Chapitre 32

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Chapitre 32


  Le prof d'anglais nous demande de nous asseoir rapidement et dans le calme. Il s'avance puis prend la parole :


– Le thème du bal d'intégration, qui aura lieu dans moins de deux semaines, je vous le rappelle, est enfin fixé. Merci à tous pour vos votes et vos idées, parfois très originales. Cette année, le thème est… « Élégant en noir et blanc ». Très bon choix, pour information ce thème a été talonné de près par « Années 80 » et « Vamos a la playa ». Enfin bref, je compte sur vous pour jouer le jeu en respectant le dress code. Any questions? Then, let's get down to business…


  Le choix du thème du bal me rassure, c'est d'ailleurs celui que j'avais préféré. Les élèves semblent pour la plupart satisfaits, même si certaines plaintes se font discrètement entendre. Je me dis que je pourrais porter mon uniforme noir de Canterbury, sans la chemise qui elle est bleue et qui n'irait pas avec le thème. De toute façon, je n'ai aucune envie de porter un vêtement avec l'écusson de cet endroit qui me rappelle trop de mauvais souvenirs. J'irai simplement en acheter une blanche avant le bal d'intégration.


  Au réfectoire, notre petit groupe de six se réunit et nous échangeons autour d'un plateau repas qui me fait regretter la cuisine dominicale de Mum. Le thème du bal est abordé, et Marie ouvre la discussion :


– J'aurais préféré le thème de la plage, ça aurait été marrant en plein mois de septembre !

– Ça aurait fait des photos sympas avec les profs, ajoute Hugo en pouffant.


  Nous plaisantons pendant plusieurs minutes et je lève les yeux vers Louis, nos regards se croisent. Il me fait un sourire en coin, la bouche pleine, puis baisse les yeux en direction de mon poignet auquel je porte le bracelet qu'il m'a offert. Son regard est empreint d'une certaine satisfaction, et dans cet échange silencieux exempt de mots, je sens une complicité naître entre nous. Oh Louis, si tu savais ce que je ressens pour toi.


  Les cours de l'après-midi confirment mes difficultés en sciences physiques, les champs électriques et magnétiques me donnent particulièrement du fil à retordre. J'en arrive à hésiter à poser mes questions à Monsieur Edgar tant je les trouve bêtes. Je n'aurais qu'à demander à Louis demain après-midi s'il veut bien m'aider à y voir plus clair.

  À la fin de la journée, nous nous retrouvons devant la grille bleue, comme à l'accoutumée, pour nous dire au revoir. Marie et Léonor sont en pleine discussion au sujet de leur tenue pour le bal, et Louis semble les écouter sans réellement prêter attention aux multiples possibilités vestimentaires évoquées. Elvira nous interpelle tous, et nous nous tournons vers elle :


– Pour la sortie à Nancy, on peut y aller mercredi après-midi si vous êtes partants. On pourrait tous aller au centre commercial pour trouver nos tenues pour le bal, et on irait se prendre un café ou un thé ensuite. Ça vous dit ?


  Tout le monde approuve. Avant de se dire au revoir, Louis me demande si demain je peux venir chez lui pour les cours d'anglais, ce que bien évidemment j'accepte. Il me tarde de poursuivre ce que nous avons commencé la semaine passée. J'ai très envie d'être seul avec lui, sans arrière-pensée aucune. C'est comme si chaque moment partagé avec Louis me faisait découvrir une partie de moi que je ne connaissais pas. D'une certaine façon, Louis me rend vivant.


  Sitôt rentré, je décide de ne pas prendre de goûter pour étudier, en finissant par les sciences physiques. Malgré de nombreuses relectures, je peine toujours à comprendre la démarche attendue dans les exercices. Il va bientôt être 18:30 et j'ai très envie de me détendre avant d'aller préparer le repas, même si ma faible performance de travail m'agace. Je vais arrêter de m'abrutir là-dessus… je ferais mieux d'écouter un peu de musique avant d'aller cuisiner, ça me fera du bien.

  Je m'allonge sur le lit et je lance de la musique en mode aléatoire sur mon téléphone. Après avoir écouté quelques titres de ABBA, Johnny Mathis ou encore Imagine Dragons, c'est la chanson House on fire de Sia qui se lance. Immédiatement, je pense à Louis et je me laisse porter par la mélodie, un peu comme l'expérience menée chez Léonor qui m'avait fait beaucoup de bien. La rythmique et les paroles m'atteignent à tel point que je visualise le moment passé aux côtés de Louis, sur le banc surplombant les champs. Il est face à moi, dans sa tenue de sport grise, et je revis son étreinte amicale, mais cette fois je m'imagine oser déposer un baiser sur sa joue rosie par le froid et l'effort. Nos regards se croisent ensuite, et ses yeux mi-clos, conjugués à son sourire sont les signes d'approbation que je désire tant.

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