Chapitre 6 : Le Roi Pur

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  Cela faisait maintenant deux semaines que Gabriel était entré dans la Tour. Deux semaines fructueuses en matière d'apprentissage, rappelant l'importance du savoir. Au cours des dix dernières années, Aldebaran n’avait cessé d’insister dessus. Des tréfonds de sa mémoire, sa voix sans âme résonnait encore.

Écoute-moi bien. L'un des plus célèbres adages de l'humanité présente la connaissance comme un instrument redoutable. Cependant, c’est une formule erronée. Incomplète. Le savoir n'est pas une arme quelconque. Non, le réduire à un simple outil ne rend pas compte de son importance. C’est une force, la plus terrifiante de toutes. Rien ne le surpasse, pas même l’acier, pas même la poudre, pas même la Magie.

Remontant de ses entrailles, il contracta sa mâchoire sous l’effet d’une rage aussi soudaine que brutale, jusqu’à sentir des gouttes de sang couler le long de ses lèvres asséchées. Même loin de lui, les enseignements de son ancien mentor persistaient, tourmentant continuellement son esprit comme autant de vérité ignoble que l'on ne pouvait réfuter. Gabriel avait beau lutter, cette insidieuse voix étrangère revenait sans cesse, analysant froidement les événements avec une précision chirurgicale. La douleur buccale atteignant un paroxysme, il relâcha finalement la pression, acceptant une nouvelle fois son impuissance. Soupirant, il abandonna sa position assise et se laissa tomber dans son lit, tête la première. Sa main se saisit d'une télécommande qui, lorsqu'il l'actionna, plongea la pièce dans la pénombre. Des images flottantes naquirent d’un projecteur installé dans un coin, remémorant à Gabriel les précédentes leçons de Yakha. Le regard dans le vague, il se souvenait d'une en particulier.

- Appeler la "Tour" en tant que telle paraît n'avoir de sens que d'un point de vue extérieur. Pourtant, cela fonctionne également en son sein, expliquait l'administratrice.

Une structure complexe composée de cylindres enchevêtrés apparut distinctement. L’agencement de cet ensemble donnait l’illusion que l’envergure des tuyaux se réduisait progressivement. Mais ce n'était qu'un trompe-l’œil. La cause de cet effet était due aux axes, qui se déformaient au fur et à mesure qu'ils s'élevaient, jusqu'à prendre des configurations invraisemblables. L'édifice qui en résultait était d'une surprenante cohérence, chaotique bien sûr, mais finement organisée selon une certaine logique.

- Voici la véritable forme de la Tour telle que nos instruments la détectent. Chaque cylindre représente un étage et l’un des royaumes composant notre empire.

Onze. C'était leur nombre officiel, bien qu'il en existe une infinité. Onze mondes différents, reflet des anciens maîtres spirituels de la Tour, qui reposaient et s'enroulaient les uns autour des autres. À l’exception du dernier, inaccessible même aux dirigeants de l'Empire, c’était bien dix territoires aussi vastes qu'une planète que devaient explorer les Candidats durant l’Ascension. Certes, le temps avait dans la Tour une emprise originale, plus souple, mais la tâche demeurait presque impossible. D’innombrables obstacles et périls se dressaient sur cette route, de sorte que seul un chiffre ridiculement faible y parvenait. Le pourcentage de réussite était en moyenne de 0,005%, un total insignifiant qui prenait des dimensions encore plus absurdes quand on avait connaissance du nombre de Candidats dans chaque promotion.

- Retenez bien une chose, ajouta Yakha. Les gens venant de la Terre ne représentent qu’une infime partie des élus. La plupart de ceux arrivant au bout sont des élites nées dans la Tour, la crème de la crème des talents. Contraire à vous, pour les citoyens de l'Empire, le simple fait d’être sélectionné pour concourir à cette compétition est une performance exceptionnelle. Chaque session, ce sont des centaines de milliers de participants qui s’élancent, et seule une centaine parviennent au Dixième Étage, synonyme de fin. Ils deviennent alors des Puissances, immortelles et libres de circuler partout.

