Londres

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 Le Royaume-Uni m'a toujours fascinée. Son Histoire, sa culture, ses habitants, ses paysages et même sa gastronomie. Du coup, quand je l'ai rencontré pendant les vacances, je me suis naturellement rapprochée de lui. Vous vous demandez peut-être de qui je parle ? De mon crush bien sûr. Le ténébreux Scott.

 Nous nous sommes rencontrés sur la plage, du côté de Nice. Un univers complètement opposé à la grisaille anglaise, une chaleur étouffante contrastant avec l'humidité et la pluie qu'il connaissait. Si je l'ai approché, c'est parce que je voyais que sa peau blanche devenait rouge vif sous les assauts du soleil, et s'il ne se protégeait pas mieux, il risquait l'insolation. J'avoue que je l'ai aussi abordé parce que je l'ai tout de suite trouvé beau.

 Il était là pour quelques jours seulement et nous avons passé un maximum de temps ensemble, apprenant à nous connaître. Je lui ai fait découvrir le vrai Nice, loin des attrape-touristes, où manger un morceau ne coûte pas un rein et où boire un verre n'implique pas un appel de sa banque le lendemain. Il me faisait rire, souvent... tout le temps en fait. Je n'avais même pas à me forcer, comme avec d'autres. Et quand il me parlait de Londres, il avait des étoiles dans les yeux. Il y était né et il comptait bien y vivre tout le reste de sa vie.

 Je ne voulais pas qu'il reparte, mais il n'avait pas le choix. Il devait reprendre le travail après ses quelques jours de vacances. En tant que coach sportif, il avait des clients qui l'attendaient (et ça expliquait ses muscles si bien dessinés sous ses t-shirts moulants). Nous étions tous deux assez tristes de son départ. Des sentiments avaient commencé à naître entre nous et nous nous étions même embrassés quelques jours après notre rencontre. Nous nous tenions la main dans les rues, naturellement, et cela s'était fait sans même que nous nous en rendions compte.

 Nous avons échangé nos numéros, nos instas et autres réseaux, jusqu'à nos adresses, pour garder contact. Scott et moi n'avions pas peur d'entamer une relation à distance. De toute façon, à part ses potes, personne ne l'attendait. Ses parents avaient déménagé dans la campagne angaise et il n'avait pas eu de copine depuis plusieurs mois. Vous pourriez penser que j'étais folle de le croire ! Surtout que je ne pouvais pas vérifier ce genre d'infos... Ou pas ! N'oubliez pas qu'avec les réseaux sociaux, on peut tout savoir ou presque. Non, je ne l'ai pas fliqué. Je me suis dit qu'il ne m'aurait pas donné tous ses contacts si il était en couple. J'ai juste regardé ses photos instagram, le soir, avant de m'endormir, pour qu'il soit réellement la dernière personne que je voyais en fermant les yeux.

 Cela a duré presque un an. La distance était parfois compliquée, mais il essayait de venir quelques week-ends par-ci, par-là. J'aurais voulu en faire autant, mais étant étudiante, en dernière année d'arts appliqués, ma bourse était bien trop serrée... Par contre, il était prévu que je le rejoigne à la fin de mes études, si j'arrivais à trouver un travail dans une galerie londonnienne. C'était mon rêve depuis toute petite et mes parents le savaient. Et puis, ils adoraient Scott. Leur seule exigeance, c'était que je vive seule pendant quelques mois. Le temps de voir si notre relation à Scott et moi fonctionnerait aussi bien sur place qu'à distance. Je comprenais leur inquiétude et promis.

                    ***

 Quelques semaines après avoir obtenu mon diplôme, avec les honneurs, une des galeries que j'avais contactées avait accepté de me reçevoir en entretien pour un poste qui me correspondait parfaitement. Le salaire était décent, et surtout, l'emploi du temps me laissait suffisamment de moments de libre pour dessiner et peindre.

 Découvrir Londres fut un choc... de températures. Je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse aussi froid en cette fin du mois d'août, habituée que j'étais aux plus de trente degrés estivaux de ma côte adorée. Je n'étais encore jamais venue en Angleterre, et tout ce que j'avais vu de ce pays était à travers des films, des séries et des documentaires.

 Je ne savais plus où poser les yeux. Tout était différent de ce que je connaissais tout en étant familier. Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti ça ? J'avais, par exemple, découvert le London Eye dans Dr Who, et le découvrir tout en l'ayant déjà vu ça m'a fait bizarre.

