Chapitre 29

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Chapitre 29


– Nate ! Nate ! Louis est là, me crie Jonas depuis la porte d'entrée.

– J'arrive !


  Je finis d'enfiler mon haut de course et je m'empresse de rejoindre Jonas, qui est en train d'expliquer fièrement à Louis qu'il a été invité à un anniversaire cette après-midi. Louis me salue en me serrant la main. Il porte une superbe tenue de course grise qui épouse parfaitement sa silhouette sportive. Son front perle légèrement et ses joues sont rosies. Il a dû venir en courant. Louis me lance :


– Sympa ta tenue ! Tu paraîtrais presque plus grand et plus mince comme ça. Bon allez, on a des kilomètres à avaler. Je vais te montrer des endroits sympas, mais pour ça, va falloir transpirer un peu !


  Mon cerveau a dû être contaminé par la grivoiserie de Léonor, je vois un double sens dans chacune des phrases de Louis. Je ne me reconnais pas parfois !


  Louis me fait découvrir de petites ruelles, avec une vue splendide sur les champs et la forêt. Il me propose ensuite de sortir un peu de la ville pour rejoindre la lisière. Nous nous engouffrons dans le bois.

  Le temps est gris mais il ne pleut pas. Les arbres dégagent une forte odeur d'humidité, et l'air frais du matin caresse nos visages. Nous traversons un petit pont en bois rendu très glissant par la pluie récente. Arrivé au milieu du pont, je manque de tomber à cause d’un amas de feuilles mortes, et dans un mouvement rapide, Louis qui était juste derrière moi me rattrape de justesse par la taille, m’empêchant ainsi de me blesser. Je sens ses mains tenir fermement mes hanches. Nous nous arrêtons un instant et il me dit :


– Ça va ? Je t'ai pas fait mal ?

– Oui ça va, je crois que tu as fait le contraire, sans toi j'aurais pu me casser quelque chose.

– Oh oui, tu te serais pris une bonne gamelle !

– Une quoi ?


  Cette expression m'est inconnue, bien sûr je vois ce qu'est une gamelle, mais je n'en saisis pas le sens. En fait, je ne comprends pas ce qu'un récipient pour la nourriture vient faire là. Louis éclate de rire, ce qui me fait rire aussi, et il prend le temps de m'expliquer cette expression que je compte bien enseigner à Jonas. Nous reprenons la course, et une fois sortis de la forêt, nous arrivons dans un petit village. Des chemins étroits entourés de grandes et larges maisons mènent à la rue principale, que nous traversons. Nous avons certainement déjà parcouru plus de cinq kilomètres et cela fait une demi-heure que je partage ce moment avec Louis. Nous n'avons pas particulièrement parlé, mais qu’importe, j'aime être avec lui.


– Bon, je te propose qu'on sorte du village, après il y a deux bons kilomètres à faire au milieu des champs, puis au bout il y a une petite surprise !

– Ah oui ? dis-je étonné.

– Oui, mais je ne t'en dis pas plus, tu verras quand on y sera.


  Je me laisse guider par Louis, puis après avoir dépassé les dernières maisons, nous arrivons sur un chemin de terre au milieu d'immenses champs. Je devine qu'au terme de ces deux kilomètres, Louis va me faire découvrir un splendide panorama.

  La route est de plus en plus rocailleuse et un petit dénivelé se fait sentir, nous ralentissons progressivement pour ne pas nous épuiser. Après une douzaine de minutes, nous arrivons sur une butte qui surplombe une vaste étendue. C'est un espace dégagé et peu arboré qui offre une vue imprenable sur les champs et l'horizon. La grisaille altère légèrement la beauté de la nature, sans pour autant gâcher ce beau spectacle où le temps semble s’être figé. Quelques bancs en bois sont disposés ici et là sur la butte, et permettent d'apprécier plus confortablement le panorama. Louis me fait signe d'avancer plus au bord, puis il se place à côté de moi. Le vent frais caresse nos visages, et je remarque que Louis ferme les yeux et se laisse bercer par l'air.


– Je viens souvent là, c'est un peu comme un refuge. Tu vois, d'ici tout est petit.

– Oui c'est vrai que tout paraît insignifiant.


  Louis ouvre les yeux et me regarde en souriant. Il désigne un banc dont le vernis est salement écaillé, et me dit :


– On va s'asseoir un instant pour profiter de la vue. Bon pas trop longtemps hein, faudrait pas se laisser refroidir !

– Ça marche.


  Nous nous asseyons et je constate que Louis est un peu agité, comme s'il cherchait à dire quelque chose.


– Euh Nate, je veux pas parler de choses qui pourraient te faire du mal, mais je m'en veux encore pour ce qui s'est passé en EPS. Je veux vraiment que tu saches que je suis désolé et que je me sens coupable.

– Ça va, dis-je un peu abruptement avant d'adopter un ton plus doux. Ne t'en veux plus, grâce à toi j'ai pu en parler et ça m'a fait du bien. Tu m'as en quelque sorte aidé à avancer.

– D'accord. Si tu veux encore parler, tu sais que je suis là. Je suis pas forcément doué pour les conseils, mais je peux t'écouter.

– Merci Lou. Tu es vraiment gentil.

– Toi aussi Nate, t'es un gars bien.


  Nous échangeons un regard, puis Louis s'approche lentement de moi, les bras ouverts.

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