Chapitre 7

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Fort Kesnia, Sudéranie, Utopia, 6 juillet 2010

Fort Kesnia, jadis cité militaire, aujourd'hui capitale du royaume de Suderanie. Bien qu'il s'était déjà rendu à plusieurs reprises dans les Royaumes-Unis, Jo n'avait jamais mis les pieds en Suderanie. Il en avait néanmoins déjà entendu parler à plusieurs reprises.

Tous comme les autres Etats composant les Royaumes-Unis, il s'agissait d'un endroit assez archaïque. Très en retard technologiquement parlant, par rapport à d'autres nations humaines telles que l'Empire, le Véerème ou encore le Efdéème. À leurs yeux, l'Empire apparaissait comme futuriste, lorsque leur royaume apparaissait comme magique et merveilleux aux yeux des Impériaux. Le royaume ressemblant presque trait pour trait à ceux des contes de princes et princesses. Et pour cause, certaines de ses histoires s'y déroulaient ou se passaient dans un royaume fictif directement inspiré des Royaumes-Unis.

Bien qu'elle était en retard technologiquement parlant, la Sudéranie, ou Sudérania, disposait néanmoins de centres médicaux de pointe, bien que gérés par des groupes étrangers, principalement véerèmois. Le Véerème y assurant depuis plusieurs décennies une présence militaire, conformément aux accords de la paix des trois, signés entre le Véerème, le Nord-Véerème et les Royaumes-Unis. Ainsi, en plus de disposer d'hôpitaux modernes, le territoire sudéranien comportait également une base aérienne véerème.

Elle avait pour but d'assurer un déploiement plus rapide des forces aériennes véerèmes en cas d'attaque ennemie dans la région. Cependant, après la perte de puissance qu'accusait le Véerème depuis la fin de la dernière guerre, cette présence était moins dissuasive. La Sudéranie devait alors se tourner vers les Impériaux, désignés comme la nouvelle superpuissance militaire utopienne, succédant à plusieurs siècles de domination véerème et efdéème.

C'était la raison pour laquelle l'Empire avait décidé d'envoyer une délégation à la rencontre du roi Damian de Sudéranie.

Cela faisait quelques minutes qu'Ewan Robb et cinq autres officiers supérieurs Impériaux étaient en discussion avec le roi et ses conseillers. X était également présent en tant qu'observateur. Il aurait préféré rester auprès de ses amis qui avait été affectés à la surveillance de la navette avec un groupe de soldats Impériaux. Mais Ewan Robb avait préféré qu'il l'accompagne jusqu'à cette réunion. Comme s'il se sentait plus rassuré de le savoir à ses côtés. Alors il fit l'une des choses pour lesquelles il s'estimait être le plus doué : observer, sans vraiment écouter ce qu'il se disait. Il porta son attention sur les détails et l'apparence des personnes présentes dans la pièce. Le roi Damian était un homme approchant la soixantaine, assez grand, les cheveux gris, le crâne légèrement dégarnis, un air stricte et sérieux. Un personnage qui dégageait une certaine assurance. Assez autoritaire disait-on.

— L'attaque amal'gurienne contre le Nord-Véerème n'était pas un cas isolé, annonça Robb, intéressant soudainement X. Les guerriers de l'ombre ont été confirmés lors de plusieurs opérations commando à travers le monde.

— Oui, répondit Damian. Mais... J'ai cru comprendre que vous aussi aviez lancé une attaque contre l'une de leurs cités. Et que vous aviez remporté la victoire haut la main.

— C'est vrai, oui.

— Pourquoi avoir attaqué cette cité ?

La question posée par le roi était somme toute légitime. Robb mit quelques secondes avant de répondre.

— Nous l'avons fait en réaction à leurs attaques. Notamment celle perpétrée contre le Nord Véerème, afin de leur montrer que nous aussi disposons d'une force de projection, bien supérieure à la leur. Mais pour le moment, nous ne comptons pas poursuivre les hostilités. Nous comptons avant toute chose, stabiliser le continent et former une alliance contre l'empire de l'ombre le cas où il continuerait ses actes belliqueux.

— Oh... Mais le roi Gabryell VI m'a déjà offert son soutien. À la Sudéranie et à tous les Royaumes-Unis.

La nouvelle surprit au plus haut point la délégation Impériale. Le fait que les Elfes demandent alliance à un peuple Humain était quelque chose d'assez rare. Leur fierté les poussant bien souvent à croire qu'ils pouvaient affronter tous les problèmes seuls.

— Eux aussi sont inquiets de la montée en puissance des amal'guriens, continua le monarque. Et pour ne rien vous cacher... Ils ont également inquiets de... votre montée en puissance.

Ces mots choquèrent les Impériaux qui ne voyaient pas où les Elfes avaient voulu en venir.

— Pacifia a tout à fait conscience que vous n'êtes pas le Efdéème, ou Amal'Gur, reprit le roi. Mais les Elfes ont des doutes concernant votre capacité à générer et préserver la paix.

— L'armée Impériale est la plus puissante d'Utopia, lança X à la surprise de tous. Personne n'osera la défier, elle ou ses alliés.

