Chapitre 23

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Ace passa un bras derrière sa tête et ferma les yeux pour calmer les battements de son cœur. La main de Vanessa vint se poser sur son ventre avant de caresser son torse.

— Déjà fatigue, mon trésor ?

Il grimaça au surnom donné.

— Tu veux ma mort ?

Son rire fluet résonna dans la chambre.

— En vérité, je ne pourrais pas remettre ça aussi.

Elle se blottit contre lui, son corps nu collé au sien, transpirant. Il la laissa faire, il n'avait pas le courage de la repousser. Il voulait juste reprendre son souffle.

D'habitude, il ne restait jamais bien longtemps, après. Mais il prenait sur lui et faisait des efforts. Vanessa lui avait bien fait comprendre qu'elle ne tolérerait plus tout ça. Il avait pris également prit conscience qu'elle méritait un peu plus d'attention. Certes, il n'avait pas à se fustiger de leur relation, elle était claire et n'était pas plus mal qu'une autre. Mais il pouvait bien lui donner ce qu'elle voulait, juste assez.

C'était lui qui l'avait contacté plusieurs jours après la sortie avec Tyler. Il avait fait les choses correctement, pris de ses nouvelles et lui avait proposé d'aller boire un verre avant. Mais Vanessa avait refusé. Elle avait immédiatement réservé un hôtel pour le lendemain. Il ne comprenait pas cette femme : elle se plaignait quelques semaines plus tôt qu'il ne lui donnait pas assez de considération et quand il y avait concédé, elle n'en voulait plus. Les gens étaient tous aussi complexes, à ne pas voir ce qu'ils souhaitaient, ou se donnaient-ils le mot pour le faire tourner en bourrique ?

En parlant de bourrique, le visage de Tyler s'imposa dans son esprit. Ce têtu et teigneux blondinet était le premier sur la liste. Il lui en avait fait voir de toutes les couleurs, et il savait que ça n'allait pas s'arrêter en continuant de le fréquenter. Là où, d'ordinaire, Ace aurait fui pour s'éviter les tracas, il ne voulait pas s'éloigner de lui. Il était ennuyeux, désespérant, frivole, mais il supposait que ses bons côtés équilibraient la balance.

Ils s'étaient échangés des messages depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, concernant le projet, la remise des habits qu'Ace avait empruntés et quelques discussions banales qui s'écourtaient rapidement. Ils s'étaient revus rapidement à la faculté, ils allaient être amenés à se fréquentaient plus rapidement depuis qu'Abby et Morgan avait officialisé leur relation. Tant que c'était dans des situations publiques ou en groupe, ça allait parfaitement à Ace. Par contre, si c'était seulement tous les deux...

Ace avait repensé à la soirée passée avec lui. Quand il s'était endormi contre lui, mais surtout quand il avait dominé Tyler lorsqu'ils s'étaient chamaillés.

Il se revoyait au-dessus de lui, ses cuisses pressaient contre ses hanches, contemplant ses cheveux blonds en pagaille et ses yeux bleus qui avaient perdu leur habituel éclat rieur. Ses lèvres affichaient une moue boudeuse, ses lèvres sur lesquelles il louchait. Il s'imagina approcher son visage, une seule idée l'obsédait : goûter leurs saveurs. Son esprit l'inonda du souvenir du baiser échangé à la soirée, des sensations qui l'avaient traversé, de ses mains frôlant les hanches de...

Le gloussement de Vanessa le fit sursauter.

— Dis donc, tu as envie d'un deuxième round ?

Le jeune homme se redressa brusquement, faillit percuter Vanessa penchée au-dessus de lui. Il aspira une goulée d'air, se rendant compte qu'il avait retenu sa respiration. Ace baissa les yeux sur son entrejambe, son sexe se réveillait.

— Ça va ?

Il bondit hors du lit et ramassa ses affaires.

— Je... je dois y aller, je suis désolé, j'avais oublié que je devais rejoindre mes amis.

C'était un demi-mensonge : Abby avait organisé un dîner et elle avait bien spécifié en les invitant de ne pas lui poser un lapin. Mais Ace s'en souvenait parfaitement.

Mais...

Je suis désolé, Vanessa. Je t'enverrai un message.

Il s’éclipsa avant qu'elle ne puisse le retenir. Dans le couloir, Ace ressentit une pointe de culpabilité. C'était la deuxième fois qu'il l'a laissée, et il doutait qu'il y ait une troisième fois. Ils devaient se rendre à l'évidence : leur relation ne fonctionnait plus. L'équilibre avait été rompu, par sa faute sans doute. Il devait aller jusqu'au bout et mettre le point final à tout ça.

Ace se regarda dans le miroir de l'ascenseur. Pourquoi avait-il repensé à Tyler, à ça ? Comment un simple souvenir qu'il n'affectionnait pas pouvait lui faire, le faire...

Il se massa les tempes, comme si ce simple geste avait le pouvoir de lui faire oublier tout ça. Il avait embrassé plusieurs personnes, fait l'amour à certaines, et pourtant, aucun de ses souvenirs pouvait lui provoquer une érection quasi immédiate. Il grimaça. S'imaginer avec Tyler en train de... Ça le dégoûtait. Ça ne pouvait pas se faire, parce qu'il n'y avait aucune attirance entre eux, rien. Ils étaient amis, de simples amis. Pourtant, son corps lui dictait autre chose, tout comme ses pensées.


XXX


Quand Ace entra dans le restaurant, un serveur l’accompagna jusqu'à la table où ses amis l'attendaient.

— Excusez-moi, j'ai un peu de retard, le métro est tombé en panne, j'ai dû marcher par ce froid de canard.