Gabriel se massa les tempes. De telles statistiques donnaient le vertige. Avant d'entrer dans la Tour, il était impensable d’imaginer qu'une humanité bien plus nombreuse vivait au sein de ces murs. Les récentes estimations comptaient environ 20 milliards d’individus, répartis dans les dix royaumes assujettis au tout-puissant Empire Éternel. Parmi eux, on recensait 10 000 Puissances, et le summum de cette élite, au nombre de 1000, était appelé les “Dominations”. Enfin, à la tête de cette gigantesque pyramide se trouvaient les Conquérants, régnant d’une main de fer depuis plus de 5000 ans, et adorés comme de véritables dieux par la population.

Une telle démesure, loin d'émerveiller, avait de quoi rendre quiconque pessimiste. Avec la violence d’une vague scélérate, la réalité submergea les élèves de Yakha, noyant les espoirs. Déjà en proie au doute, Gabriel avait vu ses propres certitudes s’effriter un peu plus, le laissant désemparé. Dans ces moments de faiblesse, où la pression l’engloutissait, les échos lointains d’Aldebaran résonnaient plus clairement que jamais.

Nous sommes l'apex du vivant. Souverains, Dieux, Esprits. Aucune force ne peut nous entraver ou nous asservir. Au contraire, notre toute-puissance nous accorde des droits naturels de domination auxquels tu ne pourras éternellement t'y soustraire. (un sourire glacial troubla fugacement les traits sans émotion qui l'observaient.) Si cela te dérange, aborde donc le problème sous un angle différent. Diriger est un devoir par essence. C'est à nous qu'il incombe de guider l'humanité dans la direction la plus optimale. C'est là un processus logique qui a autrefois existé et que tu devras restaurer.

- Tais-toi.

Gabriel s’était exprimé sèchement, sans élever la voix. Les propos s'estompèrent à mesure qu’il reprenait le contrôle. Cependant, les traces qu'ils laissaient s'enracinaient toujours plus profondément dans son essence. Frissonnant, une terrible évidence frappa le jeune homme : même séparée de lui, son emprise ne cessait de s'affermir. Combien de temps pourrait-il encore rester lui-même ?

Au moment de venir les chercher pour la collation matinale, Yakha présenta des signes anormaux de tension. Malgré une façade tout en contrôle, de subtils signaux la trahissaient et diffusaient des craintes naissantes parmi le groupe. Les inquiétudes s’intensifièrent quand elle dévia du trajet habituel. Lorsqu’on lui posa la question, Yakha se contenta de répondre que les Candidats avaient l’inestimable honneur de pouvoir rencontrer le dirigeant de l’Étage, le Roi Pur. Figure historique importante que l’administratrice avait déjà évoquée dans ses cours, c’était l’un des dix Conquérants, les plus grands héros de la Tour. Outre l’exploit d’avoir été les premiers à atteindre le sommet, ils étaient surtout les fondateurs de l’Empire, apportant la civilisation et le progrès. Il était donc exceptionnel qu’une telle figure quitte son palais pour accorder une audience à des étrangers.

Inutile de céder à la panique, songea Gabriel. Les Conquérants sont les maîtres de la Tour, il est tout à fait normal qu’ils aient eu vent de ma présence. Si l’un d’eux vient en personne, c’est qu’ils manquent encore d’informations à mon sujet. Sinon, cela fait bien longtemps qu’ils m’auraient capturé...

Docilement, Gabriel suivit les autres, priant pour que son hypothèse soit juste. Une nouvelle partie du château s'offrit à eux. Les couloirs modernes s'estompèrent, progressivement supplantés par l’ancien. Il ne restait alors que la pierre originelle, celle ayant assisté à l’aube de la civilisation jusqu’à son zénith. Une telle structure, majestueuse, intemporelle, défiait fièrement l'entropie et toutes ses conséquences. Gabriel ne cessait d’être étonné par ce château, tant dans ses dimensions gargantuesques que dans sa variété architecturale. Mais il n’était pas au bout de ses surprises. Progressivement, quelques discrètes branches émergèrent en épousant les pourtours du couloir. Au fur et à mesure, celles-ci grossissaient, perçant le marbre des murs. Des racines noueuses s'enroulaient, montant au plafond avant de replonger entre les dalles du sol. Étrangement, cette végétation ne jurait pas avec les artères de la citadelle. Au contraire, la structure du château s'ordonnait ici, de sorte que le bâti et le naturel ne se confrontent pas, mais s'unissent. Plus les branches s'épaississaient, plus les racines grandissaient, plus alors le couloir s'élargissait, le sommet s'éloignait, jusqu'à atteindre des dimensions exceptionnelles. Sur le chemin, ils croisèrent les autres groupes, qui en s'agençant, formèrent une foule similaire à celle du premier jour. Malgré ses précédentes réflexions, Gabriel sentait monter en lui la pression.

