Chapitre 8 : Passage de témoin (Partie 3 : un cadeau d’exception)

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Harold déposa la boite sur le bureau. Puis il saisit deux verres et versa un nectar à la robe blanche.

– Au fait, qu’as-tu pensé du Whisky de grand-père ? Rory m’a dit que tu avais été encore d’une grande précision dans la lecture des arômes.

– Un vrai bijou, il était si parfumé.

– Tu as réfléchi à son avenir ?

– J’ai envie de lui donner encore un peu de temps de maturation. Je voudrais en prélever un fût et le reste je souhaiterais que nous continuions à le faire vieillir pour le transmettre à la future génération.

– Quelle merveilleuse idée.

– Bon alors, tu l’ouvres cette boite, je suis impatiente d’en connaître son contenu.

– Encore un peu de patience, d’abord goûte ce blanc. J’ai besoin de connaître ton avis.

Céléna prit le verre et commença par le dévorer des yeux. Harold la regardait œuvrer. Voir ses grands yeux verts se refléter à travers le liquide, le rendait admiratif. Il ne voulut surtout pas l’interrompre. Ce fut elle qui prit la parole en première.

– Je sens des notes d’agrumes plutôt de citron, des fruits secs tel que l’amande, du miel et des épices plus précisément de la cannelle. En bouche, il est puissant et fruité issu d’une vendange tardive et manuelle. Tu peux en commander, il est digne de rentrer dans la cave du Castle. Et par la même occasion, tu pourras remercier Monsieur Garnier de nous avoir apporté sa meilleure production.

– Tu es bien trop maligne.

– Et maintenant j’ai la permission de regarder dans la boite.

Harold la poussa délicatement en direction de Céléna. Elle hésitait mais ne put résister. Comme elle analysait un nouveau vin, elle observa et analysa en premier l’écrin qui l’entourait. Elle souleva le couvercle sans le brusquer, elle ne voulait surtout pas abîmer la boite.

Elle était comme une enfant découvrant son cadeau de noël, impatiente de savoir ce qu’on lui avait apporté. Elle fut sous le charme en voyant ce qu’elle contenait. Elle prit les petites gravures qui représentaient la distillerie au début de sa construction.

Leur état de conservation était parfait. Les dessins étaient en couleur, les traits soignés et précis dans leur exécution. La distillerie n’avait pas vraiment changé depuis tout ce temps. Seuls les aménagements extérieurs avaient été embelli.

Céléna eut l’impression d’être remontée dans le temps. Elle retourna les miniatures et découvrit au dos de chacune, une date et la même signature. La première représentait le terrain à l’état sauvage et la pose de la première pierre. C’était le trente juillet mille huit cent vingt, cela fera deux cents ans l’été prochain. Elle regarda de plus près les initiales CMG qui auraient pu très être les siennes, tout en se tournant vers son père qui la devança

– Il s’agit de Caroline Mac Graigh.

– Ce nom me dit quelque chose, il me parle. Mais oui ça y est je me souviens. Elle est dans l’arbre généalogique de grand-père. J’ai vu aussi son portrait dans un livre. Elle était grande, brune et très belle.

– C’était la femme du Lord, une grande artiste à l’époque.

– Au vue de la qualité des croquis, il est difficile d’en dire autrement.

– Tous les hommes de ma famille ont su s’entourer de femmes d’exception. Et aujourd’hui avec toi, une nouvelle génération dont ils seraient fiers.

Céléna étudiait tous les dessins, et elle les déposa sur le bureau pour recréer une fresque historique. Elle les admirait avec beaucoup de tendresse, c’était un vrai trésor. Elle continua de fouiller dans la boite et observa l’objet qu’elle venait de découvrir. Il ressemblait à la broche que maman lui avait offerte hier.

– Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle à son père.

– Le sceau de la famille, on s’en servait à l’époque pour sceller les bouteilles, puis ensuite on l’a utilisé pour cacheter les courriers.

Pour finir, au fond de la boite, se trouvait le bien le plus précieux. C’était l’acte de propriété du château et de toutes les terres. Il était daté de mille six cent quarante, une vraie pépite à la valeur inestimable. Céléna osa à peine le toucher, de peur de le détériorer au contact de ses doigts. Harold l’a regardée amusée et la rassura aussitôt.

– Il y a une copie originale chez le notaire.

– Ouf.

– La boite est transmise de père en fils, mon père me l’a offerte le jour de mes vingt ans quand il a estimé que je pourrai à mon tour poursuivre la tradition. Aujourd’hui c’est à mon tour. Tu es la première fille a relevé ce défi.

– Tu es sûr que tu veux …

– Comment peux-tu encore en douter ?

– C’est juste que je ne sais pas si …

Harold comprenait où elle voulait en venir, elle avait été adoptée et douter encore de sa légitimité. Il lui attrapa les mains et il les serra.

– Ne doute jamais de qui tu es. Tu es ma fille Céléna Mac Graigh. Tu es et restera une partie de moi. Tu es la seule à pouvoir prétendre à ce rôle.

– Papa…

– Non laisse-moi terminer. Ne pense jamais que tu n’en n’es pas digne et ne laisser personne te convaincre du contraire.

Céléna regardait son père, les yeux remplis de larmes. Elle était si fière d’être là, avec lui. Cet homme avait offert le plus beau cadeau à une enfant, une famille. Aujourd’hui il venait de lui donner une preuve d’amour supplémentaire. Ils continuèrent à regarder les plans, les photos et Céléna commençait à faire des ébauches de travaux, tout en quantifiant les coûts.

– Papa, il faut que ces cadres soient exposés, c’est l’histoire de la distillerie. Faisons faire des copies et affichons-les. Et nous devons marquer le coup, deux siècles cela doit être fêter dignement. Maman adorera mettre la main à la pâte peut-être sous forme de gala. Et cela permettra de mettre en avant tout le travail fait par nos prédécesseurs.

– As-tu déjà une idée en tête ? Ça va peut-être, être un peu court dans le temps, c’est l’été prochain.

– Avant tout, je voudrais que nous commencions par nous concentrer au plus vite sur les aménagements des extérieurs par égard pour nos visiteurs.

– En parlant de clients, nous avons un groupe qui doit se présenter à seize heure trente.

– Très bien, tu veux que je m’en charge. Ou encore mieux, faisons là ensemble.

– Tu ne penses pas que nous devrions la reprogrammer.

– Non surtout pas, ce sera une façon de prouver que nous nous relevons toujours. Sais-tu combien de personnes seront présentes ?

– Une douzaine.

– Et bien voilà une excellente nouvelle.

Céléna ramassa avec précautions tous les papiers et les rangea soigneusement dans la boite.

– Je m’occupe de tout, retourne avec maman et vois avec elle si elle a quelques douceurs à disposition. Et surtout envoie moi Lily, j’aurai besoin d’elle.

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