Chapitre 6 – L’incident du couloir

La pluie tapait doucement contre les vitres ce soir-là. Marie avait préparé un dîner simple, quelques pâtes avec une sauce en bocal. Elle n’avait pas eu le courage de faire mieux, mais Peter, comme toujours, s’était montré compréhensif.

— Franchement, c’est parfait. Tu sais que j’aime les choses simples, avait-il dit avec un sourire rassurant.

Diego avait grignoté à peine quelques bouchées avant de se lever, prétextant qu’il n’avait pas faim. Marie lui avait demandé de ranger ses jouets avant d’aller dans sa chambre. Peter s’était proposé pour l’aider.

— Je peux lui lire une petite histoire ensuite, si tu veux prendre un moment pour toi, avait-il suggéré.

Marie, épuisée par sa journée de travail, avait accepté. Elle s’était enfermée dans la salle de bain, savourant enfin le silence, la chaleur de l’eau, un moment de répit.

Dans le salon, Peter s’accroupit près de Diego, ramassant les petites figurines tombées sous la table basse.

— Tu sais, ton papa est très loin maintenant. Mais moi, je suis là.

Diego ne répondit pas. Il fixait le sol, les poings serrés.

— Tu peux me faire confiance. Les garçons intelligents savent qui est gentil avec eux.

La voix de Peter était douce. Trop douce.

Puis un bruit, léger, étouffé. Une chaise qu’on déplace ? Un jouet qui tombe ? Et soudain, la voix de Diego, dans le couloir :

— T’as pas le droit de faire ça ! Je vais le dire à maman !

Un silence. Pesant. Le cœur de Marie bondit dans sa poitrine. Elle sortit précipitamment de la salle de bain, les cheveux mouillés collés à ses joues.

Dans le couloir, la lumière était tamisée. Peter se tenait debout, une main sur la poignée de la porte de la chambre de Diego.

— Il a juste piqué une petite colère, dit-il avec un sourire crispé. Rien de grave, crois-moi. Je crois qu’il est un peu... perturbé ces derniers temps.

Marie jeta un coup d'œil à la porte fermée. Elle hésita, puis hocha doucement la tête. Elle voulait croire Peter. Elle en avait besoin.

Plus tard dans la soirée, alors que Peter était reparti, elle entra dans la chambre. Diego était recroquevillé dans son lit, les yeux grands ouverts.

— Diego, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Il détourna le regard.

— Je veux plus qu’il revienne ici. Jamais.

Elle s’assit au bord du lit, caressant ses cheveux.

— Tu as mal compris, chéri. Peter veut juste nous aider.

Mais Diego ne répondit pas. Ses yeux restaient figés sur le mur. Une ombre était entrée dans leur maison. Marie ne la voyait pas encore.