Chapitre 35

5 minutes de lecture

Chapitre 35


– Nate, tu as composté ton billet à l'envers, regarde !


  La voix et le rire spontané de Léonor retentissent dans la gare, quelques minutes avant le départ de notre train. Elle saisit mon billet et le composte sur la bonne face, sous les regards amusés de Marie, Louis et Hugo.


– Euh, merci Léo. – Allez, faut se grouiller le train va partir !


  Nous nous retrouvons dans un wagon quasiment vide où seulement quelques rares voyageurs attendent le départ imminent du train. Tout le temps du trajet, des nuages gris couvrent la majeure partie du ciel. Nous arrivons à Nancy après une vingtaine de minutes.

  Depuis la gare, nous traversons le boulevard Joffre en direction du centre commercial Saint Sébastien. Les rues sont particulièrement bondées en ce mercredi après-midi. Hugo nous explique que sa grand-mère habite un appartement à une dizaine de minutes d'ici, dans la rue Charles III, et qu'un jour il aimerait que nous y allions.

  Le centre commercial possède plusieurs entrées, comme me l'explique Hugo. Nous entrons dans la galerie du centre commercial et une délicieuse odeur de viennoiseries et de pain chaud atteint nos narines. Léonor s'est approchée de la boulangerie qui se situe à l'entrée et je devine à son regard qu'elle est dans une certaine forme de fascination. Elle se tourne vers nous et dit :


– J'ai une idée ! Si on se faisait la surprise de nos tenues pour le bal ? Les gars vous allez faire vos boutiques, et avec Marie on va faire les nôtres. On se retrouve ici dans une heure et demie et on avise après. C'est bon pour vous ?


  Tout le monde acquiesce, et les filles s'empressent d'aller vers la boutique de chaussures qui fait face à la boulangerie. Hugo et Louis me font signe de venir et désignent du doigt le premier lieu que nous allons visiter. Le magasin qui fait l'angle offre une devanture sobre et épurée. Les vêtements exposés semblent de très belle qualité mais en m'approchant je constate des prix élevés, bien au-delà du budget que je me suis fixé.


– Du coup il vous faut quoi ? Moi je te dois acheter une tenue complète car je n'ai rien à me mettre, nous dit Louis.

– J'ai tout ce qu'il me faut sauf une chemise blanche, et toi Hugo ?

– Il me faudrait un pull noir, celui que je voulais mettre est trop petit. Et le reste ça devrait aller.


  Après plusieurs minutes dans la boutique, Hugo nous fait signe qu'il ne trouve rien tandis que Louis a les bras chargés de vêtements. La seule chemise blanche que j'avais trouvée à mon goût dépasse mes moyens. Nous suivons Louis vers les cabines d'essayage, et nous attendons qu'il enfile sa tenue. Pendant l'attente, Hugo pianote sur son téléphone et je décide d'observer les différentes ceintures qui dégagent une forte odeur de cuir. Louis tire enfin le rideau et nous dévoile sa nouvelle apparence.


– Vous en pensez quoi ?


  Qu'est-ce qu'il est séduisant ! Louis porte une chemise à carreaux noirs et blancs et un gilet de costume noir qui épouse sa taille fine. Un pantalon blanc vient sublimer sa silhouette et se marie à la perfection à une paire de richelieus noirs et vernis. Hugo lève un pouce en l'air en signe d'approbation et je réponds maladroitement :


– Tu es parfait… enfin les vêtements te vont parfaitement ! C'est très élégant.

– Merci les gars, répond Louis en souriant.


  On dirait un jeune marié… Et si…?


– J'aimerais juste réessayer la chemise mais avec la taille en-dessous, ça vous embêterait d'aller me la chercher en 37/38 ?

  Je fais un signe de la tête à Louis sans même attendre la réponse d'Hugo. Je m'empresse de trouver le modèle de chemise voulu par Louis dans la petite boutique, et je la lui rapporte. Devant le rideau clos, je lui annonce :


– C'est bon Lou, je l'ai trouvée !

– Vas-y ouvre.


  Alors que j'entrouvre le rideau pour donner la chemise à Louis, je le découvre torse nu. Il est de dos à une cinquantaine de centimètres de moi et les quelques secondes de contemplation de son corps me permettent d'apprécier une nouvelle fois ses formes que j'aime tant observer. Je sens monter en moi une irrépressible envie de caresser son dos, de l'effleurer délicatement. J'ose tendre le bras doucement dans l’entrebâillement du rideau, je m'approche doucement mais je suis stoppé dans mon élan par son regard qui croise le mien, à travers le reflet du large miroir suspendu. Je sens mes joues s'empourprer dangereusement.


– Merci Nate, c'est cool !

– Je… je t'en prie c'est rien du tout.


  Je recule de quelques pas pour me placer à côté d'Hugo, et je me sens soudainement comme à l'étroit en dessous de la ceinture. Comprenant de quoi il s'agit, j'essaie alors de focaliser mon attention sur autre chose de moins… stimulant. Pense à autre chose… La cliente là-bas a tellement de fond de teint, on dirait un monochrome. 129 euros pour une chemise, c'est cher non ? C'est suffisant pour calmer les prémices de mes premières ardeurs en public.

  Louis finit son essayage et nous fait signe d'aller vers la caisse. Il glisse alors :


– J'aimerais juste voir s'ils ont des lacets blancs, et après je vais payer.


  Une fois en caisse, Louis débourse plusieurs centaines d'euros pour sa magnifique tenue, et nous poursuivons nos recherches dans une autre boutique où les vêtements sont plus abordables.

  Hugo souhaite essayer un pull à col rond et un autre à coupe ajustée. Je finis par trouver une chemise blanche cintrée qui me plaît et qui entre dans le budget que je me suis fixé. Nous nous dirigeons vers les cabines puisque Louis semble ne rien vouloir prendre ici.

  Dans la cabine, je me mets torse nu. Je regarde mes cicatrices, mises en lumière par le puissant éclairage, et je me laisse distraire un instant. Louis ouvre le rideau de la cabine et me dit en posant son regard sur moi :


– Oh désolé je pensais que tu avais fini ! Hugo voudrait ton avis sur son pull.


  Il referme aussitôt le rideau et j'enfile machinalement la chemise. D'un naturel très pudique, je suis gêné par ce qu'il vient de se passer. Même si j’éprouve des sentiments pour Louis, je ne suis pas à l'aise à l'idée de lui dévoiler mon corps. Pas comme ça. Peut-être que dans un contexte plus intime, ce serait différent ? Peut-être que j'y prendrais même du plaisir ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire CRB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0