Chapitre 18

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Chapitre 18

  Mon cœur bat la chamade. Qu'est-ce qu'il lui prend ?!

  Louis replie délicatement la manche droite de la chemise d'un quart, puis il fait de même pour la gauche, et me dit :

– Regarde, comme ça t'auras l'air un peu moins sérieux avec les avant-bras visibles. Oh, et attends !

  Il déboutonne le bouton au niveau du col et effleure ma nuque. Son visage est à quelques centimètres du mien. J'ai l'impression d'avoir de la température.

– Je vais te passer un bracelet !

  La sensation de chaleur diminue doucement tandis qu'il se saisit d'une petite boîte en bois clair et fouille dedans. Il me tend un bracelet en petites pierres de lave rondes.

– Celui-là est plutôt pas mal, et c'est un de mes préférés. Bon alors, voyons voir. Ah oui ça change, hein ! Quel beau gosse, dit-il en souriant.

  Chaque moment passé avec lui me rend heureux, chaque attention qu'il m'accorde renforce un sentiment grandissant en moi. C'est comme si tout le reste était éclipsé.

  Nous redescendons, personne n'avait remarqué que nous nous étions absentés, à part Léonor qui s'approche de nous dès qu'elle nous voit. Elle m'observe et dit :

– T'es canon comme ça !

– C'est vrai qu'il est pas mal, lance Lisa, une des amies de Louis.

  Nous discutons avec elle tandis que Louis s'en retourne auprès d'autres convives. J'apprends que Lisa connaît Louis depuis qu'il a 6 ans et qu'ils étaient inséparables en primaire. Elle continue de parler de sa relation avec lui tandis que je jette des coups d’œil tout autour du grand salon. Marie et Louis sont encore l'un avec l'autre, ils discutent et rient ensemble. J'ai l'impression qu'ils sont proches, et cela m'attriste un peu. Quand je pense à Louis, je n'arrive pas à rester lucide et à me dire qu'il est inaccessible. Il a tellement de qualités, c'est normal que les filles s'intéressent à lui, conclus-je, résigné. Une musique entraînante domine les conversations dans le grand salon, et Lisa me demande :

– Tu veux qu'on aille danser ?

  Sans même attendre ma réponse, Lisa m’entraîne au centre de la pièce et m'incite à imiter ses pas de danse.

  Tandis que je gesticule maladroitement, j’aperçois Louis et Marie qui dansent de manière rapprochée. Ce que je vois me donne mal au ventre. En même temps, tu t'attendais à quoi ? pense-je. Je détourne le regard et décide de ne rien laisser paraître, et pourtant je me sens mal, comme si j'avais envie de pleurer.

  Lisa se rapproche et commence à mettre ses bras autour de moi. Oh non, pas ça. Qu'est-ce qu'elle me veut ? Lisa, sûrement enivrée par l'alcool, se montre très collante et ne remarque pas ma gêne. Léonor, qui était juste à côté, discerne mon manque d’enthousiasme et le malaise que j’éprouve vis-à-vis de ma cavalière autoproclamée. Dans un subtil et agile mouvement, Léonor parvient à s’immiscer entre nous deux, puis à écarter Lisa en se mettant face à moi. Lisa semble désapprouver l'aplomb dont a fait preuve Léonor, elle lui lance un regard noir, puis se résigne en s’éloignant vers le buffet. Léonor est contre moi, je me sens en sécurité comme si je dansais avec ma grande sœur. Elle me dit :

– Moi qui essayais de bien m'entendre avec tout le monde, c'est raté … Ah ! Et t’inquiète Nate, t'es pas mon genre, dit-elle en riant.

  Je souris à son trait d'humour alors que nous dansons avec beaucoup de légèreté. Je jette régulièrement des coups d’œil vers Louis. Marie et lui sont l'un contre l'autre. Cette image me vide de toute envie de rester à cette fête, et pourtant la soirée se poursuivra durant quatre heures jusqu’à ce que les invités commencent à rentrer. Certains covoiturent, d'autres repartent avec leurs parents. Il ne reste plus qu'Hugo, Léonor, Pauline et moi-même à la fête de Louis.

– Voilà comment on va faire, les filles vous dormez dans la grande chambre d'amis avec deux lits, et les gars vous avez la petite chambre avec un seul lit, ça vous va ?

– C'est parfait Lou, j’essaierai de laisser un peu de place à Nathan, répond Hugo en me regardant, le sourire aux lèvres.

  Une fois installés, Hugo me demande si j'ai passé une bonne soirée. C’était agréable jusqu'à ce que cette Lisa me colle. Peut-être que c'est moi qui suis trop coincé ? Ou c'est peut-être parce que ce soir ce n'était pas avec elle que j'aurais voulu danser ?

– Oui j'ai passé un bon moment, et toi alors ?

– C'était cool oui. Lou est un bon pote et c'était super qu'on soit là pour lui. Ses parents sont pas souvent présents, alors …

  Je ressens comme de la tristesse mêlée à de la colère dans les paroles d'Hugo. Sans comprendre la raison de cette réaction qui me surprend, j'essaie de me montrer apaisant :

– Louis a beaucoup de chance d'avoir des amis comme vous. Ce soir il était tellement heureux, ses yeux et son sourire en ont été la preuve.

  Il faut que je fasse quand même attention à ce que je dis … Hugo pousse un petit soupir, il me semble distinguer son sourire dans la pénombre. Nous nous endormons sans sommation.

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