Sommes-nous bientôt arrivés ?

Sa question silencieuse n'allait pas tarder à trouver une réponse. Une série d'arches remarquables couronnèrent leur marche, annonçant la destination. Derrière la dernière, se dévoila la plus spectaculaire des salles de Re’Shiyth, incomparable tant dans ses dimensions que dans ce qui s'y cachait. Le sol s’enfonçait doucement jusqu’à former une cuvette si vaste que toute l'eau d'un lac aurait pu tenir dedans, et dans laquelle étaient taillés, à même la pierre, des gradins pouvant aisément accueillir la population de toute une ville. Mis à part quelques irréductibles, les rangées étaient remplies de Candidats, domestiques et administrateurs, presque tout figés dans une position similaire évoquant la salat, la prière canonique de l’islam. Ils étaient tournés vers le centre de la pièce, où s’élevait la source de toute cette végétation. Un chêne titanesque se dressait là, plein d’une majesté renvoyant à son monstrueux cousin qui dominait les cieux du Premier Étage. Ses feuilles, aussi brillantes que l’or, brûlaient le regard si l’on s’attardait trop longtemps dessus. Même après être tombé, leur éclat persistait et donnait l’illusion à chaque pas de marcher sur une pluie d’étoiles. Dans son tronc, un imposant trône avait été taillé, rappelant à quiconque que son propriétaire n’appartenait pas au commun des mortels.

- Que font-ils ? demanda l’aristocrate en les observant avec mépris.

- J’ai l’impression que c’est une prière... supposa Irenia.

Yakha les réunit précipitamment. Son attitude sévère laissait à penser que quelque chose de terrible était sur le point de se produire.

- Écoutez-moi bien, dit-elle. Allez vous installer et faites comme tout le monde. Vite.

- Mais voy...

Le regard brûlant d'une froide colère de l'administratrice coupa court l’aristocrate. Une aura glaçante émanait d'elle.

- Si vous souhaitez survivre à ce qui vient, faites ce que je vous dis. Je n'exagère pas. Rencontrez un Dieu n'est pas sans conséquence. Cela peut être vu comme une chance, si tant est que l'on reste à sa misérable place. Dans le cas contraire, je ne réponds pas de vous.

Elle attendit quelques secondes pour s’assurer que tous prennent conscience de la gravité de la situation. Son regard s'attarda d'autant plus sur Gabriel, transmettant une consigne silencieuse.

Quoiqu’il arrive, ne faites rien.

Subitement, elle tourna les talons et disparut dans la foule, laissant Gabriel et les autres livrés à eux-mêmes. Aussitôt, Margot prit les devants, suivis par le reste du groupe. Pendant qu'ils s’installaient, Gabriel imagina une multitude de scénarios. Devait-il user de son pouvoir, partiellement, pour observer le futur immédiat ? Ou totalement, pour lui écrire une issue favorable, quand bien même il n’était pas certain d’y arriver ? Peut-être devait-il faire confiance à Yakha ? Indécis, il réalisa que c’était déjà trop tard pour choisir.

PAM.

Un premier coup de tambour résonna, annonçant sa venue.

PAM.

PAM PAM.

PAM PAM PAM PAM PAM PAM PAM

PAM PAM

PAM.

La dernière note s'estompait à peine que d’un coup l'air devînt presque irrespirable. Surpris, Gabriel sentit tous ses poils se dresser, avant de courber l’échine sous l’effet d’une pression digne des abysses. Dans les gradins, de nombreuses personnes perdirent subitement conscience, aux commissures des bouches entrouvertes perlant de la bave. Ceux ayant refusé de s’asseoir se mirent brusquement à hurler en se vidant de leur sang par tous les orifices jusqu’à tomber raide mort. Partout, Gabriel entendait des sanglots, des respirations haletantes, des prières. Mais le plus effrayant, au cœur de ces silencieuses supplications, était ce silence magistral qui régnait. Luttant pour ne pas se faire submerger, Gabriel sentit soudain la pression s’estomper partiellement. Une agréable odeur de miel vint alors chatouiller ses narines pendant que résonnait le chant d’un chambellan.

