Posé sur un promontoire, le cottage aux volets bleus semblait le seul point d’ancrage dans cette nature sauvage. La terrasse était ornée de rosiers pourpres. Il faisait face à l’océan tel un observatoire à cent quatre-vingt degrés. Il permettait de profiter du lever au coucher de soleil. L’astre majestueux venait d’être libérer par la mer, telle la marée haute s’effaçant pour laisser la place à un lit de sable blanc.

En ce début d’août, la lumière du matin éclairait les eaux turquoises de reflets dorés, cuivrés comme le whisky qui se diffusait dans le verre. Un cheval à la toison et crinière blanche s’était posé pour déguster des touffes d’herbes folles au couleur vert tendre. Dans le ciel un sterne arctique tel un cerf-volant planait sur l’océan. Cette maison proche de Luskentyre était le lieu idéal pour des vacances en famille.

Assise sur la terrasse, elle observait la nature qui s’épanouissait au grand jour. Il se tenait derrière elle, une main posée sur son épaule admirant les montagnes côtières qui se relayaient à l’infini. Il se pencha, pour lui glisser à l’oreille un « je t’aime » et finit par déposer un baiser sur ses lèvres.

Ils étaient venus dans ce coin reculé pour leurs vacances d’été. Elle avait eu besoin de se ressourcer sur les terres où elle passait ses vacances d'adolescente. Elle avait voulu partager ces moments précieux avec ceux qui comptaient le plus pour elle.

Il lui tendit une tasse de thé et s’installa sur la balancelle auprès de sa femme. Elle posa sa tête sur son épaule et se laissa bercer.

– Où veux-tu aller avant que nous rentrions ?

– J’aimerais tant pouvoir arrêter le temps, nous sommes si bien ici.

– Je te comprends, c'est si apaisant.

– Je lui ai promis que nous irions voir les Blacks Houses à Garymane.

– Ok, en attendant allons faire quelques pas sur la plage.

Ils filèrent, profitant du fait que l’océan se soit retiré. Ils se faufilèrent le long de cette rivière éphémère pour rejoindre la plage. Ils leur semblaient à leur tour être revenus vingt ans en arrière.

Il était neuf heures vingt quand Céléna ouvrit les yeux. Elle réalisa qu’il n’y avait aucun bruit autour d’elle. Elle se leva et regarda par la fenêtre. La nature, face à elle, était un tableau vivant à couper le souffle. Elle était tombée sous le charme de cette région. Elle était heureuse de passer des vacances avec ses parents.

Maman avait eu une fois de plus une excellente idée. Cette semaine avait été pour elle une belle découverte et elle attendait avec impatience cette dernière journée. La sortie programmée allait lui permettre de remonter le temps, elle ressentait ce besoin viscéral de se rendre sur les terres où étaient érigés les Blacks House.

Depuis qu’Isabel lui avait parlé de ce projet, elle était retournée se documenter sur l’histoire des Orphelins déportés. Elle ne savait pas pourquoi, elle avait besoin de marcher dans leurs pas. Elle venait juste de fêter ses vingt ans, elle avait suivi un chemin bien différent que la plupart d’entre-deux. Elle avait envie de leur rendre hommage à sa façon. Cela lui semblait important.

Elle entra dans la cuisine, se prépara un thé et s’installa à son tour sur la balancelle. Le soleil généreux en cette matinée l’enveloppa d’une douce chaleur. Au loin, elle aperçut ses parents marchant au bord de l’eau main dans la main. Elle attrapa son carnet qu’elle avait glissé dans sa poche et commença à écrire. Elle avait à peine griffonné une vingtaine de lignes quand Isabel et Harold apparurent avec un sourire qui ne trompait pas, ils étaient encore tellement amoureux l’un de l’autre.

– Tu es prête, lança Harold.

– Oui, nous pouvons partir pour cette dernière randonnée.

– Alors en route, nous avons une bonne heure vingt de route. Tiens prends donc les clés.