Chapitre 23 : Et si … (Partie 3 : Céléna en transit)

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Déjà deux heures que Céléna attendait. Sa correspondance pour les Etats-Unis venait d’être retardée encore une fois. Des intempéries avançaient sur les îles britanniques. Confortablement installée dans un des fauteuils du hall d’embarquement, elle lisait. La salle d’attente grouillait d’une foule qui s’agitait, espérant qu’enfin leur voyage débuterait. La seule chose à faire, patienter et trouver comment tuer le temps. Le jeune couple installé en face d’elle, lovés l’un contre l’autre s’assoupissait malgré le brouhaha de la famille assise à leur côté. Le bébé dans les bras de sa maman hurlait espérant de pouvoir téter. Le garçon sur les genoux de son père, cherchait à lui voler son portable afin de pouvoir s’amuser à son tour. Céléna scrutait cette ruche qui bourdonnait dans ses oreilles. Elle attrapa son carnet et commença à déposer les bribes d’un conte qu’elle pourrait raconter à son retour aux élèves d’Elisabeth.

Son regard fut tout à coup attiré par un jeune homme qui se tenait dos à elle. Assis dans un coin, il pianotait sur son ordinateur. Les écouteurs sur les oreilles, sa tête ondulait au rythme de la musique que lui seul percevait. Un sentiment étrange l’envahit, une douce sensation l’enveloppa et surtout un parfum de chèvrefeuille vint se diffuser dans ses narines. Elle hésita un moment, puis se décida.

Après tout, une discussion même avec un inconnu pourrait s’avérer intéressante. Elle rangea son carnet dans son sac et se leva quand son téléphone vibra. Elle consulta le message qui s’affichait à l’écran, ses cousines venaient aux nouvelles « Céléna, on a appris que ton vol avait du retard, tiens-nous au courant dès que tu as mis tes jolies fesses dans le Boeing, nous sommes tellement impatientes de te voir ». Elle s’empressa de leur répondre « On attend bien sagement les directives, hâte de vous voir. Nous aurons tout loisir de discuter quand je serai parmi vous, là je ne sais pas pourquoi mais il faut que j’aille à la rencontre d’un jeune homme ». Qu’est-ce qu’elle n’avait pas écrit ? Son portable vibra envoyant une série de bip et de notifications qu’elle s'empressa de consulter pour faire taire les sonneries incessantes. « Ce n’est pas vrai, tu dragues dans le hall d’embarquement, coquine » et un autre « t’exagère nous qui avions tout prévu sur place » et un dernier « envoie une photo au cas où, nous pourrions te donner notre avis ».

Une fois les réponses envoyées, elle hésita à jouer au paparazzi. Elle préférait se contenter d'aller à sa rencontre, oui mais de qui ? Et si elle avait seulement fait un rêve, si son imagination lui jouait des tours. Le fauteuil seul témoin de son hallucination ne serait que de peu d'aide. Elle s'approcha tout de même, posa sa main sur le cuir du siège encore chaud et le parfum toujours bien réel. Elle regarda autour d'elle, rien de lui. Elle chercha du regard un peu plus loin en direction des toilettes et du bar, pas de jeune homme. Seul un vieux monsieur avança vers elle, un sourire attendrissant sur les lèvres. Ses yeux d'un bleu profond attirèrent son attention et elle lui demanda

- Pardon de vous importuner ainsi, je cherche un homme d'une vingtaine d'années, grand et brun.

Qu'est-ce qu'il lui passait par la tête ? Comment ce brave monsieur pourrait-il lui répondre avec une description aussi vague. Elle s'empressa de s'excuser et poursuivit sa route quand l'hôtesse annonça l'embarquement immédiat pour le vol en partance pour la Floride.

Céléna attrapa son sac et se dirigea vers la zone d'embarquement. Devant elle se tenait le couple d'amoureux, toujours collé l'un à l'autre, lui, son bras sur son épaule et elle, une main sur la taille qui s'amusait à caresser discrètement ses fesses. Derrière elle, la petite famille à nouveau apaisée par le futur départ. Le vieux monsieur quant à lui se tenait à la barrière essayant de ne pas tomber au moment où il poserait le pied sur le tapis roulant. Céléna se précipita pour l'aider, bousculant le jeune homme qui donnait son billet d'embarquement. Alors qu'elle allait se retourner pour s'excuser, le vieux monsieur l'agrippa pour se stabiliser, lui comprimant le bras de telle sorte qu'elle poussa un léger cri de douleur. Quand elle se redressa, il ne restait plus qu'elle et le papi qui lui dit en souriant

- il me semble qu'il est parti par là, votre grand brun.

Céléna le regarda amusée, elle lui rendit son sourire et le prit par le bras, ils avancèrent ainsi jusqu'aux portes de l'avion. Et si seulement, qui sait.

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