Curry de groin d’âne aux oignons de nonnes, croustillant de gorilles aux pissenlits et son coulipo franc-comtois

Boudant la Galantine d’amourette et sa purée truffée sauce Jean-Pierre, le représentant du guide MichOulipien, nanti d’un appétit d’ogre en ce jour, jeta son dévolu sur un plat plus ambitieux, à servir irrationnellement juste après trois heures, quatorze minutes et quinze secondes, ainsi que le commande la plus pure tradition culipounaire.

Ingrédients :

-8 « e » minuscules pour le titre

-3 fruits de la passion bien mûrs

-200 cl d’eau de prose

-1 proverbe de Provence

-1 tresse de cheveux

-1 unique vers d'huile de vierge

-1 âne fromage

-6 culs de bonnes sœurs

-1 écurie

-2 noix laitières

-1 tripotée de gorilles

-1 charlotte jeune

-1 pot de vin

-4 poignées de pissenlits des champs

-2 belles mamelles de Belfort (90 cm au moins) en gestation

-1 extrait de Jojoba

-75 cl de jus d’utérus de truie, d’un bon millésime, si possible

Préparer l’intention avant la déconfiture

Prenez tout votre temps, ce n’est pas une course

Chassez les murmures de vos humeurs moroses

Rincez vos tournures en séchant l'eau de prose

Filtrez jusqu'à ce que les mots coulent de source

Coupez la pointe des fruits de la passion

Des lexèmes en noces naît « l’émotion »

Assaisonnez d'un beau proverbe de Provence

Et de vos papilles faites l’expérience

Car « un bon cuisinier goûte sept fois son plat »

Avant de le servir à son électorat.

Curry de groin d’âne aux oignons de nonnes

Nettoyer les cheveux et les couper en quatre

Piocher la recette au hasard, page vingt-quatre

Découvrir « le cul de veau du vieux presbytère* »

Et « la chtouill’ de nonne à l’huile de vierge austère » !

Opter de dépit pour un curry de groins d’âne**

Vu que les raviolis dans la caravane

N’impressionneront pas l’ogre oulipien

Allez viens Bourricot, tu ne sentiras rien !

J’te coupe le museau, mais tu auras du foin

Tu vois je suis sympa avec toi néanmoins…

Hop là les bonnes sœurs, vos six culs dans la poêle !

« C’est pas vos oignons » gémissent-elles à poil

Tant pis ! Fessée cul-main, direct dans l’écurie

Non mais, vous croyez p’t-être que c’est la curie ?

Mijotez toutes vos confesses épicées !

Le bougre a le nez fin, et le museau racé

Pendant ce temps, traire les deux noix de Coco

Et mélanger le tout, laissant braiser le groin

Compter six pieds de plus, c’est prêt, cocorico !

Moi, je vais me cacher de honte dans un coin…

Croustillant de gorilles aux pissenlits

Nettoyez et rincez proprement les gorilles

Faites fondre le beurre au milieu de leurs poils

Roussir sur un feu doux jusqu’à ce qu’ils frétillent

Ajouter la charlotte et sur leurs os à moelle

Verser le pot de vin et grillez-les à fond

Car les gorilles supportent bien la cuisson

Puis attendre que la peau soit fort croustillante

Avant de les sortir des marmites bouillantes

Dresser les gorilles sur un lit de fougères

S’ils bougent encore ou bien s’ils sont en colère

Des pissenlits donnez-leur juste les racines

Sinon décorez de pétales pour la mine.

Coulipo franc-comtois

Parer les mamelles en ôtant les textiles

Que rien n’entrave le chemin du geste habile

Titiller le téton en pinçant doucement

La pointe sous la pulpe en durcira d’autant

Humecter l’aréole en traits de Jojoba

Saisir le mamelon, pétrir de haut en bas

Jusqu'à l’épanchement du lait de cancoillotte

Lécher la béchamel, verser dans la cocote

Le secret d’André du Sommelier

Mixer le jus d'utérus en contre-pétrie

Jusqu'à la juterie d’un fin contre-Pétrus

Filtrer pour recueillir le nectar de Bacchus

Un merveilleux complice aux tendres rêveries

Bon appétit !

*Le cul de veau du vieux presbytère est une recette d’Anjou

**Le groin d’âne est en fait le pissenlit vert « dent-de-lion »