporter ton poids plus la force de la chute, car je suppose que tu est tombée de haut ?

-Eh bien, je ne sais pas. Mon attention était focalisée sur autre chose. Mais oui, probablement.

-C’était loin d’ici ? Car le fait de marcher après un choc pareil n’a pas du aider non plus.

-J’ai marché pendant quatre jours avant de tomber sur le village, et j’ai trébuché sur une racine, ce qui m’a fait perdre connaissance, et tu connais la suite de l’histoire.

Il me regarde avec étonnement puis son visage s’illumine d’un sourire, il s’éloigne alors en me faisant signe de l’attendre. Je suis debout sur une jambe, au milieu d’une pièce munie d’un lit de camp et d’un évier, j’espère qu’il reviendra rapidement, je ne tiens pas à me déplacer sans aucun point d’appui. Il reviens quelques instants plus tard une béquille de fortune à la main, je le regarde avec reconnaissance, il me sera en effet plus facile de marcher avec quelque chose de solide sous le bras. Je m’avance prudemment vers la sortie en essayant de faire bouger le moins possible ma jambe gauche. Arrivée au niveau de la porte je m’arrête et détaille le village qui se dévoile devant moi. Une vingtaine de maisons sont disposées en cercle autour d’une place de terre battue, derrière les maisons sur ma gauche, je vois un léger scintillement, probablement un ruisseau, de l’autre côté j’aperçois des silhouettes s’activer dans ce qui me semble être des champs. Les maisons sont à peu près toutes semblables les une aux autres, des murs de pierres blanche surplombés de toits en ardoise, plutôt basses, probablement toutes sans étage, excepté une, que je soupçonne être un bâtiment important pour le village. Les maisons ont beau être particulièrement simple, je ne peux m’empêcher d’être apaisée en ces lieux. Il règne un air de simplicité et d’amour au sein de ce village, l’air est pur, il fait beau, les oiseaux chantent, j’ai l’impression d’être dans un village parfaitement normal alors que nous sommes au beau milieu de la forêt interdite, un lieu maudit réputé pour rendre fou les Hommes.

Je m’appuie sur la béquille et fait quelques pas au dehors de la maison. Lui, qui était encore derrière moi, me double et me fait signe de le suivre. Tout en avançant, je l’observe attentivement, il a les cheveux un peu courts, brun, les yeux bleu, d’un bleu que je ne saurai définir, Il ne semble pas beaucoup plus âgé que moi, il doit être mon aîné de deux ou trois ans seulement mais il me dépasse pourtant de presque une tête, il faut dire aussi que je ne mesure qu’un mètre soixante. Il a un nez relativement fin et des lèvres fines également. Il tourne légèrement la tête vers moi et voit que je l’observe à la dérobée, je détourne alors rapidement le regard et fait comme si de rien n’était. Je l’entends rire à côté de moi, je le regarde alors à nouveau avec une lueur de défi dans les yeux.

-Regarde devant toi au lieu de m’observer comme une bête de foire, dans ton état, tu risque juste de tomber de façon ridicule au milieu de la place.

-Je ne vais pas tomber, le sol est parfaitement lisse. Où m’emmène tu ?

-De l’autre côté.

-Comment tu t’appelles ?

-Tu as l’art et la manière de changer de sujet.

-Et toi, tu as l’art et la manière de ne pas répondre à mes questions.

Il me réponds avec un sourire et continue de marcher vers « l’autre côté ». Je le suis tant bien que mal en réfléchissant à la prochaine question que je compte lui poser. j’aurais mes réponses, il va bien finir par me les donner.

« Bienvenue dans la Maison Commune tu vas y rencontrer Erik, le premier à avoir mis les pieds ici, et je m’appelle Eären.* » a-t-il conclu en m’ouvrant la porte avec courtoisie. J’entre dans la bâtisse en scrutant avec attention le décorum de la pièce. Il n’y a rien d’accroché aux murs, le sol est recouvert de carrelage noir et blanc en damier. Quelques meubles sont disposés ça et là contre les murs, et quelques sièges sont disposés devant une cheminée éteinte. Je sens Eären poser sa main sur mon épaule, cela me rassure quelque peu, je ne sais pas qui il est, mais ce Erik a un goût étrange pour la décoration, c’est trop froid, trop impersonnel.

