Une histoire d’amour inattendu.

2 minutes de lecture

Passage : La Pierre des Larmes

Cadre : Clairière glacée, forêt pétrifiée, nuit polaire

Le vent hurlait entre les troncs figés, soulevant des spirales de neige comme des fantômes en fuite. La forêt ne dormait pas. Elle retenait son souffle.

Kael avançait, l’air grave, les bottes crissant sur la neige, ce qui ruinait un peu son entrée dramatique. Il aurait préféré flotter, mais la gravité avait d’autres projets.

Au centre du cercle de pierres, trônait la Pierre des Larmes. Noire, massive, incrustée d’argent, elle ressemblait à une relique sacrée... ou à un presse-papier de luxe pour sorciers mélancoliques. Elle vibrait doucement, comme si elle avait des choses à dire mais préférait rester mystérieuse.

Et bien sûr, Lira (Lira était autrefois une mage de l’Ordre des Voiles, chargée de protéger les objets enchantés

émotionnels dont la Pierre des Larmes) l’attendait déjà, silhouette sombre contre la pâleur du givre. Son manteau battait comme une bannière en guerre. Elle ne portait pas d’arme. Juste ses secrets.

Kael s’arrêta à quelques pas.

-Tu savais que je viendrais, dit-il, en mode héros torturé.

-Évidemment. Tu es aussi discret qu’un dragon enrhumé.

Il posa sa main sur la Pierre. Elle pulsa. Il sentit tout : peur, désir, culpabilité… et cette chose étrange qu’on appelle amour.

-Tu devrais me haïr, murmura-t-elle.

- Je devrais, oui. Mais je suis nul en rancune. Et en logique.

-Tu peux essayer, mais je suis très attachant. Même la Pierre pleure quand je pars.

Le silence s’installa, épais comme le givre. Puis elle s’approcha, si près qu’il pouvait voir la lumière danser dans ses yeux.

- Je ne suis pas revenue pour le clan. Ni pour la guerre. Je suis revenue pour toi.

Kael recula, le souffle court.

-Tu joues avec le feu. Si les Invisibles nous trouvent ici… -Qu’ils viennent. Je préfère mourir en disant la vérité que vivre dans le mensonge.

Elle posa sa paume sur la Pierre. Une larme coula. La Pierre pleura.

Kael sentit son pouvoir se retourner contre lui, résonner en lui-même. Il vit des souvenirs : une nuit dans les grottes de Gildingham, où leurs mains s’étaient frôlées. Une mission où elle l’avait sauvé sans ordre. Un regard volé à l’aube, quand le monde dormait encore.

- Tu te souviens ? demanda-t-elle.

- Chaque seconde.

Mais le devoir pesait. Leurs camps ne pardonneraient pas. Lira avait pactisé avec l’ennemi autrefois. Kael était le dernier porteur de Résonance. Leur amour était une trahison.

- Je doute, avoua-t-il. Je doute de tout… sauf de toi.

- Alors choisis. Pas pour le clan. Pas pour la guerre. Pour nous.

Le vent s’apaisa. La glace sous leurs pieds sembla fondre légèrement. La lumière autour de la Pierre pulsa une dernière fois, douce, presque chaude.

Kael prit sa main.

- Si tu restes, je te perds.

- Si je pars avec toi, je perds tout.

Il ferma les yeux. Puis ouvrit les bras.

- Alors je pars. Mais pas seul. Et si je tombe, ce sera en marchant avec toi.

Ils s’éloignèrent ensemble, laissant derrière eux la Pierre des Larmes, qui pleurait encore non plus de douleur, mais d’amour.

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