8. Découverte.

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Julien frappa doucement à la porte de la chambre d'Elena. Il n'eut aucune réponse et lorsqu'il entra sur la pointe des pieds, il fut baigné dans la pénombre apaisante de la pièce. Il s’approcha silencieusement du lit, déposa sur la table de chevet une assiette sur laquelle reposaient un chocolat chaud fumant, un verre de jus de fruits frais, deux madeleines dorées, et un antalgique soigneusement disposé à côté.

Il ouvrit délicatement la fenêtre. Une brise légère et vivifiante entra dans la pièce, accompagnée du chant discret des oiseaux. Le mouvement des volets qu’il rabattit lentement émit un léger grincement. Puis il tira le rideau juste ce qu'il fallait pour adoucir la lumière du jour naissant. Une douce lueur dorée envahissait désormais la pièce. Elle créa un cocon de calme et de douceur.

Julien s'approcha de son amie. Il se pencha près de son visage. Sa voix chuchota à son oreille :

  • Elena... c'est l’heure.

Ses premiers mots furent un murmure indistinct, une sorte de protestation, avant qu’elle ne laissât échapper un grognement presque enfantin. Avec une lenteur théâtrale, elle attrapa l’oreiller et le plaça sur sa tête, comme pour se protéger de la réalité de ce réveil trop matinal à son goût. Sans un mot de plus, elle se tourna sur le côté et enfouit son visage dans les draps.

Julien sourit tendrement, amusé par sa réaction. Il s’agenouilla près du lit. Sa voix était encore plus douce :

  • Je t’ai apporté un chocolat chaud, et des madeleines. Ça aussi... tu vas aimer.
  • Il laissa ces mots flotter un instant. Il savait que l’appel du chocolat et du petit biscuit pourrait l’attirer hors de son cocon. Après un moment de silence, il vit l’oreiller bouger légèrement, puis une main émerger de sous les draps, hésitante, comme un signal d’abdication.
  • Mmmh... Je crois que tu as déjà compris comment me convaincre, marmonna-t-elle, encore à moitié endormie.

Sa voix restait étouffée par les couvertures. Elle finit par retirer l’oreiller de sa tête et ouvrit lentement les yeux avant de les cligner, ses paupières encore alourdies par le sommeil. Ses cheveux noirs, en désordre, tombaient en mèches indisciplinées sur son visage. Julien comprit la fragilité et la vulnérabilité qu'il avait déjà perçues en elle. Cette même émotion, ce frisson qui l’avait traversé alors, refit surface.

"Elle est tellement jolie."

La pensée jaillit sans prévenir et le prit au dépourvu. Il sentit une chaleur étrange s'emparer de lui, puis, une angoisse discrète :

"Et si elle pouvait lire dans mes pensées ?"

Le malaise le traversa avant de laisser une gêne subtile flotter dans l'air.

  • Tu es adorable.

Elle soupira doucement, puis un sourire se dessina sur ses lèvres malgré son réveil difficile. Il déglutit, puis tenta de cacher son trouble. Il se leva pour lui tendre l'assiette :

  • J’ai pensé que ça te ferait plaisir... Une petite douceur avant de commencer la journée. Comment tu vas ce matin ?

Elena s’assit avec précaution. Elle réajusta un oreiller derrière son dos pour se caler. Ses mains, encore engourdies par le sommeil, enveloppèrent la tasse de chocolat chaud. La chaleur contre ses paumes la réconforta.

Ses yeux trouvèrent ceux de Julien avec une reconnaissance sincère. Elle laissa échapper un soupir :

  • Je vais bien, je me sens vraiment reposée. Je vais enfin pouvoir reporter toute mon attention sur ma cheville.

Le silence qui s’installa entre eux n’était pas pesant. Au contraire, il était chargé d’une complicité naissante. Les premières gorgées de chocolat chaud réchauffaient Elena tandis que Julien, satisfait de l’avoir réveillée en douceur, se dirigeait vers par la fenêtre. Il observa le paysage. Un instant, il profita de la tranquillité qui imprégnait la pièce. Le monde extérieur semblait lointain, presque irréel. Ils savaient tous les deux que la réalité finirait par les rattraper, mais pour le moment, ils savouraient ce calme fragile.

La voix d’Elena brisa la quiétude :

  • Julien ?

Il se tourna immédiatement vers elle, surpris par le ton de sa voix :

— Oui ?

Elle hésita un moment. Ses yeux scrutaient son visage comme pour déceler une vérité invisible, puis elle se décida enfin :

  • Il y a quelqu’un dans ta vie ?

La question flotta un instant, suspendue entre eux, plus lourde qu'il ne l’aurait cru. Il ressentit une légère tension se glisser dans son corps, comme si une part de lui avait attendu cette question depuis un moment sans vouloir y faire face. Le regard d’Elena, bien que curieux, n’était pas intrusif. Il y avait dans ses yeux une tendresse sincère, un désir de comprendre sans juger.

