Chapitre

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Georgette est une septuagénaire tout ce qu'il y a de plus commun. Elle est née dans une bourgade du sud de la France avec ses 5 frères et sœurs. Elle était l'ainée de la fraterie. Ce qui inclut un bon nombre de responsabilités pour la petite fille qu'elle était. Sa mère vivait au foyer, s'occupait des tâches ménagères les plus ingrates afin d'éviter au valeureux chef d'entreprise, qu'était son père, de ne se fatiguer davantage. En effet, elle vivait tout proche de la superette présidée de main de maitre par ce dernier. Elle a vécu une vie des plus standard dans le foyer familial à jongler entre l'école et les tâches ménagères, les crises de nerfs du plus petit des enfants et les colères de son père, toujours plus fatigué de devoir assurer son rôle.

Georgette a rencontré un homme, brave et vigoureux. Lui aussi propriétaire d'une supérette. Qui avait la chance de lui permettre d'accomplir son travail de mère au foyer qu'elle sait assumer à la perfection du fait d'avoir toujours su exercer dans ce domaine. Elle ne travaillait pas car l'argent ne lui était pas réservé, cela n'était pas son rôle. Elle savait rester à sa place c'était important.

Georgette a donc élevé ses trois enfants jusqu'à ce que ces derniers partent du foyer s'épanouir. Pour l'un d'entre eux d'une carrière dans la grande ville de Paris et les deux autres dans des carrières réservées à des niveaux d'étude supérieur dans des pays en voie de dévellopement. Des opportunités comme cela, ça ne se manque pas.

Georgette fait donc son bout de chemin et achète à une offre immanquable un petit appartement dans la banlieue de sa ville dans ses fameux nouveaux immeubles, avec l'accès à toutes les commodités, tous les petits commerces dont celui de son mari. Quel chance de pouvoir sortir de chez soi acheter des fleurs, du pain, des cigarettes pour Jean Jacques, ah oui je ne vous ai pas dit qu'il s'appelait Jean Jacques, les petits légumes du marché... rentrer faire la popote et regarder la télévision ce nouvel outil incroyable qui permet de découvrir le monde dans une boite.

Georgette a perdu son mari.

Georgette n'a plus d'argent, car c'était son mari qui ramenait le salaire du foyer et il s'est bien gardé de lui dire que son entreprise était sur les roses depuis l'installation de l'hyper à 10 minutes en voiture de l'appartement. Jamais Georgette n'avait autant regretté d'avoir acheté un steak dans ce commerce.

Georgette a vu que ses voisins partaient.

Georgette avait compris que cet appartement n'était que de la poudre aux yeux, c'était évidant en même temps. Une fois que la magie de l'innovation disparait, c'est comme vivre en cage. Comme un élevage en batterie. Un tas d'humains qui s'évertue à vouloir vivre les uns sur les autres dans l'idée d'être moins seul finalement. Sauf qu'aujourd'hui Georgette est seule. Toutes ses copines sont parties vivre à la campagne, son mari est mort, ses enfants sont loin et elle est coincée là, sans les moyens financiers de pouvoir se barrer loin de cette vie casanière.

Georgette n'a plus envie. Elle voit la vie défiler devant elle sans but. La population autour d'elle changer, le niveau de vie dans son quartier baisse également. Aujourd'hui elle se faufile de peur car les jeunes dans le hall la dévisagent. Elle est persuadée qu’ils en veulent à sa personne, peut être à son argent. En tout cas, elle est persuadée qu'ils ne lui veulent pas du bien. Du coup, ses journées sont rythmées entre rester à la maison devant ses émissions favorites et la sortie hebdomadaire pour acheter de quoi manger.

Georgette depuis peu à une nouvelle occupation, elle voit un médecin sur le conseil de sa fille, qu'elle a réussi à avoir au téléphone pour la première fois cette année. Il ne faut pas lui en vouloir car elle est très occupée ces derniers temps. Son médecin, ce brave type, a décelé que ça n'allait pas fort chez Georgette. Elle avait les traits tirés, la dernière fois qu'elle avait pris soin d'elle appartenait à une autre époque. Elle ne savait pas faire cela, elle prenait soin de sa famille mais jamais elle avait eu l'opportunité d'apprendre à s'occuper d'elle.

Georgette sortit avec une prescription de plein de pilules qu'elle s'empressa d'aller essayer chez le pharmacien du coin.

Georgette est heureuse aujourd'hui, elle n'a plus peur des jeunes dans le hall, elle fait toujours ces courses au supermarché une fois par semaine et à deux nouvelles sorties régulières: médecin et pharmacie.

Georgette n'a plus de nouvelles de sa famille, elle est trop défoncée quand elle répond au téléphone. Elle a fini par dire à ses enfants qu’ ils lui manquaient, ce qui lui a valu un certains nombres de réprimandes sur sa façon qu'elle avait eu de les éduquer, sur la façon dont elle avait laissé mourir papa... Tout cela n'était pas grave car Georgette pouvait passer le cap avec ses pilules. Tout était plus tendre et moelleux avec ces dernières. Tout était plus simple. Georgette n’en avait rien à foutre. Rien à foutre d'être seule, rien à foutre de n'avoir qu'une pension merdique pour s'acheter sa bouffe.

Georgette se sentait bien...

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