« Ne t’en fais pas, il ne vit pas dans cette partie de la maison, ce hall est assez étrange quand on y entre pour la première fois, c’est parfaitement normal que ça te fasse cet effet. Erik vit à l’étage, attends nous ici, assieds toi si tu veux, je vais le chercher. »

Il s’éloigne vers un escalier placé non loin de la cheminée je le regarde monter avant de focaliser mon attention sur la pièce, c’est plutôt spacieux, je préfère explorer que de m’asseoir. Je me dirige vers l’escalier et me rends compte qu’il y a un espace aménagé derrière ce dernier, d’autres chaises y sont entreposées. Elles sont toute différentes, certaines semblent plus ancienne que d’autres, elles ont probablement été fabriquées sur place par les habitants. Aux vues des dimensions de la pièce, je pense qu’une trentaine de personnes peuvent y être en même temps sans se gêner le moins du monde. Juxtaposée à cette pièce, sur la droite, se trouve une salle avec un meuble sur lequel est posé un bac en bois vide. Sur la gauche se trouve probablement une autre pièce, mais la porte étant fermée, je n’ose pas vérifier. Je repars vers la pièce principale et attends. Je ne m’assois pas, et attends sans rien faire pendant quelques minutes. J’entends finalement des bruits de pas provenant des escaliers, et je vois ré-apparaître Eären suivi de près par celui qui doit être Erik. Il est chauve, pas très grand, il semble relativement âgé, et arbore un sourire bienveillant.

-Bonjour mademoiselle, bienvenue dans Le Village. J’espère que vous vous y sentirez chez vous rapidement. Je me prénomme Erik, et il n’y a rien d’autre d’intéressant à dire à mon sujet. Mais je sens que vous, vous avez des choses intéressantes à raconter. Depuis combien de temps êtes vous entrée dans la forêt ? Le gens du dehors sont-ils toujours aussi barbants et peureux ? Pourquoi êtes vous partie ? Vous n’avez pas été chassée au moins ? Comment vous appelez vous ?

-Je trouve que ça fait beaucoup de questions d’un coup, et la seule que j’ai retenu est la dernière. Je m’appelle Amélie.

-Excusez moi. j’ai beaucoup de choses en tête, alors je préfère tout dire d’un coup, c’est une vielle habitude. Vous avez un nom de famille je suppose ?

-Non. Je viens de l’orphelinat, et ils n’ont pas jugé bon de m’en donner un.

-Je vois. Vous êtes la première personne que je rencontre qui s’est enfuie d’un orphelinat pour s’enfoncer dans une forêt mal-famée.

-C’est peut-être dû au fait que cette forêt est mal-famée, ou alors, peut-être que personne d’autre ne s’était échappé ; avec succès ; d’un orphelinat auparavant.

-Effectivement, cela peut-être l’un, l’autre, ou les deux possibilités. Je dois m’excuser encore une fois, mais je pense que la suite des présentations devra se faire une autre fois, je n’ai que peu de temps devant moi avant d’aller continuer mes recherches, aujourd’hui est un jour spécial, cet évènement n’arrive qu’une fois tous les six ans, et voyez vous, je ne suis pas sûr d’être encore là dans six ans. Je laisse Eären vous raccompagner, il connaît le chemin. Et d’ailleurs, ça ne devrait pas être Marion à ta place Eären ?

-Eh bien… je… je me suis proposé car elle…j…

-Elle avait une chose urgente à faire, une chose que personne d’autre ne pouvait faire à sa place. » Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça, elle doit être en train de ne rien faire, pour sûr, personne ne peux le faire aussi bien qu’elle je suppose. Eären me regarde avec de grands yeux, il sait aussi bien que moi que je n’ai pas la moindre idée de ce qu’elle est en train de faire. Toujours est-il que cette réponse semble satisfaire notre hôte, qui regarde Eären avec des reproches pleins les yeux.

« Ah, mon petit Eären, tu es trop gentils, cela te perdras. Je vous laisse regagner la sortie sans , vous trouverez bien la porte tout seuls. »

Il s’est ensuite retourné et a remonté l’escalier sans autre forme de procès.

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