Chapitre 29

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Le grand soir tant attendu était éttait. Ace se trouvait dans la salle de bain, il boutonnait difficilement sa chemise noire. Ses mains tremblaient, en accord avec son cœur. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait été aussi impatient. Il avait cru mourir d'ennui cet après-midi, en cours. Depuis qu'il avait fini, il ne tenait pas en place. Tel un lion en cage, il avait exploré tous les moindres recoins de l'appartement et avait même entamé un grand ménage d'hiver pour tenter de se canaliser. Sans grand succès.

Il prit le nœud papillon qu'Andreï lui avait prêté et commença à l'attacher. Son meilleur ami entra dans la pièce en finissant de mettre sa veste. Il avait opté pour un costume bleu foncé. Il avait lui aussi ajouté un nœud papillon assorti et mit un mouchoir blanc dans sa poche de devant. Grand, les cheveux coupés courts, les yeux bleus, bâti comme une armoire à glace, il avait tout l'air du prochain tsar de Russie. L'Espagnol le regarda faire.

— Ваше Императорское Высочество, se moqua Ace en s'inclinant.

Votre Altesse impériale.

— Comment tu connais ça ?

Ace lui adressa un clin d'oeil en montrant son portable. Andreï secoua la tête en riant.

— Je te conseille de ne pas le mettre, finalement, indiqua-t-il en désignant le nœud papillon. Et ouvre un peu ta chemise si tu veux en faire craquer une... un.

Ace soupira et se mordit la lèvre pour ne pas sourire. Évidemment, il avait dû tout avouer à Andreï une fois qu'Abby avait été au courant car elle aurait vendu la mèche tôt ou tard.

— Tu aurais pu mettre un peu de couleur, renchérit son ami. Je ne suis pas sûr que ce soit au goût de Tyler.

— Tant pis, moi j'aime bien.

Il saisit sa veste, il n'aurait pas cru que son nouveau costume lui serait utile aussi vite.

— On peut y aller ? demanda-t-il depuis le salon.

— Oui, c'est bon, ricana Andreï devant l'impatience du brun.

Ils prirent la bouteille de champagne et sortirent. Ils grimpèrent dans la voiture d'Andreï, Ace guidant son meilleur ami jusqu'au lieu de la soirée.

XXX

La dernière fois qu'Ace avait franchi ces grilles, il avait été dans une colère noire. Qui aurait pu prédire qu'il s'apprêtait à les franchir de nouveau, mais dans une tout autre humeur ?

— Je ne m'étais pas imaginé ça à ce point, souffla Andreï lorsqu'ils arrivèrent devant le grand portail.

— Et tu n'as encore rien vu.

Ils sonnèrent à l'interphone et celui-ci s'ouvrit automatiquement. Andreï ouvrit de grands yeux et siffla tandis qu'il engagea la petite voiture dans l'allée centrale.

— Je te l'avais dit, sa maison est digne de celles qu'on voit dans les séries.

— Tu as décroché le gros lot, mon pote.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

Andreï éclata de rire.

— J'ai hâte de rencontrer le mec qui a fait chavirer le cœur de mon meilleur ami, en bonne et due forme, cette fois-ci.

— N'exagère pas, marmonna Ace dans sa barbe.

Le Russe se gara sur la pelouse, à côté d'autres véhicules en tout genre. Parmi les beaux bolides, Ace reconnu la voiture d'Abby et celle de Matthew. Au moins, ses amis étaient arrivés, ils n'allaient pas se retrouver tout seuls, noyés dans une masse d'étrangers.

— On se croirait arriver à un gala de charité.

— Avec un peu plus d'alcool et beaucoup plus de débauche.

Ils échangèrent un regard et entrèrent à l'intérieur. Il y avait moins de monde que ce qu'Ace aurait pensé. Mais tous étaient habillés de tenues plus somptueuses les unes que les autres. La soirée devait rassembler plus de la moitié de la descendance des grandes fortunes de la ville. Ace se sentit soudain mal à l'aise, sa confiance s’affaissant au fur et à mesure qu'il avançait. Il serra plus fermement la bouteille entre ses doigts.

