Mike avait préparé un sac vite fait, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Il avait en tout et pour tout une petite valise avec des affaires décontractées et une tenue un peu plus habillée. De toute façon, avec l’avion, il valait mieux ne pas trop s’encombrer. Il saisit son sac à dos, dans lequel il avait glissé son ordinateur portable. Finalement, c'était tout ce dont il avait besoin.

Il descendit, et trouva ses grands-parents installés prenant leur petit déjeuner. Il embrassa Olivia puis se pencha vers Hugh qui attendait sa caresse avec tout autant d’impatience. Joseph le pressait, s’il ne voulait pas rater son vol. Il était à peine sept heures sur les îles Lewis, le petit aéroport était peu fréquenté si tôt dans la journée, seul quelques hommes d’affaires s’y croisaient. Joseph rappela à Mike qu’il était attendu par Harold en fin de matinée. Qu’il avait tout organisé pour son transfert d’Edimbourg à la distillerie. Mike n’aimait pas les voyages à bord de ses grands rapaces de fer, il avait toujours une certaine appréhension, quand ceux-ci s’arrachaient du sol. Pourtant depuis quelques temps, c’était devenu son moyen de transport le plus rapide, et le deviendrait encore plus dans les mois à venir s’il participait à l’Européen Tour. Il s’installa au fond de son siège, plongea dans le roman Ce dernier emprunté pour l'occasion permettait de trouver le temps moins long. Une heure après le décollage, et quelques turbulences de-ci de-là, l’avion se posa sans encombre sur le tarmac. Quand Mike arriva dans le hall, pour récupérer ses bagages qu’elle ne fut pas sa surprise de voir au loin le jeune homme qui l’interpellait en faisant de grand signe.

• Mike, je suis là, c’est moi ton chauffeur du jour.
• Salut, Sam et bien en voilà une surprise.
• Oh quand Harold m’a dit que tu arrivais pour le week-end je n’ai pas pu résister.
• Super, et Christophe ?
• Il est rentré en France, je te raconterai pendant le trajet.

Les deux jeunes hommes rejoignirent le parking, et grimpèrent dans la mini Cooper.

• Sympa ta voiture Sam.
• Oh non ce n’est pas la mienne, c’est la fille d’Harold qui me l’a prêtée.

Mike n’insistait pas plus et se contenta de s’installer sur le siège passager appréciant les paysages qui défilaient sous ses yeux. La conversation entre les deux hommes tourna rapidement autour de leur projet d’avenir respectif. Sam s’empressait de lui parler de son futur départ pour la France.

• Tu dois penser que nous allons peut-être trop vite ?
• Non, pas vraiment. Après tout l’amour ne se commande pas. Il est imprévisible, fou, charmant et désarmant. L’essentiel c’est qu’il soit partagé pleinement avant tout. Et puis avec le temps, il se métamorphose en des instants magiques.
• Eh bien, tu en parles vachement bien, tu es amoureux ?
• Un vrai célibataire, bien qu’on m’ait fait une proposition hier que j’ai déclinée.
• Ah oui, elle était comment ?
• Il, charmant.
• Quoi, il, mais je pensais que …
• Que j’étais hétéro…
• Ben oui un peu …
• Je ne sais pas ce que ma vie sera faite, je veux juste connaître mon double celui que je comblerais et qui me comblera en retour.
• Mais tes conquêtes précédentes étaient …
• Oula lala tu sais je n’ai pas de tableau de chasse et le carnet que j’ai sur moi, n’est pas là pour noter qui que ce soit…
• Alors, un beau mec pourrait te faire craquer ?
• Je ne me suis jamais vraiment posé la question je t’avouerai, jusqu’à hier.
• Et aujourd’hui ?
• Je ne me la pose pas plus. Je pense que quand je rencontrerais la bonne personne, cela deviendra une évidence.
• C’est étrange, ma meilleure amie vient de me dire la même chose, il y a à peine un quart d'heure quand je l’ai déposée pour qu’elle prenne l’avion.

À cette dernière remarque, tout à coup Mike repensa à la lettre qu’il avait lue, cette lettre d’amour qui se concluait de la même façon. Toutes ces coïncidences devenaient troublantes. Quand tout à coup Sam lui glissa pour le taquiner :

• Tu sais si je n’avais pas rencontré Christophe, je pense que j’aurais tout fait pour que tu succombes à mes charmes.
• Arrête tes bêtises et concentre-toi sur la route ce serait dommage de cabosser ce petit bolide.

Ils éclatèrent de rire.