Mike avait excellé sur ce dernier tour sous le regard de Joseph, la concrétisation de tant d’efforts. Ils avaient rendu coup pour coup à ses adversaires du jour et voulait terminer dans le top dix, il avait besoin de cette place pour avoir le droit de participer à l’Européen Tour au moins pour une année. Puis il serait temps pour lui de voir quelles opportunités, il choisirait.

Pour l’heure son regard était fixé sur la balle, il était au départ du trou numéro dix-huit, sa carte était la deuxième meilleure de la journée. S’il réussissait un birdie, il finirait dans les cinq premiers, ce qui était mieux qu’il n’aurait pu l’espérer.

Tous les regards étaient fixés sur lui, il ressentit une certaine montée d’adrénaline qui explosa au moment de l’impact du club sur la balle. Joseph ne quitta pas celle-ci des yeux, le coup était accès exceptionnel et la distance parcourue idéale, le petit projectile roula sur le fairway et s’arrêta juste au bord du green.

• Mais quel coup ! s’enthousiasma le journaliste.
• Il est même je dirais exceptionnel, répondit son collègue.
• Il est idéalement placé pour le deuxième eagle du week-end, il serait le premier à réaliser un tel exploit.
• Et surtout il finirait 3éme de ce tournoi, gagnant ainsi la possibilité de participer au prochain master.
• Vraiment s’il y a bien un nom à retenir, c’est celui de Mike Alistair-Conroy.

À plusieurs centaines de kilomètres de là, Harrold était sur les genoux de son arrière-grand- père, le restaurant du golf avait fait le plein pour l’occasion. Personne ne voulait rater ce qui se jouait à St Andrews. Mike était apprécié, et à ce moment-là, il devenait le héros de cette petite ville.

• Tu as entendu, ce qu’on dit les journalistes, c’est un super coup.
• Oui mon grand, je pense que nous avons là un futur champion.
• Tu penses qu’il continuera à vivre sur l’île et terminera le parc.
• Oh rassure toi, en plus d’être un grand joueur, c’est un grand paysagiste. Il devra surement un jour, faire un choix. Mais il finira toujours ce qu’il a commencé.

Arthur et Henriett avaient stoppé leur service, eux aussi voulaient profiter du spectacle. Les clients attendraient bien, surtout ils apprécieraient d’ouvrir le champagne pour fêter dignement l’événement.

Olivia, elle n’avait pas quitté son petit fils des yeux, elle était si fière de sa réussite, autant que de l’homme qu’il était et devenait. Elle savait qu’elle ne pourrait le retenir encore bien longtemps à Stornoway.

Harold, Christophe et Sam étaient impatients de voir ce que Mike était capable de faire et comment il allait conclure le coup. Sam avait pris la main de Christophe, en songeant qu’ils allaient devoir se dire aurevoir ce soir et qu’ils ne pourraient se voir avant un bon moment. Christophe alors, le prit dans ses bras, pour le rassurer.

• Regarde, il va réussir, regarde la balle roule jusqu’au … Yes … elle est tombée, cria Sam sous le regard de Christophe qui lui venait d’échapper une larme.

Harold applaudit à ce eagle, suivit de la foule qui était venue s’amasser au bord du green, ne voulant rien rater du show.

Mike lui se jeta dans les bras de Joseph oubliant tout le protocole, il était si heureux et le seul avec qu’il voulait partager ce moment si fort, c’était son grand-père. Olivia essayait quant à elle de se frayer un passage. Sous le regard attendri, la foule observait ce geste d’affection d’un jeune homme, qui voulait rendre aux centuples ce qu’il avait reçu.

Les deux compétiteurs qu’étaient Dechambeau et Morikawa vinrent à leur tour le féliciter.

• Tu sais que tu viens de mettre la pression à Rham, qui ne doit pas rater son dernier trou.
• Oh ça ne risque rien, il est au-dessus.
• En tout cas, j’ai été ravi de jouer avec toi. Je pense que nous aurons l’occasion de nous revoir.

Mike n’en revenait pas de toute cette attention autour de lui, après tout il n’avait pas gagné le tournoi. Seulement il venait de finir troisième avec certes un eagle mais c’était bien Rham le grand champion qui s’approcha à son tour.

• Je pense que je ne peux que saluer ton culot.
• Merci, le compliment me va droit au cœur.
• Viens donc avec moi, les journalistes nous attendent.
• C’est toi qu’ils veulent féliciter.
• Eh bien je pense que tu te trompes, tu viens de me voler la vedette en réalisant un deuxième eagle du tournoi.
• Je ne voulais pas.
• Ne t’excuse pas, tu le mérites.

Mike et Joseph se dirigèrent vers la salle des trophées où allait commencer la remise des récompenses. Les journalistes se bousculaient pour interviewer les deux héros, le vainqueur du tournoi et le champion du jour.

