Le décor était parfait pour former une situation clichée digne d'un film d'amour pour adolescents. Les mains de Valentin portaient plus Jessica, qui avait ses bras autour de la nuque du jeune homme tandis que ses jambes lui entouraient la taille, elle s'agrippait comme si sa vie en dépendait.

Dans la panique, elle ne s'était pas rendue compte de la proximité que leurs corps entretenaient mais le flash suivi d'un petit bruit la fit revenir à elle. Sa sœur les avait pris en photo, amusée par la situation. Elle se sépara de Valentin, gênée. Lui souriait fièrement, il l'avait toujours taquiné en disant qu'elle finirait dans ses bras, elle l'avait toujours insulté mais il savait très bien à ce moment qu'elle s'en voulait d'avoir perdu, il se sentait en quelque sorte puissant et heureux aussi. Heureux d'avoir pu toucher ses courbes de femme, bien que la situation ne soit pas celle qu’il aurait souhaité, c’était à cause de sa taquinerie, qui aurait pu mal tourner si Emy n’avait pas prévenu que sa soeur ne savait pas nager. Heureusement, rien de dramatique n’avait suivi.

L’ambiance s’était par la suite un peu alourdie, sans pour autant devenir un obstacle à la bonne humeur. Valentin faisait attention à ne pas faire paniquer Jessica ou la mettre en danger par rapport à sa phobie, et le reste de l’après-midi se déroula joyeusement.

Plus tard, alors qu'ils mangeaient des pizzas devant la télé, en se chamaillant une fois de plus, Emy éclata de rire.

— Val.. pour être crédible, tu devrais t'essuyer ! Mais qu'est-ce que t'as foutu pour avoir de la sauce tomate sur le front sérieux ?

— Regardez ce gosse, il ne sait pas manger proprement putain ! Il fait le dur, le beau mais il est incapable d'être propre.

— Ta gueule!

Il s'essuya avec la serviette de bain de Jessica en souriant fièrement, accompagné de son fidèle doigt d'honneur.

— Abruti !

— Stop les gosses, pensez à votre pacte de paix.

Emy ne pouvait se retenir de rire, elle savait que l'un comme l'autre, allaient galérer pour respecter leur pacte et ça l'amusait. Cela leur fera de bons souvenirs.

Ils avaient ensuite passé la soirée devant la télé ou les jeux vidéos, Emy venait d'aller se coucher car il était assez tard, environ trois heures du matin.

Valentin s'était éclipsé pour fumer dans le jardin tandis que Jessica terminait de laver la vaisselle du soir. Elle décida de prendre l’air à son tour, submergée par les émotions refoulées plus tôt dans la journée, suite à sa rupture.

Elle s'assit aux côtés du jeune homme, puis au bout de quelques minutes de calme, elle engagea la discussion.

— Je suis désolée Val.

— Désolée de quoi ?

— De t'avoir jugé, de t'avoir détesté et insulté tellement de fois sans que tu le mérites forcément. Je t'ai jugé à tort, même si tu me provoquais. Vraiment, je regrette un peu nos comportements de gamins, parce qu'en vrai il m'a fallu une seule journée pour t'apprécier, enfin pour me rendre compte que je t'appréciais déjà en fin de compte.

— Je suis désolé aussi, j'ai souvent dépassé les limites niveau respect. Tu n'es pas une chienne ou autres conneries que j'ai pu te sortir. Je vais arrêter d'être irrespectueux avec toi, mais je n'arrêterai pas de te taquiner gentiment parce que ça fait partie de notre "relation", enfin on fonctionne comme ça tous les deux quoi.

— Ouais.

Un nouveau silence se propagea entre eux, mais il était relaxant parce qu'il leur permettait d'assimiler leur conversation.

— Tu veux fumer ? Je veux dire, je sais que t'aime pas ces merdes et tout mais si t'as peur de devenir dépendante, tu n'as pas à avoir peur, une fois ne te fera pas grand chose et puis il y a presque rien dedans. T'es pas obligée, ça pourrait juste un peu te détendre après la journée que tu as passé, et profiter de notre moment, comme pour marquer notre pacte de paix.

Elle hésita quelques instants mais finit par hocher doucement la tête.

— Bon sang, je vais me faire saigner par mes parents !

— Mais non, ça sera notre secret.

Il lui passa le joint, puis elle tira dessus, toussa mais retenta pour habituer sa gorge, avant de le lui repasser. Ils se sourirent puis elle laissa aller sa tête contre l'épaule de Valentin.

— À notre futur.

— À notre futur.

Après s’être détendus au bord de la piscine en parlant sous les étoiles, puis s’étant posés sur le canapé devant la télévision, ils finirent leur soirée endormis, couchés de façon plutôt insolite, l'un sur l'autre.

Un pacte de paix qui les avait rapprochés, apaisant au passage une colère intérieure et remplissant par la même occasion un vide qui persistait en eux depuis bien des années.

Secrètement, Emy espérait voir sa grande sœur et Valentin devenir plus que des amis dans le futur, quitte à souffrir le temps d’oublier ce qu’elle pensait ressentir pour le jeune homme. Elle savait bien, que sa sœur et son très cher ami feraient un couple d’enfer.