Ewan Robb était médusé par ce que venait de dire son ami. Le ton que Jo venait d'employer laissait croire qu'il était ardument convaincu de ce qu'il avançait. C'était tout en son honneur de croire en la force de la nation qui l'avait receuilli il y avait de cela dix ans. Mais Ewan Robb savait qu'aussi efficace et forte que pouvait l'être l'armée Impériale, elle n'était pas invincible. Pire que ça, elle n'avait pas l'expérience que pouvait avoir l'armée véerème. L'armée Impériale était jeune et inexpérimentée. Après la victoire contre le Efdéème et le rôle qu'avait eut la flotte Impériale lors de l'opération Voyage au fil du temps, l'opération qui porta le coup fatal à l'armée efdéème, nombre de jeunes Impériaux voulurent s'engager. Six mois après la fin de la guerre, les effectifs de l'armée Impériale avait augmenté de vingt-cinq pourcent. Trois ans plus tard, la machine militaire Impériale représentait trois l'effectif qu'elle avait à la fin du conflit.

— Nous avons l'une des armées les plus puissantes au monde, ajouta Robb, c'est vrai. Mais ça ne nous met pas à l'abri d'une guerre. On peut garantir à nos alliés qu'on leur viendrait en aide si besoin est. Mais pas qu'ils n'auront pas a subir les conséquences d'une éventuelle nouvelle guerre globale. On ne connait rien des effectifs de l'armée de l'ombre.

Le monarque sudéranien acquiesça face aux propos plus nuancés du général Impérial.

— Certes. Mais nous savons tous que les Elfes n'ont pas les moyens de contrer une armée comme celle d'Amal'Gur. Alors que vous, oui.

— Nous ne savons pas grand chose de l'armée amal'gurienne, ajouta un conseiller du monarque.

— En effet, lui répondit Damian avant de s'adresser au général Robb. Mais l'armée Impériale... Votre armée, est sans doute mieux à même de nous venir en aide en cas d'attaque amal'gurienne. En tout cas, très sincèrement, je vois mal les Elfes faire quoi que ce soit avec leurs escadrilles de Griffons et leur cavalerie Licorne.

Cette pensée agaça Jo. Il était vrai que les Elfes s'étaient toujours retrouvés dépassés par les armées humaines. Et cela depuis plusieurs siècles. Mais cela n'empaichait pas les Elfes de disposer d'unités efficaces, parmis lesquelles les célèbres Traqueurs Elfes qui figurait parmi les guerriers les plus redoutables d'Utopia. Jo avait grandi bercé par leurs aventures.

— Ne sous estimez pas l'efficacité des traqueurs Elfes, ajouta X, sous les yeux médusés d'Ewan Robb. Ils ne sont peut-être pas aussi avancés que nous, mais ils connaissent Pacifia mieux que quiconque. Ils sont experts en Masta'a et ont l'avantage du terrain. Leur terrain.

— Mais malgrés leur brillante efficacité, ils n'ont pas résisté et se sont vite retrouvés dépassés par les armées robotiques et la puissance de Jack Lorage, lui répondit le roi.

Vous aussi, avait envie de dire Jo.

— Excusez-moi, dit Robb au roi avant de se tourner vers son ami. X, s'il te plait. Nous sommes en pleine négociation.

Le garçon fit un signe de la tête en guise d'excuse. Il n'était pas très à l'aise dans ce genre de situation. Bien qu'il n'était pas Impérial d'origine, il avait très vite intégré leurs valeurs et leur doctrine, détestant ainsi le luxe et le fait qu'il puisse exister des personnes riches lorsqu'il en existait des démunies. Il haïssait plus que tout l'arrogance des riches. Toujours à se croire supérieurs aux moins fortunés. Le monarque sudéranien ne faisait pas exception, sous-estimant l'armée pacifienne, alors que celle-ci, bien qu'inférieure à l'armée Impériale, était largement plus puissante que l'armée sudéranienne composée d'à peine dix-mille hommes, ridiculement armés. S'il prenait l'envie à Pacifia d'envahir la Sudéranie, ça leur prendrait une grosse journée tout au plus.

Le garçon décida qu'il avait passé assez de temps dans cette salle et annonça au général Robb qu'il sortait pour rejoindre son équipe, affectée à la surveillance de la navette.

Robb de son côté, savait ce que ressentait le garçon. Comme tous les Impériaux, lui aussi n'appréciait pas le luxe et les privilégiés en général. Mais contrairement à Jo, il savait prendre sur lui et faire passer les intérêts généraux avant la philosophie Impériale.

— Voici ce qu'on vous propose, reprit Robb. Vous nous autorisez l'installation d'une base aérienne afin qu'on puisse y stationner des chasseurs RX-01 dans votre royaume et en échange, l'Empire vous garanti la protection tout en vous aidant à moderniser votre armée.

Le roi n'eut aucun mal à accepter la proposition si alléchante. L'accord ne représentait que des avantages pour la Sudéranie.

— Alors nous sommes d'accord, dit-il.

Robb salua le monarque dont l'un de ses conseillers était en train d'apporter une liasse de papiers que les Impériaux durent signer. Il s'agissait de l'accord et de cartes montrant où l'installation de la base Impériale pouvait se faire.

Une fois tous les documents signés, les Impériaux s'apprêtaient à prendre congé, lorsque le roi les retint.

— Restez encore un peu, lança-t-il. Vous arrivez au moment du grand tournoi.

Robb adressa un regard interrogateur à ses conseillers.

— Chaque année, reprit le roi, nos meilleurs épéistes s'affrontent. Le champion en titre a d'ailleurs du sang Impérial. Par sa mère si je ne m'abuse. Venez, je vous invite.

Ewan regarda les autres officiers qui l'accompagnaient. Tous n'y voyaient rien à redire. Robb accepta ainsi l'invitation.

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