Olivia s’était éclipsée, laissant la gloire à ses hommes et aussi parce qu’Isabel l’attendait pour le gala. Joseph lui avait promis qu’il la rejoindrait un peu plus tard. Mike ne savait pas encore s’il pourrait en faire de même.

Il monta sur l’estrade, à l’appel de son nom, une douce fierté l’envahit. Il était là parmi les plus grands. On lui remit comme aux dix premiers la caisse des Whiskies Mac Graig et c’est Harold qui se chargea de la mission. En lui donnant la caisse, il lui rappela qu’il devait trinquer ensemble, ce que Mike et Joseph s’empressèrent d’accepter sans hésiter. Mike songea à son parrain, qui n’en reviendrait pas qu’il ait pu le rencontrer. Un flot d’émotions l’envahit, son téléphone ne cessait de vibrer, il recevait des tas de messages de félicitations. Il faudrait qu’il trouve un moment pour leur répondre et les remercier. Demain sur le chemin du retour il aurait tout le temps. Là pour l’instant, il savourait.

Il passa une partie du repas du treizième trou en compagnie de Joseph, Harold ainsi que Rahm et Nienaber qui s’étaient joint à eux. Ils discutèrent avec enthousiasme de ce week-end de ce qu’était fait leur vie. Harold et Joseph en profitèrent pour s’éclipser, leurs femmes les attendaient et ils voulaient partager ce moment avec elles. Mike leur promit d’essayer de venir dans la mesure du possible.

À quelques pas de là, dans la salle de Gala, la soirée battait son plein. Les œuvres d’Olivia ainsi que celles qu’elle avait choisies, avaient fait bien des heureux et leurs acquisitions avaient été de belles joutes. L’argent ainsi récolté, pourrait être redistribué à deux orphelinats. Céléna se tenait aux côtés de sa mère, finalement elle avait préféré laisser la tâche à son père de remettre les trophées au Old Course, pour sa part, elle avait ressenti le besoin de changer d’environnement. Sam et Christophe l’avaient rejoint.

• Céléna, tu es si belle dans cette tenue, lui murmura Christophe.
• Juste dans cette robe, pas les autres fois, taquina Céléna.
• Non, tu sais que si je ne préférais pas les hommes, il y a longtemps que je t’aurais fait la cour.
• Coquin, je suis tellement heureuse pour toi et Sam. Comment allez-vous faire tous les deux pour la suite ? Rester séparer me semble impossible.
• Je vais voir, après tout je devrais peut-être trouver un boulot dans une boutique vers Bordeaux, suggéra Sam.
• C’est vrai, s’enthousiasma Christophe.
• Oh je serais tellement heureuse pour vous deux.

Ses deux amis s’éclipsèrent voulant profiter de la fin de soirée ensemble. Céléna les regardait avec tendresse, s’il n’avait pas été là, elle ne sait pas comment elle aurait pu s’en sortir.

C’est à ce moment-là que son père et Joseph firent leur entrée, les voyant, elle s’empressa de les rejoindre.

• Joseph, comment pourrai-je un jour vous remercier de l’aide que vous m’avez apporté ?
• Ton sourire me suffit largement.
• Papa, maman et Olivia ont assuré, toutes les toiles ont été vendues.
• Tant mieux, je n’en doutais pas et je peux te dire que les participants ont apprécié eux aussi leur cadeau. Je pense que Hugh te l’a dit, il voulait t’envoyer un message. Et il nous a demandé si nous pourrions poursuivre notre collaboration pour les cinq années à venir.
• Et bien ce week-end se termine bien mieux que je ne l’aurais espéré.

La soirée se poursuivait au Old Course, la salle s’était progressivement vidée, Mike vint une fois de plus remercier les organisateurs avant de s’éclipser à son tour, il voulait finir cette soirée avec les deux êtres qu’ils aimaient le plus. Il marchait dans la rue, où l’agitation ne semblait pas vouloir retomber. Heureusement pour lui, malgré sa notoriété toute nouvelle, il pouvait encore avancer sans être reconnu.

La soirée était bien avancée, le Gala se terminait, il ne restait plus que les serveurs qui débarrassaient. Olivia, Joseph, Isabel et Harold étaient assis, profitant du calme retrouvé pour enfin relâcher la pression de ses trois derniers jours qui s’étaient avérés intenses. Céléna venait de les laisser, elle voulait profiter de la douceur de la nuit qui enveloppait St Andrews et errer un moment dans les rues avant d’aller se coucher, elle était épuisée.

Céléna franchit la porte du hall, Mike poussa délicatement le tourniquet, perdu dans ses pensées. Elle ressentit un léger frisson au moment où l’air s’engouffra entre les parois de verre, une douce odeur de verveine vint tapisser son nez. Elle remontait la grande rue pour rejoindre son hôtel, il déambulait dans l’entrée espérant retrouver Joseph et Olivia.