 Scott était venu me chercher à la sortie de l'Eurostar (quel amour) et avait même offert de s'occuper de mes bagages (un vrai gentleman) avant de m'emmener manger un fish & chips devant la fameuse grande roue, si célèbre. Pour faire plaisir à mes parents, j'avais pris une chambre d'hôtel le temps de me trouver un appartement et mon chéri avait déjà mis de côté des annonces qui pourraient m'intéresser, proches de mon (peut-être) futur travail. Quand je vous disais que c'est un amour cet homme.

 Ne voulant pas mettre la charrue avant les boeufs, j'ai décidé d'attendre de savoir si j'avais le poste ou non. En cas de refus, il me faudrait rapidement trouver un emploi si je voulais rester sur le sol anglais et je ne voulais pas me précipiter dans des démarches qui seraient inutiles si la galerie me disait que, finalement, je ne correspondais pas à leurs attentes.

 Je ne vous raconterai pas la scène de retrouvailles dans la chambre d'hôtel, elle ne concerne que mon amoureux, moi et les quelques personnes qui auraient pu nous entendre...

 Les deux jours qui ont suivi étant le week-end, j'en profitais pour visiter la ville. Scott m'accompagnait et, comme je l'avais fait pour lui, il me montra les endroits qui en valaient la peine et qui n'allégeraient pas trop mon portefeuille. En parfait gentleman, il paya pour les restaurants et les bars mais je refusais qu'il paye pour les babioles qui me faisaient envie, sauf quand il me prenait de vitesse. J'ai dû apprendre à dégainer mon portefeuille à la Lucky Luke pour payer ce que je voulais avant lui.

 Finalement, j'ai eu le poste et j'ai pu commencer les démarches pour mon visa, mon appartement et tout ce que ça impliquait, tout en allant travailler. Heureusement, mes patrons étaient compréhensifs et ils m'accordaient assez facilement quelques heures de temps en temps pour les visites et les rendez-vous administratifs.

 Un des logements que je visitais fut le bon au premier coup d'oeil. Ni trop grand, ni trop petit et surtout très lumineux, avec une vue sur la Tamise et assez proche de la galerie pour que je puisse y aller à pieds ou à vélo. Le loyer était un poil plus cher que d'autres logis potentiels que j'avais pu voir, mais il était parfait pour moi. Je savais vivre de peu grâce à ma vie étudiante et j'étais une pro des DIY et des bons plans pour vivre bien et à pas cher.

 Scott m'aida à acheter des meubles de seconde main et à les monter chez moi, il m'aida également pour la paperasserie et il alla même jusqu'à se porter garant pour moi. Le plus compliqué a été de me faire envoyer le reste de mes affaires de France. Surtout mon matériel de peinture qui prenait beaucoup, beaucoup de place... Mais j'en avais besoin ! Surtout que j'avais une idée de small business que je voulais lancer en parallèle de mon travail... C'est pour ça que j'étais contente d'avoir des moments libres dans la semaine...

***

 Cela fait maintenant dix ans que je suis à Londres. Scott et moi sommes mariés et avons deux enfants. Deux terreurs qui adorent aller voir leurs grands-parents à Nice et se dorer la pilule sur la plage en été plutôt que de se geler en Angleterre. Mon small business fonctionne super bien et j'ai évolué dans la galerie au point de parfois exposer mes tableaux représentant mes endroits favoris.

 J'ai gardé mon petit appartement comme pied-à-terre pour travailler tranquillement, il avait trop d'avantages pour que je le rende ! Mon ancienne chambre sert d'entrepôt pour ma boutique en ligne et le salon est devenu mon atelier.

 Mes parents viennent de temps-en-temps nous rendre visite. Ils ne détestent pas Londres mais ne s'habituent toujours pas à devoir porter une veste en été. Ils adorent mon homme, qui le leur rend bien et sont des grands-parents modèles pour Rose et Jack (on sent que j'aime un certain film impliquant un navire et un naufrage tragique... mais surtout une magnifique histoire d'amour...).

 Chaque jour, je me réveille avec le sourire parce que la première personne que je vois, c'est Scott qui me regarde amoureusement. Et chaque soir, je m'endors heureuse parce que je n'ai plus besoin de scroller sur mon téléphone pour voir des photos de l'homme de ma vie. Je l'ai en vrai, paisible dans son sommeil ou passionné dans nos étreintes et cela fait de moi la femme la plus heureuse du monde (non je n'exagère pas... je ne vois pas ce qui vous fait penser ça...).

 Je repense parfois à notre première rencontre à Scotty et moi et je me dis que j'aurais pu passer à côté de lui sans me soucier de ses coups de soleil sans savoir que je passerais à côté de l'homme fait pour moi... Quel cauchemar !! Dans ces moments-là, je me tourne vers lui et la réalité reprend le dessus. Une réalité dont je n'aurais jamais osé rêver un jour. Une réalité parfaite.

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