- Redressez-vous, fidèles sujets, Candidats à l'Ascension. Redressez-vous et rendez hommage au Roi Pur, souverain du Premier Étage, Conquérant de la Tour, sa Majesté Sylvestras Aryanna !

Immédiatement, les têtes se levèrent, béates d'adoration, les yeux embués par des larmes de joie. Le trône n'était plus vide. Accoudé nonchalamment, un homme à la beauté surnaturelle s'y était installé. Vêtu d'une simple toge laissant apparaître un physique parfaitement proportionné, conformément au nombre d'or, il était grand, très grand, dépassant aisément les deux mètres. Les traits irréels de son visage étaient coiffés d'une longue chevelure verte attachée au niveau de la nuque, et qui retombait négligemment vers son torse musclé. Le plus fascinant était néanmoins ses yeux, semblable à deux jades dans lesquels se confondaient des éclats bleutés. Ce regard était si profond, si magnétisant, qu'on devinait instinctivement qu'il pouvait percer au travers de n'importe quelle âme, n'importe quel mensonge. Héraut vivant de la pureté, de la puissance, de la beauté, cet être était une chanson contant l'histoire du monde. Pour autant, malgré ces nombreux superlatifs à peine suffisants pour lui rendre hommage, une ombre planait dans cet iris, une ombre que Gabriel ressentit alors qu'elles se posaient sur lui. L’interaction ne dura qu'un bref moment, mais lui siphonna toutes ses forces et il dut lutter pour ne pas complètement s’effondrer. L'instant d'après, il expira brutalement tout l'oxygène de ses poumons, profitant de ce que ce regard céleste poursuit sa funeste route en brûlant les impudents qui osaient le rencontrer. Il sursauta quand une main se posa sur son épaule.

- Doucement, mon gars, je veux seulement voir si tu vas bien.

C'était une personne de son groupe, le nomade venu des dunes. Son air honnête ne mentait pas sur ses intentions. À côté, les pupilles émeraude d’une jeune femme brillaient d’une inquiétude sincère à son égard. Malgré la sueur suintant des fronts, tous deux résistaient vaillamment sans céder à la liesse surnaturelle qui s’était emparée de la salle. Ce n'était pas les seuls. Dans l'ensemble de la pièce, hormis les administrateurs, quelques Candidats parvenaient à se canaliser, toujours au prix de douloureux efforts. Constatant que les deux jeunes gens attendaient une réponse de sa part, Gabriel finit par s'exprimer en repoussant doucement la main amicale.

- Ça pourrait être pire... (après un court silence, il retourna la question). Et vous ?

Le visage bronzé d'Agdhim se fendit d'un franc sourire que l'on devinait forcé au vu du contexte.

- Ce n’est certainement pas la meilleure matinée de ma vie, mais j’encaisse, assura-t-il.

De son côté, Emma se contenta d'acquiescer. Affectée par sa frêle corpulence, elle était anormalement pâle, mais la petite flamme luisante dans ses yeux clairs témoignait d'une grande force intérieure.

Le bruit sourd d’un corps qui s’affaisse retentit derrière Gabriel. En se retournant, il découvrit le visage livide d’une jeune femme appartenant à son groupe. À côté d'elle, son conjoint, indifférent à son sort, hurlait sa joie folle, incontrôlée. Il finit par s'effondrer à son tour, convulsant quelques instants avant de définitivement s'arrêter de bouger.

L’avertissement de Yakha prenait maintenant tout son sens. Personne ne pouvait empêcher le drame qui se jouait. Ce carnage était une épreuve imprévue, mais une épreuve tout de même, la plus terrible de toute. Elle enseignait une chose essentielle, une leçon que Gabriel n’oublierait jamais : tel était la nature d'un dieu de la Tour, pareil à un fléau, à une calamité, ne se souciant nullement des êtres inférieurs. Son beau regard éteint ne faisait qu’accréditer cette froide réalité. Sylvestras contemplait, morne, toute cette débauche d'adoration mortelle qu'on lui vouait, un bras posé sur l’accoudoir pour soutenir son crâne fatigué. Devant cette posture nonchalante, le sang de Gabriel ne fit qu'un tour. Un furieux brasier consuma ses craintes, le libérant complètement de la pression ambiante. Une image claire s'imposa dans son esprit assombri par cette colère spontanée. Celle d'un regard d’acier, celui d’Aldebaran.