Il attendait avec impatience que cette journée se termine. Il prit place à côté d'Andreï.

— On choisissait le menu, indiqua son meilleur ami en lui tendant une carte.

— Alors, Abby, tu vas enfin nous dire pourquoi tu nous as rassemblés ici ce soir ? Demanda Matthew, impatient.

— Doit-il forcément y avoir une raison à l'envie de vous avoir tous ensemble près de moi ?

Des exclamations fusèrent devant la moue enfantine de la jeune femme. Andreï déposa un baiser sur sa joue. Ces deux-là s'étaient visiblement rapprochés depuis la soirée qu'ils avaient passée chez eux. Ace espérait que Morgan n'en serait pas jaloux. Il jeta un coup d'œil à Matthew, qui souriait, les yeux brillants derrière ses lunettes.

— Et ainsi, je peux enfin officialiser la grande nouvelle : Morgan et moi sortons ensemble !

Personne dans le groupe n'en doutait mais ils trinquèrent ensemble pour fêter ça.

La conversation continua sur un ton léger pendant toute la durée du repas. Les hommes s'offusquèrent quand Abby relooka le serveur qui prit leur commande, et elle prétexta qu'elle ne pouvait pas s'arracher les yeux. Elle maugréa, se plaignant d'être la seule femme.

— Vous ne le trouvez pas mignon, vous ? Matt 

L'intéressé fit la grimace.

— Il est plus jeune que nous, Abby ?

— Et alors ? Je n'ai pas dit que je voulais lui sauter dessus ! Ace, tu en penses quoi ?

— Je n'en sais rien, pourquoi tu me demandes ? C'est un mec.

— Ce n'est pas parce que tu admets trouver un homme beau que ta masculinité en prend un coup.

— Peut-être, mais je t'ai dit que je n'ai pas d'avis, rétorqua-t-il sèchement, ce qui surpris Abby.

Un silence s'installa et Andreï préféra changer de sujet.

— Si j'ai bien compris, ton petit copain est l'ami du type blond ? Demanda-t-il à la jeune femme. Il est venu une fois à l'appart. Si est ton mec est à l'image de Tyler, je peux te dire que tu as de la chance.

— Tu vois ? s'écria la jeune femme en se tournant vers Ace. Il n'a pas peur de dire qu'il trouve un garçon beau, lui.

Ace posa sa fourchette et se plongea son regard dans celui de son amie.

— Abby ?

— Oui ?

— Tu me saoules.

Une lueur de triomphe brilla dans ses yeux.

— C'est ce que tu adores chez moi, ne le nie pas.

Ace alla répondre mais se fit interrompre par la sonnerie de son téléphone.


De : Tyler

01h14 pm : Salut Ace, comment vas-tu ? J'ai pensé qu'on devrait se voir pour bosser un peu sur notre mémoire avant les vacances de Noël. On pourrait mercredi prochain dans l'après-midi ? Normalement on n'a tous les deux pas cours. Par contre, mon père rentre ce week-end pour passer les fêtes, du coup ça serait possible d'aller chez toi ?


Le sort s'acharnait. Le fantôme de Tyler ne cessait de le pourchasser, envahissant ses pensées comme une mauvaise plante.

— C'est Tyler ? Qu'est-ce qu'il veut ?

Ace s'empressa de verrouiller son téléphone et se racla la gorge.

— Il veut qu'on se voie mercredi pour travailler. Mais son père est chez lui donc on devrait faire ça à l'appartement...

— Aucun souci, le rassura Andreï. J'aurai cours toute la journée.

L'Espagnol hocha la tête et s'empressa d'envoyer un message pour s'en débarrasser. La discussion dévia indubitablement sur les examens qui commençaient la semaine prochaine et les programmes de révisions que chacun s'était fixé. Ensuite, les vacances de Noël s'annonçaient. Pou Ace, cela se résumerait à retourner chez son père. Cette période de l'année était toujours la plus difficile pour sa famille.


Les amis se séparèrent lorsque le déjeuner fût terminé, Ace monta dans la voiture d'Andreï. Après plusieurs minutes de silence et de combat intérieur, il rassembla son courage pour poser la question qui avait fleuri dans sa tête :

— Comment tu sais qu'une personne te plaît ?

La voiture fit un soubresaut. Même s'il regardait droit devant lui, il aperçut Andreï lui tourner la tête dans sa direction. Le Russe se racla la gorge :

— Tu veux dire... physiquement ?

— Je veux dire, quand elle te plaît vraiment.

— Ah.

Andreï fronça les sourcils, prenant le temps de réfléchir avant de répondre.

— Je suppose que c'est lorsque tu t'entends bien avec cette personne, qu'elle te fait rire ou t'exaspères parfois mais que tu sais que tu ne pourrais pas faire sans elle. Quand tu veux toujours être avec elle, qu'elle te manque quand elle n'est pas là et surtout, quand tu sais que c'est pareil de son côté. Avec cette personne, tu te sens plus léger, tu oublies tes problèmes, tu ne fais que vivre l'instant présent.

Ace fit la moue. Son meilleur ami avait été amoureux une fois, d'une fille au lycée qui lui avait brisé le cœur. Pourtant, il avait toujours dit du bien d'elle, même après la rupture et n'avait rien regretté de leur relation.

Ressentait-il tout cela ? Il n'en savait rien.

— Tout ce que je peux te conseiller, Ace, c'est de foncer si une fille te procure ça. Tu ne dois pas passer à côté parce que tu ne sais pas ce qu'il pourrait arriver. Et l'amour vaut toujours la peine d'être vécu.

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