Partie 10 : La lettre (Partie 3 :CMG)

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Mike posa un moment la lettre sur le bureau, il avait besoin de marcher pour se dégourdir les jambes, comme pour reprendre contact avec le présent. L’écriture était si bien réalisée, les mots si forts qu’il ne lui tardait qu’une chose : poursuivre.

« Aujourd’hui j’ai fêté mes vingt ans, Papa et Maman, nous avons partagé une belle semaine de vacances sur l’île de Lewis and Harris. Comme je te comprends mieux Maman, ton besoin de revenir plonger dans tes souvenirs sur les terres de ton adolescence chez ta grand-mère. Je suis tombée sous le charme de cette île qui ne peut laisser indifférent. Et puis nous sommes allés à Garraman parce que j’en ai ressenti le besoin, comme un appel. Je voulais rendre hommage aux Orphelins déportés, j’ai appris à connaître leur histoire au cours de mes années d’études et de mes différentes recherches. Je voulais marcher dans leur pas. J’ai pris conscience à ce moment-là de la chance que la vie m’avait donnée et qu’ils n’ont pas eue. J’espérais qu’ils aient pu découvrir à nouveau l’amour de parents bienveillants. Ils ont vécu dans des conditions parfois terribles, pour ma part j’ai connu le confort d’un Castle où l’on m’a accueillie les bras grands ouverts et quand ils se sont refermés sur moi ils m’ont recouverte de douceur et de sécurité comme je n’en n’avais jamais connu. Je suis tellement reconnaissante à vous Papa et Maman qui m’avez donné la vie, vous ne saviez pas de quoi serait fait vos lendemains. En me laissant vous m’avez permis de m’envoler et de devenir la femme que je suis. Vous, papa et maman, qui m’avez ouvert la porte de vos cœurs, vous m’avez guidée pour que je me construise sans peur.

En venant ici, je ne savais pas ce qui m’attendait. Et là, j’ai croisé ton chemin Ophélie. Tu étais perdue, seule, cherchant un peu de réconfort sur cette plage. Tu m’as rappelée d’où je venais et tu m’as surtout montrée que comme moi tu étais au début de la route et qu’il te fallait juste quelqu’un pour t’écouter et te rassurer. Quand tu reliras ces quelques mots, j’espère que tu auras été accueillie à ton tour dans une famille aimante et que tu leur laisseras la chance d’avoir une place dans ton cœur. Chacun de nous mérite de connaître le bonheur. J’espère que les Orphelins déportés auront pu aller dans la vie, libres en temps et en heure.

Maintenant je sais qui je suis, et je suis particulièrement fière de regarder loin devant moi, prête à relever tous les défis qui se présenteront.

Merci à vous Papa et Maman d’hier, vous aurez toujours une place dans mon cœur. Je vous serais pour toujours reconnaissante, soyez heureux.

Papa et maman d’aujourd’hui, je serai toujours là fille que vous vouliez et ferais de mon mieux pour vous offrir en retour autant d’amour que vous m’en avez donné jour après jour. Vous êtes en moi pour toujours.

De votre fille devenue femme aujourd’hui pour les parents de sa vie. »

Mike se tenait debout, la fenêtre était encore ouverte laissant entrer un filet d’air frais. Il n’avait pas conscience que des larmes glissaient sur ses joues, et que son cœur s’était ralentit. Il venait de lire les derniers mots, il ne pouvait pas se défaire du contact du papier.

Il ne savait plus où il se trouvait, comme s’il était retourné sur la plage de Garraman avec Ophélie. Il revoyait la petite fille et avait l’impression qu’elle lui tenait encore la main. Puis Il se demanda tout à coup, s’il ne devrait pas rapporter la lettre et la reposer dans le cairn, que finalement c’était là qu’elle devait être.

Il était troublé, au fur à mesure, il eut le sentiment que ces mots, il aurait pu les écrire, pas aussi bien mais ils exprimaient ce qu’il ressentait. Lui aussi avait tout perdu en une nuit et avait eu la chance de se reconstruire avec ses grands-parents qui l’aimaient tant.

Pourquoi c’était lui qui l’avait en possession ? Et les mots d’Ophélie revinrent à son oreille comme s’il pouvait sentir encore sa présence. Elle lui demandait avec son cœur :

– Conserve cette lettre, peut-être qu’un jour tu verras la fée et tu pourras lui dire que je suis heureuse et que je la remercie.

Pourquoi lui, comment pourrait-il croiser sa route ? Il avait bien quelques indices, bien maigres, des initiales CMG, qu’il s’agissait d’une femme qui devait avoir son âge vingt-quatre ans.

Mike s’endormit sur cette dernière pensée.

À cent quatre-vingt-dix kilomètres de là, Céléna s’assoupit à son tour.

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