Chapitre 26

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Chapitre 26

  À la fin de la chanson, tandis que j'ouvre les yeux, Léonor m'observe comme si je venais de me réveiller d'une longue sieste. Elle me chuchote :

– Je fais ça souvent pour me vider la tête et m'évader. Alors ça fait du bien ?

– Oui j'ai bien aimé, j'étais dans une petite bulle pendant un instant.

– Ah super ! Tu veux parler de ce que tu as imaginé ou pas ?

  Je ne me sens pas de dire à Léonor que je commence à avoir des sentiments pour Louis. Toutefois, je me sens capable de lui poser des questions plus générales sur ce qu'est l'amour. J'esquisse une réponse maladroite :

– Oh pas particulièrement, je me suis bien détendu et c'était intéressant. Par contre, j'aimerais peut-être te demander une chose Léo. Tu vas trouver ça idiot, mais je me demande …

– Oui Nate vas-y, on peut parler de tout.

– Depuis peu, je me demande ce qu'est … l'amour ? Enfin tu vois, comment ça se caractérise ?

  Léonor me regarde, l'air perplexe, puis elle fait des gestes très suggestifs de va-et-vient avec ses mains. Visiblement nous n'avons pas la même représentation du terme « amour ». Je poursuis, très gêné :

– Euh non, Léo, pas ce genre d'amour. Je pensais plutôt aux sentiments, pas à … ça.

– Ah d’accord ! Ben j'ai déjà eu des petits copains, et je pense que je n'ai jamais ressenti la même chose avec chacun.

  Sa réponse ne me rassure pas. C'est si difficile à identifier, l'amour ? Est-ce qu'il en existe plusieurs formes ? C'est presque terrifiant. Je me reprends en étant le plus clair possible.

– En fait Léo, je voudrais savoir, comment tu as su que tu étais amoureuse ?

– Ah oui ! Et bien quand tu sens un bon feeling, que le mec te plaît, que tu as envie d’être avec lui, voilà. Tu sais, je pense vraiment que l'amour c'est pas quelque chose qui se décrit forcément avec des mots, c'est plutôt quelque chose que tu ressens et que t'as envie de vivre. C'est un peu comme … écouter son instinct.

  Ça ne me surprend pas de Léonor, cette réponse est tout à fait à son image. J'ai envie de poursuivre cette conversation avec une question qui me taraude. Je me lance :

– Et … tu crois que des choses comme le coup de foudre puissent exister ?

– Ah ça je ne sais pas, dans les films on en voit souvent, mais dans la vraie vie peut-être que c'est possible. Je pense que le coup de foudre c'est plutôt … physique, tu vois ce que je veux dire ? dit-elle en mimant à nouveau un va-et-vient avec ses mains.

  Je souris, gêné, à cette nouvelle allusion faite par Léonor. Elle me demande avec beaucoup de douceur :

– Est-ce que par hasard il y aurait une personne concernée par tes questions ? Sauf si t'as pas envie d'en parler, hein.

  Je peux faire confiance à Léonor, mais malgré la conversation que nous venons d'avoir, je ne me sens pas le courage de lui parler de Louis. Je secoue simplement la tête pour dire non. Je ne devrais pas lui mentir, elle est honnête avec moi, mais j'ai trop peur. Léonor reprend le contrôle de la conversation :

– Tu veux encore parler de quelque chose ?

– Euh non, ça va. Merci beaucoup.

– D’accord. Bon sinon je suis curieuse, raconte comment ça s'est passé le cours chez toi avec Louis ? T'es trop gentil pour dire qu'il a massacré ta langue ? Ça t'a pas donné envie de quitter le pays ?

  Pourquoi est-ce qu'elle parle de Louis ? Elle se doute de quelque chose ? Il faut que j’arrête d’être paranoïaque. Je me résous à lui répondre de manière très factuelle. Léonor semble surprise que nous ayons abordé autant de points de grammaire et qu'il ait même participé à une conversation en anglais. Elle loue même ma patience et ma tolérance vis-à-vis de l'accent francisé de Louis, que secrètement je trouve séduisant.

– Je n'aurais pas pensé ça de Louis, lui qui n'est pas très bosseur, c'est qu'il a vraiment envie de progresser. C'est peut-être son père qui lui met la pression … enfin peu importe, il me surprend !

– En tout cas il a été très studieux, j'ai même pris plaisir à partager ça avec lui, d'ailleurs on se voit même ce week-end, il m'a proposé de l'accompagner pour courir, dis-je en souriant.

  Léonor me regarde comme si elle cherchait ses mots.

– Dis Nate, je peux te poser une question ?

– Oui, dis-je toujours en souriant.

– Tu penses quoi de Louis ?

  C'est pas vrai … Mes sens sont en alerte. Je me sens vulnérable et mon sourire disparaît aussitôt. Qu'est-ce que tu veux que je te réponde Léo ? Il faut que je contourne sa question … Ah je sais !

– Il est studieux, il a vraiment envie de progresser en anglais et …

  Léonor me coupe. Son regard conjugué à un haussement de sourcil traduisent clairement une certaine perspicacité. Elle n'est pas dupe.

– Nate, tu as très bien compris ce que je voulais dire.

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