Il resta silencieux quelques secondes. Ils cherchaient ses mots, mais aussi la vérité en lui-même. Sa première pensée alla immédiatement à Michèle, à son visage, ses messages et à cette rupture qu’il lui avait imposée. C'était seulement pour la protéger, ça l'avait laissée également dans le flou, pleine d’incompréhension et de douleur.

"Je sais même pas si elle fait encore partie de ma vie..."

Cette question le déstabilisa. Il finit par y répondre :

  • Il y a... Il y a eu quelqu’un, oui.

Sa voix était légèrement étouffée par l’émotion qu’il tentait de masquer. Il tourna son visage vers la fenêtre. Il voulait éviter les yeux d'Elena :

  • Mais les choses sont... compliquées. J’ai pris une décision que je pensais juste... pour elle.

Silencieuse, la jeune femme l’observait attentivement. Elle devinait la peine derrière ses mots. Elle ne chercha pas à en savoir davantage, mais quelque chose dans son regard trahit sa compréhension. Elle tendit la main vers lui comme une invitation :

  • Viens, approche.

Il prit la chaise de la chambre et vint s'asseoir à côté de son lit. Il maintint un léger écart entre elle et lui, comme s'il voulait éviter tout contact charnel.

  • Parfois, la distance qu’on impose pour protéger l’autre finit par le blesser plus qu’on ne l’avait imaginé, murmura-t-elle.

Ses mots flottaient dans l’air. Julien hocha légèrement la tête. Il sentit le poids de la vérité dans ses paroles. Elle avait raison et admettre cela à haute voix lui semblait douloureux. L’image de Michèle lui revint encore, de plus en plus claire. Il lui devait une réponse, elle méritait de connaître la vérité. Mais pour l’instant, il ne pouvait se résoudre à affronter cette réalité.

  • C'est ta maladie qui t'a fait prendre cette décision ? demanda Elena.

Sa question était directe, mais posée avec une sensibilité palpable. Julien sentit son cœur se serrer. Il ferma les yeux un moment. Il se sentait pris entre le désir de se libérer de ce secret et la peur de dévoiler sa vulnérabilité. Sa voix tremblait :

  • Oui. C’est... c’est en partie à cause de ma maladie. J’ai voulu... j’ai cru que c’était mieux pour elle si je m’éloignais. Mais je savais pas à quel point cela lui ferait mal.

Il s’arrêta, chercha ses mots. La douleur de sa propre décision était visible dans ses yeux. La vérité était désormais sur la table, fragile et brutale. Maintenant, il savait qu’il devait faire face aux conséquences de ses choix. Il reprit ses explications et Elena l'écouta attentivement. Son regard reflétait une compréhension profonde, mêlée d’une compassion silencieuse. Julien partagea un lourd fardeau. Ce faisant, il ressentit une vague de soulagement et de tristesse. Il se rendit compte qu'il avait encore beaucoup de chemin à faire pour comprendre et accepter ses propres décisions. Le silence revint entre eux, mais cette fois-ci, il était teinté d’une compréhension silencieuse, d'une solidarité entre deux âmes blessées.

Puis il lui sourit :

  • Nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous. On doit se préparer. C'est l'heure de se lever !

Elena le fixa un instant. Ses yeux pétillaient d'une admiration sincère. Elle trouva une force et une résilience dans sa présence, malgré les épreuves qu'il traversait. Le choix difficile qu'il avait dû faire, sa maladie, et maintenant son aide inébranlable... Tout cela commençait à transformer sa vision des habitants de cette planète. Ils étaient plus que des étrangers, mais ils étaient des âmes courageuses, façonnées par leurs propres batailles.

Julien perçut la profondeur de ses pensées, la manière dont elles faisaient écho à ses propres réflexions. Il savait qu'il avait touché quelque chose en elle, une compréhension et un respect qu'il appréciait :

  • Il y a un endroit derrière la grange où le coucher de soleil est magnifique. Si on réalise nos objectifs de la journée, je promets de t’y emmener.

Avant de sortir de la chambre, il lui lança un dernier regard encourageant. Puis il se rendit dans la salle de bain pour se préparer. Le bruit de l’eau qui coulait et les éclats de lumière traversant les fenêtres lui offrirent une pause bienvenue. Il se prépara avec une routine rapide et méthodique, afin d'affronter la journée avec la même énergie qu'il avait mise dans ses paroles. Il prit son traitement puis retournat dans sa chambre pour s'habiller.

Pendant ce temps, Elena, enveloppée dans ses couvertures, laissa un sourire serein se dessiner sur ses lèvres. L’idée de ce coucher de soleil, prometteur d’un moment de beauté et de tranquillité, était une lueur d’espoir dans une journée chargée de défis. Elle se leva lentement avant de poser difficilement le pied au sol. Elle enfila des vêtements confortables que Julien avait mis à sa disposition puis s’étira pour chasser les dernières traces de sommeil. Elle prit sa béquille et se dirigea vers la cuisine où l’odeur du chocolat chaud et des madeleines encore tièdes flottait dans l’air.