Andreï arrêta un type qui tenait son verre en équilibre au-dessus de lui.

— Tu sais où est Tyler ?

— Dehors, je crois, hurla-t-il à son oreille, un brin éméché.

Les deux amis échangèrent un regard ; on était en plein mois de janvier. Ils franchirent les baies vitrées grandes ouvertes. Une immense véranda avait été installée dans le prolongement de la pièce. Faute d'enceintes, c'était plus tranquille que l'intérieur.

Soudain, ils virent au fond une femme leur faire des grands gestes. Ace reconnut Abby. Ils se dirigèrent vers leurs amis, assis autour d'une table.

— Voilà nos retardataires ! s'écria Tyler en les apercevant.

— Bien plus beau que la première fois que je l'ai vu, souffla Andreï.

Ace se figea. Son cœur s'emballa dans sa poitrine tandis que le blond approchait. Il portait un ensemble entièrement blanc, du col de sa chemise à ses chaussures. Ses cheveux formaient une auréole au-dessus de sa tête, comme la dernière fois, lorsqu'ils avaient été sur le balcon. Ace avait raison : Tyler était un ange tombé du ciel.

— On est assortis ! s'écria-t-il en s'arrêtant devant lui.

Ace ne put s'empêcher de sourire à son tour. Il remarqua alors un trait noir autour des yeux de son ami. Il s'était maquillé. Ses pommettes étaient plus roses et brillaient, ses lèvres avaient une teinte rouge. Ace était subjugué.

— Enchanté Andreï, bienvenue.

— Merci. On se rencontre enfin, officiellement.

Tyler grimaça à ce souvenir. Il passa une main entre dans ses cheveux.

— Pour tout t'avouer, cette soirée est organisée spécialement pour toi, lança-t-il sur le ton de la confidence. J'avais hâte de rencontrer le meilleur ami d'Ace.

— Ah oui ? s'exclama le Russe, les yeux brillants de malice.

— Venez-vous asseoir, installez-vous ! les invita Tyler.

Il posa la main sur le bras d'Ace quand il passa devant lui.

— Tu es magnifique, ce soir, souffla-t-il.

— Pas autant que toi.

Un immense sourire ravagea le visage du blond.

— Ace, mais quelle beauté ! S'écria Abby en se levant. Si je n'étais pas déjà casée, je te passerais la bague au doigt.

— Dis donc, grogna Morgan à côté.

— Mon cœur t'appartient, tu le sais, répondit Ace en la faisant tourner sur elle-même.

Abby gloussa. Elle portait une longue robe rouge. Elle avait un magnifique collier en or autour du cou où pendait une pierre précieuse, logée au creux de sa poitrine.

L'Espagnol donna l'accolade à Matthew et serra la main de Morgan et Damon, qu'il reconnut de la fois où il l'avait servi à La Jouvay. Les deux premiers portaient un costume, beige pour Matthew, bleu nuit pour Morgan. Quant à Damon, il avait opté pour un élégant ensemble vert. D'après la fluidité du textile, Ace optait pour de la soie, mais Cassie aurait pu le confirmer si elle avait été là. Composé d'un simple chemisier et d'un pantalon ample avec des chaussures à talonnettes, l'ensemble était original.

— J'aime bien, complimenta Ace.

Damon hocha la tête en l'examinant.

— Merci.

— Regardez qui voilà ! Le petit serveur de la dernière fois, s'éleva une voix aiguë.

— Ace, je te présente Cloe. Tu as déjà fait sa rencontre à la discothèque dans laquelle tu travailles, intervint Tyler, embarrassé.

Ace fronça les sourcils le temps que sa mémoire lui revienne. C'était la pimbêche qui l'avait menacé le soir où il avait revu Tyler après leur dispute. Il ne se souvenait pas qu'elle parlait français.

