Éloge de la motivation
Parfois, lorsque l'on se pose à son bureau, quelque chose nous empêche d'écrire. Pourtant, toutes les conditions sont réunies pour se mettre à la tâche : le calme, le confort, la feuille, le stylo, les idées, le café… tout est là. Mais rien à faire.
On a beau avoir le meilleur bureau du monde, le stylo-plume le plus cher, notre nom gravé dessus en lettres dorées, le papier le plus fin et la tasse en porcelaine… la page reste désespérément vide.
Et puis, il y a des jours où l'on rentre du travail. On n’a que quinze minutes devant soi avant de descendre du bus, et pas une seule place assise. Le moteur des véhicules, le brouhaha des passagers : tout semble contraire à la concentration.
Mais, pour une raison inexplicable, nos doigts nous démangent.
Il faut écrire. N’importe quoi, tous les sujets conviennent. On n’a pas de bureau, de stylo, de feuille, ni même de tasse de café — mais ce n’est pas grave. On sort son téléphone et on tape frénétiquement, en espérant que nos idées et nos phrases soient cohérentes.
Cette envie soudaine — non, ce besoin irrépressible d’écrire — s’appelle la Motivation.
Son origine est inconnue, son fonctionnement aléatoire. Pire que les montagnes russes : les montagnes de la motivation. Elle dicte notre quotidien, et nous ne pouvons que nous plier à sa volonté.
En deux heures, on aligne deux mots. Ou bien, on remplit trois pages. On ne peut rien y faire. Mais ce n’est pas notre faute. La Motivation a une volonté propre. Elle n’écoute personne.
Sauf nous-mêmes peut-être.
Pas la facette de nous qui ne jure que par la productivité. Non. Celle qui se cache au fond de nous, dans les recoins les plus discrets de notre cœur. La plus pure. La plus authentique.
On ne l’entend pas toujours, cette petite voix qui nous supplie de ne pas nous surmener.
La motivation s’en occupe pour nous. Elle est notre filet de sécurité, elle nous empêche de tomber sans même que nous en soyons conscients.
La productivité ? Elle s’en moque. Ce qui l’intéresse, c’est de profiter.
Alors ne blâmons pas ce je-ne-sais-quoi qui, parfois, nous empêche d’écrire.
Mettons l’écriture en pause, ne serait-ce qu’un jour, une semaine, un mois… qu’importe !
Écoutons la petite voix. Allons retrouver nos proches, nous ennuyer, faire le ménage, courir !
L’envie de griffonner reviendra de plein fouet,
Un jour où l’on aura suffisamment récupéré.
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