Mike escalada la colline, la vue dégagée sur la plaine était à couper le souffle. Le panorama était un tableau à ciel ouvert. Il lui donnait un sentiment de liberté, comme ces moutons au loin qui gambadaient près des falaises. Ici aucune barrière, aucune limite, rendant la randonnée légère. La plage, lui semblait irréelle, avec son eau bleu turquoise et son sable fin.

Le sentier longeait un cimetière, en passant, il aperçut une silhouette agenouillée devant une tombe. Ne voulant pas rompre le recueillement, il avança sans un bruit, ses yeux rivés vers l’océan. Quand tout à coup, il fut à nouveau bousculé.

– Mike, c’est bien ton prénom ?

Il se retourna et qu’elle ne fut pas sa surprise, c’était la fillette du village.

– Comment connais-tu mon prénom ?

– J’ai entendu les deux dames qui t’appeler ainsi.

– Mais que fais-tu là, toute seule, où sont tes parents ?

– Je ne sais pas, au village à me chercher.

– Mais ils doivent être très inquiets.

– Oui surement, tu sais que ce ne sont pas mes parents ?

– Que veux-tu dire par là ?

– Oh, ils m’ont adoptée.

Mike surpris par la réponse, ne savait plus ce qu’il devait en penser.

– Comment t’appelles-tu ?

– Ophélie.

– Quel âge as-tu ?

– Bientôt neuf ans, dit-elle avec aplomb.

– Tu ne m’as pas répondu, pourquoi es-tu là toute seule ?

– Viens avec moi, suis-moi, je vais te montrer.

Mike hésita un moment, Ophélie le prit par la main, et se laissa guider jusqu’au cimetière. Ophélie s’arrêta devant un cairn et s’agenouilla.

– Approche, elle attrapa une lettre qu’elle tendit à Mike.

Il ne comprenait pas là où elle voulait en venir.

– Il y a quatre ans, j’ai rencontré une femme sur cette plage. Elle était assise là face à l’océan, elle écrivait.

Mike était intrigué.

– Et elle m’a dit, que si je me sentais seule, abandonnée, que si je me posais des questions, je n’aurais qu’à revenir ici pour lire la lettre, et que peut-être cela m’apaiserait.

Mike se sentit tout à coup bouleversé, un sentiment étrange l’envahit.

– Tu étais en train de la lire quand je suis arrivé, c’est bien ça ?

– Oui, parce que maintenant tu sais, je sais lire. Elle avait raison, je me sens mieux.

– Très bien, du coup, je peux te ramener au village.

– Oui s’il te plait, est-ce que je peux te confier la lettre ?

– Tu ne veux pas la remettre à sa place.

– Non, elle est pour toi.

– Pourquoi ?

– Parce qu'elle a su me réconforter, et toi tu viens de me sauver.

– Mais je n’ai rien fait.

– Bien sûr que si, tu vas bien me raccompagner jusqu’au village. Tu vas m’aider à retrouver mon chemin.

Mike prit la lettre et sans réfléchir, la glissa dans la poche de son blouson. Ophélie ne lui avait pas lâché la main, et Hugh les avait rejoints. Mike se rendit compte qu’elle avait raison, le chemin n’était pas si simple et rempli d’embuches, le sol gorgé se transformait parfois en marécage.

Olivia et Beth attendaient Mike à côté de la coccinelle. Elles étaient en grande discussion avec les parents de la fillette. Ils semblaient tous inquiets. Quand Mike apparut avec Ophélie à ses côtés, la maman de celle-ci fondit en larmes tout en la serrant très fort contre elle.

– Promets-moi que tu ne t’enfuieras plus, lui dit-elle.

– Promis maman, on peut rentrer à la maison maintenant.

À ces quelques mots, ses parents la prirent dans leurs bras, le bonheur se lisait sur leur visage. Tout allait pouvoir rentrer dans l’ordre.

– Mike, je ne sais pas si tu rencontreras un jour ma fée, si c’était le cas, remercie la.

Olivia regarda Mike, qui lui répondit avec un tendre sourire.

– Mumy, je te raconterai.

Et ajouta en direction d’Ophélie

– Promis et sois bien sage.

La petite fille prit la main de ses parents, s'évaporant une fois de plus.

– Mumy, je pense que tu as devant toi ta prochaine toile sur fond de Black Houses.

Mike, Olivia et Beth reprirent la route, en chemin Mike leur raconta son étrange rencontre avec Ophélie. Olivia lui donna la version de ses parents. En mettant bout à bout chacune des histoires, tout semblait plus clair. Ophélie avait été adoptée à six ans après avoir vécu deux ans en famille d’accueil. Elle avait perdu ses parents pendant leurs vacances sur l’île, ils étaient partis en mer, la tempête s’était levée, le bateau de plaisance avait alors fait une embardée et s’était échoué sur la plage de Garraman. On n’avait jamais retrouvé le corps de ses parents. La jeune fille était seule sur l’épave. Elle a vécu deux ans ici, avant d’être adoptée par ce charmant couple. La petite fille ne parlait que depuis un an seulement, et la première chose qu’elle leur a dit, c’est qu’elle devait venir ici pour trouver quelque chose.

– J’ai le sentiment que tout va aller pour le mieux pour elle, il marqua une pause en songeant à la lettre dans sa poche.

– Qu’est-ce que tu voulais dire Mike ? demanda Olivia.

– Elle a trouvé une lettre écrite par sa fée, j’ai cru à un conte, une légende jusqu’à ce qu’elle me la confie.

– Et tu l’as ouverte ? questionna Beth trop curieuse.

– Non.

– Vas-tu le faire ? insista Beth.

– Je ne sais pas.

Ils remontèrent la route en direction du petit port pour conclure cette journée. Beth et Olivia s’assirent à la terrasse du pub tout en appréciant leur thé face à l’océan. Olivia observait Mike songeur, assis sur un rocher, la lettre à la main admirant le soleil couchant.