Elle rabattit sur ses frêles épaules un petit haut en fausse fourrure rose bonbon. Elle portait une longue robe de la même couleur, dont le haut et le décolleté était transparent. Des froufrous décoraient le bas ainsi que ses épaulettes. Ace ne sut dire si l'extravagance de sa tenue était harmonieuse ou si elle avait voulu ressembler à un flamand rose.

— On se fait la bise à la Française ou on décide de plomber l'ambiance toute la soirée ? rétorqua-t-il.

Un froid s'installa. Personne ne voulait qu'une dispute éclate. Cloe devait être de cet avis car un sourire étira ses lèvres.

— Il a du caractère le petit Espagnol. Je commence à comprendre pourquoi tu l'as invité.

Elle se leva de son siège et lui tendit la joue.

— Enchantée.

Ça, Ace l'avait compris. Elle se rassit en croisant les jambes et but une gorgée de champagne, ne cessant de le regarder.

— Cloe, tu veux bien laisser Ace tranquille ? Je l'ai invité, au même titre que toi.

— Bien sûr, mon chéri. Mais permets-moi de te dire que tes goûts en matière d'hommes sont toujours... extravagants, répondit-elle sans se départir de son sourire.

— Cloe... prévint Tyler d'une voix dure.

Elle lui fit les yeux innocents. Ace préféra laisser tomber, il n'aimait pas la tournure de la discussion. Certes, il avait fini par s'avouer son attirance pour Tyler, mais il n'était pas encore prêt à en parler devant des inconnus. Il espérait que Cloe ne faisait que parler en l'air, comme toujours.

Il s'assit à côté de Tyler tandis qu'Abby reprenait sa place sur les genoux de Morgan, à côté de Matthew. La conversation reprit doucement.

— Ne fais pas attention à elle, chuchota Tyler. Cloe peut être une vraie peste quand elle l'a décidé. Mais on se connaît depuis longtemps, elle ne fera rien qui pourrait me froisser.

— Pourquoi tu continues de la fréquenter ?

Le blond haussa les épaules.

— C'est la fille du grand ami de mon père. Je ne pouvais pas organiser une soirée sans l'inviter alors qu'elle se trouvait justement à New-York.

— Vous avez de drôles de façons de choisir vos fréquentations.

Tyler le regarda d'un drôle d'air.

— Qui ça, vous ?

La voix de Cloe s'éleva, les interrompant :

— Ainsi, tu es Andreï, le meilleur ami du petit serveur.

— J'ai un nom, tu sais, grinça Ace.

Elle le regarda un instant comme s'il était un parfait imbécile avant de reporter son attention sur le russe. Tyler posa une main sur son bras.

— C'est ça, et toi tu es la petite fille à papa insupportable qu'on voit dans les séries ?

Tous se turent devant la répartie cinglante d'Andreï. Même Cloe en perdit de sa superbe, avant d'éclater de rire.

— Décidément, tes nouveaux amis sont hilarants, Tyler ! Je sens que je plombe un peu l'ambiance, excusez-moi. Je ne voulais pas passer pour la bourgeoise qui prend de haut. Profitons donc de cette petite fête pour s'amuser !

Elle leva sa coupe avant de la finir.

— Je suppose que tu es Française ? s'empressa de changer de sujet Abby.

— En effet, ma mère est née à Paris. Mes parents ont divorcé quand j'étais petite, alors je passe ma vie entre Paris et New-York.

— Tu fais des études ? demanda poliment Ace.

— Je vais être diplômée d'un master en finance en fin d'année. J'ai un an de plus que Tyler, ajouta-t-elle comme si cela expliquait le pourquoi du comment.

— Bon, les amis, interrompit Tyler en se levant, je vous aime mais je commence à m'ennuyer et il est hors de question que ce soit le cas à ma soirée. Il est temps de fêter comme il se doit la nouvelle année, qui veut danser ?

Il but son verre d'une traite et offrit sa main à Abby. La jeune femme se leva en riant. Ace décida de reléguer Cloe au second plan ; ce soir, seul Tyler méritait d'avoir toutes ses attentions.

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