Des monstres ! Ce sont des monstres !

Le brutal changement d’attitude de Gabriel n'échappa pas à Agdhim et Emma. D'instinct, ils comprirent que s’ils n’intervenaient pas maintenant, alors Gabriel se précipiterait aveuglément dans un précipice duquel on ne pouvait survivre. Mais aucun des trois n’esquissa le moindre mouvement : sans prévenir, le Roi commença à agir.

- Silence.

Immédiatement, les effusions de joies cessèrent. L’ordre ne souffrait d'aucune contestation. Il avait été prononcé d’une voix grave dans laquelle résonnaient des accents d'inhumanité qui firent frémir même les plus audacieux. C'était maintenant la peur, une peur primaire, qui s'était emparée des cœurs. Une peur, qui leur dictait de ne plus bouger, plus parler.

- Pathétiques créatures, je ne passerais pas plus de temps avec vous. Montre-toi, Anomalie contestant les règles de la Tour. Montre-toi, ou je tuerais chaque insecte présent ici.

Ce n’était pas une menace, mais l’affirmation d’un être capable de le faire. Une petite vague de panique parcourut les gradins, seulement contenue par la pression qu'exerçait le Roi. Pourtant, dans ce théâtre figé, une personne se mit en mouvement. Gracieusement, la cheffe des administrateurs s'agenouilla à côté du trône.

- Majesté, veuillez m'excuser.

Lentement, Sylvestras tourna son regard vers l'impudente qui osait s’approcher. Une étincelle d'intérêt s'était allumée dans ses yeux ternes.

- La Princesse des lilas. Que fais-tu ici, fille de Rayenia ? La dernière fois que j'ai entendue parler de toi, l'Empereur t'avait offert une place dans sa garde.

- Je suis honorée que Sa Majesté se souvienne de moi, répondit-elle d'un timbre clair. J'ai effectivement été invitée à rejoindre l'armée impériale, mais ma Reine a préféré me garder auprès d’elle. En guise de compromis, le gouvernement m'a nommé responsable de la 48e session de test.

- Tu es donc ici sur ordre de Mythos. Parle, je t'écoute.

Confiante et résolue, Uliriena poursuivit sans relever la tête.

- Merci, Majesté. Je me permets de vous informer que les candidats présents dans cette pièce sont à ma charge et ne dépendent, par conséquent, que de Sa Majesté Impériale.

À peine achevait-elle sa phrase que tous les êtres vivant à des kilomètres à la ronde s’écrasèrent sous l’effet d’une formidable pression, plus intense encore que la précédente. Depuis les gradins, les trois jeunes gens subirent de plein fouet l’agression qui les submergea.

- Oserais-tu remettre en cause mon autorité, rejeton des Alrai ?

Le Roi s'était redressé, et dans son regard brillait maintenant l’agacement. Celle qui en était à l’origine luttait pour ne pas s’effondrer même si les tremblements qui secouaient son corps en disaient long sur la charge pesant sur elle.

- Nullement … votre Majesté... Je sais également … que le Roi parmi les Rois … vous a confié la lourde tâche ... de préserver la Tour ... d’une autre abomination. Mais ... les choses ont changé … Les intentions impériales … ne sont plus les mêmes.

Le supplice dura encore quelques secondes, avant de brutalement s'arrêter. Une nouvelle émotion éclairait les pupilles royales. La curiosité.

- Je vois.

- Votre perspicacité vous honore ... Majesté, souffla la jeune femme.

Comprenant qu’elle était parvenue à tempérer les ardeurs du Roi Pur, elle se redressa douloureuse pour annoncer le dénouement de l’audience.

-La force de Sa Majesté n'a d'égale que sa miséricorde. Remercions-le, lui et ses compagnons, les glorieux Conquérants, pour tous les bienfaits qu'ils nous apportent. Que leur règne béni ne connaisse pas de fin, que rayonne à jamais l'Empire Éternel !

Les gradins se soulevèrent alors, hurlant leur gratitude et leur terreur, transcender par cette dualité d'ordinaire inconciliable. Malgré les menaces, malgré les morts, l'adoration était étrangement là. Mais, au milieu de cette anarchie de sentiment incoercible, quelques irréductibles ne parvenaient pas à s'enthousiasmer, n’éprouvant que crainte et défiance. Cela était les élus.

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