Retour à la civilisation
Nous approchions finalement de la cité d’Italika.
Traversant un pont enjambant un immense fleuve au courant rapide, nous apercevions déjà les hauts gratte-ciels de l’autre côté.
Habillés d’immenses panneaux publicitaires, affichant des pubs pour des boissons, des parfums et des vêtements, les immeubles peuplant la ville était par endroit relié entre eu par d’immenses ponts suspendus en béton armé.
— Bon ça avance ! Je crève de chaud dans cette voiture. S’écriait Bastien.
Passant la tête par la fenêtre afin d’avoir une meilleure vue, je pouvais constater qu’une immense chaîne de voiture s’étalait jusqu’à l’entrée de la ville.
— Tu n’as qu’à aller dehors prendre l’air, je prendrais le volant, vu à la vitesse où ça avance, tu pourrais nous suivre à pied sur le côté sans trop de problèmes. Affirmai-je
— Toi ? Conduire ? On t’a appris vite fait pour t’en sortir en cas de problème, tu n’as jamais conduit sur route ouverte !
Se redressant sur son siège et tirant sur le col de son t-shirt, histoire d’y faire passer ne serait-ce qu’un courant d’air, il soupira simplement.
— Pff, fichue clim !
Il avait raison, le soleil était au plus haut dans le ciel et il devait faire dans les trente-cinq degrés.
Alors que je me retournais prenant des nouvelles des autres, je constatais qu’ils suaient tous derrière, collés tous les trois cela devait être insupportable, pourtant personne ne bronchait.
— Vous trois, sortez prendre l’air, ça doit être insupportable depuis tout à l’heure. Vous n'avez qu’à commencer à avancer jusqu’à la cité, on vous rejoindra une fois la voiture garée.
Personne ne bougeait, me regardant d’un air strict.
Par égo ou par respect, je savais ce qu’ils pensaient, du moins, se qu’elles pensaient, si quelqu’un doit subir cette chaleur, alors tout le monde la subira, c’était très honorable de leurs parts, cependant, j’avais besoin de tout le monde sur le qui-vive une fois arrivée pas de personne frappée par l’insolation.
— C’est un ordre, allez là-bas et trouvez de quoi boire, on vous rejoint.
Restant impassible jusqu’à la sortie du véhicule, je pouvais tout de même apercevoir leurs soulagements une fois dehors, sortie de cette fournaise.
Alors que le petit groupe composé d’Élodie, Sarah et Dan s’avançait vers la cité, ils s’arrêtèrent au niveau de la porte du véhicule des Gardiens du Passé.
Après une minute de discussion, deux membres en sortirent et accompagnaient notre groupe.
— Au moins ils seront entre de bonnes mains. Murmurai-je
Une heure ! Une heure pour faire à peine un kilomètre, voilà le temps que ça nous avait pris pour finalement arrivée dans la citée.
Lorsque nous passions les premiers bâtiments qui ouvraient sur l’immense cité composée d’un subtil mélange entre béton armé, route pavée et grand écran, le véhicule de tête s’engouffra dans le sous-sol d’un immense parking qui s’élevait sur quatre étages tout en s’enfonçant de tout autant dans les entrailles de la Terre.
Nous trouvions une place côte à côte, au moins trois, emplacement cent quatorze, mieux valait le retenir, car retrouver notre véhicule dans se labyrinthe allait être laborieux.
Mais dès que nous descendions du véhicule, la délivrance, de l’air frais ! Des courants successifs rafraîchissaient tout le monde, et, a y voir Gustave et un de ces hommes qui était resté dans le véhicule, il ne semblait pas habitué à cet exercice.
— Et bien, c’est toujours comme ça pour arriver ici ? questionnais-je en essuyant mon front avec une partie de mon t-shirt.
Terminant sa gorgée d’eau, il répondit :
— Non, ça doit probablement être pour la vente aux enchères, ou juste pas de chance, d’habitude, ça bouchonne un peu, mais là, là c’était trop.
Reprenant une dernière gorgée, il jeta sa bouteille en direction de son conducteur qui s’en saisissant immédiatement avant d’engloutir le reste d’une traite.
— Bon on part retrouver les autres ? questionna-t-il
— Ouais, allons-y. Répondis-je
Traversant le parking souterrain jusqu’à arriver dans une cage d’escalier, nous faisions finalement face à un ascenseur.
Atteignant le rez-de-chaussée sans effort, nous arrivions au niveau d’une grande route, frappés de plein fouet par le soleil.
— Une idée d’où les trouver ? interrogeais-je me tournant vers Gustave
— J’ai ma petite idée en effet, ce n’est pas très loin, suivez-moi.
Traversant un immense passage piéton pour atteindre l’autre côté, nous traversions diverses ruelles toutes plus occuper les unes que les autres, ici chaque passage de traverse était parfaitement entretenu et éclairé.
Finalement nous arrivions devant une boutique “Dessert Glacé”, composé de bois noble du sol au plafond, des fleurs de toutes les couleurs ornais des socles accrochés aux poutres apparentes et égaillait l’immense baie vitrée qui nous laissait apercevoir une rangée de tables ainsi qu’un immense comptoir.
