Vendredi - Jacques
Eh bien, quoi vous dire... Malheureusement, j'ai si froid, et faim, je ne pourrai pas tenir la plume longtemps. Je vais essayer d'être bref. Je suis vraiment désolé de vous avoir ainsi bousillé vos vacances. Mais j'ai passé d'excellents jours avec vous, avant que nos routes se séparent. J'insiste.
Ma route s'achève sur un désert blanc et immense où rien ne transparaît à l'horizon. Je n'ai aucune idée d'où je suis, et je doute fortement de pouvoir vous retrouver. Mais je m'approche au mieux. Je le sais bien de toute façon, je le sens, c'est la fin de la route pour moi. Et je crois enfin qu'elle a eu du sens. Qu'ayant reçu la vie, j'ai à mon tour offert quelque chose à la vie. Vous savez, rien n'est plus semblable à un nourrisson qu'un autre nourrisson. Et c'est encore vrai pour beaucoup de personnes. Mais un jour, elles découvrent quelque chose, et deviennent incomparables à quiconque. Elles deviennent nobles. Alors la route peut s'arrêter pour elles le soir même. Et franchement, où je suis, c'est pas mal comme fin. Ah ! si le poète était là !
Vous savez, je crois que la vie, c'est un carrefour. Qu'on cherche chacun sa route parmi la multitude. Et que quand on la trouve, faut la serrer de toute son âme. L'important, c'est de trouver sa propre place, parce que, comme on dit, toutes les autres sont déjà prises. Dites-lui, au geek, qu'il va finir par la trouver, sa maison, c'est sûr. Au cinéma, les amnésiques finissent toujours par découvrir leur passé. Et si leur passé est terrible, rien ne les empêche de se battir un avenir différent. Où qu'on aille sur terre, la moindre route aura des embranchements et de route en route on peut parcourir la surface du globe indéfiniment. Ca vaut pour toi aussi, Marie. Je vais pas te dire que tu peux laver ta conscience, c'est même le contraire. Je crois comme Stannis Baratheon (tu connais Game of Thrones ?) que les bonnes actions n'effacent pas les mauvaises, ni les mauvaises les bonnes. Mais si tu as un poids, tu peux créer un contrepoids. Dites au poète d'avoir confiance en lui. Tous on l'a découvert, et on l'a écouté attentivement et avec passion lundi, moi en tout cas je peux le jurer. Pas besoin de rejoindre les autres immédiatement et en respectant leurs règles. S'il se fait confiance et s'il trouve son monde, il trouvera le monde. Embrassez Lise de ma part, tout ce qui lui manque, ce sont des encouragements sincères. Ne lui dites pas simplement que c'est bien ce qu'elle fait sans juger. Ouvrez-vous au contraire à elle, et elle s'ouvrira. Si elle se ferme, elle va se bloquer, et son pinceau avec. N'en voulez pas à Mathieu s'il a protesté contre vos recherches. C'est une tête brûlée, mais c'est parce qu'il a un grand coeur. C'est peut-être un peu cliché mais c'est très vrai. Enfin, quant à la pianiste, on a omis toutes ces années son surnom, alors rattrapez-vous. Et tant que j'y suis, mon vrai prénom, c'est Jacob.
- L'aristo'
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