Entourée de béton armé de tous les côtés et même au-dessus de lui, le bâtiment semblait être une parenthèse dans cette cité, lieu au combien apprécié lorsque l’on y voyait le ballet incessant de client.
Assis à une table surplombée d’un parasol, le petit groupe que l’on recherchait nous fit signe de la main.
C’était…
C’était pour ça que je me battais.
Des moments hors du temps, des sourires sur tous les visages, pas de coup de feu, d’embuscade, juste du soleil et une glace en terrasse.
— Bon tu viens commander quelque chose ? cria Gustave
Alors que je sortais de mes pensées, il s’était déjà approché du comptoir pour passer commande.
Esquivant les piétons, je rentrais à mon tour dans la petite boutique.
Une jeune femme tenait le comptoir, et prenait les commandes, tandis qu’une légère musique était jouée depuis des enceintes parfaitement camouflées dans les fleurs.
Si tu étais encore là, tu aurais probablement occupé une boutique comme celle-ci…
— Vous désirez quelque chose ? questionna la jeune femme aux longs cheveux noirs, un calepin à la main.
Zieutant rapidement le menu affiché sur des panneaux surplombant le comptoir, je fis mon choix.
— Un smoothie Fraise, s’il vous plaît.
— Tu n’as qu’à aller t’installer, je finis de commander et de payer et je vous rejoins.
Je lui fis un signe de la tête, puis me dirigeais vers la terrasse, le petit groupe avait déjà réquisitionné une autre table qu’il avait collée à la leur, rajoutant les quelques places manquantes.
M’asseyant à côté de Sarah, je pouvais constater que tout le monde était plus content, même Élodie arborait un sourire, qu’elle réprima à chaque fois que nos regards se croisaient. Mais, peu importe ces efforts, ils finissaient toujours par revenir.
Dans les instants qui suivirent, Gustave était de retour parmi nous avec notre commande.
— Et voilà pour vous ! s’exclama-t-il s’asseyant au niveau d’une chaise libre
Nous prenions quelque minute histoire de nous rafraîchir, puis nous commencions notre opération.
— Bon pour commencer, on doit se rendre devant le bâtiment pour analyser les alentours, ensuite le top du top serait de pouvoir avoir un aperçu de l’intérieur.
— Le théâtre se trouve au niveau d’une place, à pied, on en aura pour une bonne heure, mais la cité vaut le détour, surtout si vous n’êtes jamais venu. Expliqua Gustave.
Sarah et Élodie avaient les yeux rivés sur moi, et, quand je sondais l’avis de Bastien, il ne m’esquissa qu’un sourire en coin.
— Bon et bien, je suppose que visité la cité ne peut pas nous faire de mal, au moins on connaîtrait bien les lieux. Soupirais-je
— Super ! s’écria Sarah
Finalement ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée de la ramener avec nous…
Juste le temps de finir notre boisson, puis nous étions parti en direction du théâtre cible.
Nous parcourions de larges trottoirs, très fréquenté, on croisait un nombre incalculable de personnes dans les rues, des enfants jouaient dans un parc à l’abri du soleil, d’autres étudiants en terrasse, certain dévalais les rues à toute vitesse visiblement en retard.
Alors que nous progressions vers notre destination, une affiche attira mon intention.
Sur un panneau d’affichage où se trouvaient des dates de spectacles, des adresses de nouvelle enseigne venant d’ouvrir, l’une d’elles marqua mon esprit.
“ Un Éveillé sans marque, n’attendez pas, signalez !”
Et maintenant que j’y pense, il n’y a pas d’Éveillé ici ?
Tandis que nous marchions et que je continuais à réfléchir à cette étrange affiche, je remarquais qu’aucune pub parmi les centaines d’écrans publicitaires n’en faisait mention et personne ne semblait l’utiliser.
Sarah et Élodie avaient discuté sur le chemin avec la seule membre féminine de l’unité de Gustave, Jade, si j’avais bien saisi, et vu la couleur de ses yeux d’un vert si clair et pourtant si intense, je comprenais aisément d’où venait son prénom.
Élodie s’était même surprise à rire, ce qui était plutôt rassurant, si elle devait me détester, tant pis, mais la savoir seule dans son coin me faisait vraiment de la peine.
Finalement nous arrivions au niveau de l’immense place, le sol était pavé suivant un pattern précis et de succession de pierre colorée. Deux grandes fontaines propulsant un immense jet d’eau en leur centre attiraient la foule, à la recherche de fraîcheur.
Et de l’autre coté de la place, un immense bâtiment, aucune trace de béton armé, mais une construction d’époque en pierre taillée, ornée de sculpture et de gravure sur tout la façade qui s’élevait sur une vingtaine de mètres de haut, on aurait dit une immense cathédrale.
Une route en sens unique la séparait de la place, et deux ruelles assez larges et végétalisées l’entouraient.
— On ne va pas pouvoir passer par les bâtiments limitrophes. Et surtout, comment s’infiltrer, le bâtiment est exposé de toute part. exposa Bastien.
— Allez, au boulot, on se sépare et on cherche un accès, on se retrouve dans une heure sur la place.

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