Sur la table, elle découvrit un petit mot que Julien avait laissé à côté de la tasse, rédigé avec une écriture soignée :

"Prends ton temps Princesse, la journée sera belle."

Son cœur manqua un battement.

"Pourquoi il m'appelle comme ça ?" pensa-t-elle.

Mais ce geste simple et attentionné lui apporta un réconfort inattendu. Elle l'avait lu en souriant. Elle se sentait prête à affronter la journée avec une énergie nouvelle. Elle glissa le petit mot dans la poche du vêtement de Julien, qui lui servait de chemise de nuit, avant de se diriger vers la salle de bain pour se préparer à son tour. Elle jeta un dernier regard par la fenêtre. Le ciel était encore pâle. Elle se remémora les paroles de son ami et l'espoir que la journée leur offrirait.

Lorsqu'ils furent prêts, ils échangèrent un regard complice avant de sortir. Ils affronteraient les découvertes qui les attendaient dans le monde extérieur. Chaque moment qu'ils partageraient serait précieux, chaque pas qu'ils feraient ensemble les rapprocherait un peu plus de leurs objectifs. Le temps filait rapidement alors qu’ils s’organisaient. Leur complicité grandissaient, renforcée par leurs échanges et leur préparation.

Et la promesse d’un coucher de soleil magique se profilait à l’horizon, comme une douce récompense après une journée pleine de défis et de découvertes.

  • Où allons-nous demanda-t-elle ?
  • À Laruns. C'est un petit village dans la vallée. On va y faire quelques courses. J'ai préparé une liste de tout ce dont on a besoin, à commencer par te trouver des vêtements. Il y a un marché là-bas. On pourra y trouver tout ce qu’il nous faut.

Elena hocha la tête. Un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle imaginait la scène. La perspective d’une sortie dans un village local, avec son marché animé et ses étals colorés, était un contraste rafraîchissant avec ses missions scientifiques sur Terre et son quotidien sur Lyräan. Julien semblait également impatient, comme si cette escapade offrait une bouffée d’air frais au milieu de leur mission.

Le trajet dans la vieille Lada se déroula dans une atmosphère légère, ponctuée de rires et de discussions. Julien parlait des différents produits locaux et des endroits intéressants à visiter, tandis qu’Elena les comparait à ses propres découvertes et anecdotes de son monde lointain.

Il se rendit immédiatement au centre commercial où il choisit avec soin des vêtements pour Elena pendant qu'elle l'attendait dans la voiture. Il lui acheta un jean, une robe, quelques tee-shirts, deux pulls en polaire, et une paire de baskets. Il la rejoignit avant de se diriger vers une aire de repos, où elle put se changer en toute tranquillité.

À leur arrivée dans Laruns, le petit village de montagne les accueillit avec ses ruelles pavées et ses boutiques pittoresques. Le marché était vibrant, rempli de couleurs et de sons. Les étals regorgeaient de produits locaux, allant des fruits frais aux tissus artisanaux. Elena, émerveillée par la diversité des marchandises, se laissa guider par Julien à travers les stands.

Elle appréciait chaque nouvelle découverte.

Lui, attentif à ses besoins, veillait à ce qu’ils trouvent tout ce qu’il avait inscrit sur sa liste. Entre les achats nécessaires et les petites curiosités, ils réussirent à compléter leur mission tout en s’imprégnant de l’atmosphère animée du marché. Puis, il prit le temps de s'arrêter dans une pharmacie où il acheta une bande adhésive qu'il utilisa pour "strapper" la cheville d'Elena.

— Ça va accélérer ta guérison, lui confia-t-il.

À midi, ils se rendirent dans un petit restaurant proche du centre de la commune. Julien choisit le menu du jour. Il voulut faire découvrir de nouvelles saveurs à son amie. Quelques minutes plus tard, le serveur arrivait avec un plat simple mais généreux : Légumes et viande cuisinés à l'huile d'olive, fromages de chèvres, agrémentés d'un vin blanc de Bordeaux. Ils mangèrent en silence pendant quelques minutes. Ils savouraient chaque bouchée.

Ils profitèrent de ce moment suspendu, une parenthèse de tranquillité après une matinée bien remplie. Passés le dessert et un café serré, ils se rendirent dans une boutique spécialisée dans les vêtements et équipements de montagne. Julien choisit tout ce dont ils auraient besoin pour effectuer leur périple puis, ils prirent le chemin du retour.

Quand il arrivèrent à la ferme, ils furent reçus par les miaulements intempestifs d'Elisa qui semblait les accuser de l'avoir délaissée. Julien pénétra dans la pièce principale et lui caressa la tête. Alors qu'il se rendit dans la cuisine pour aller chercher ses croquettes favorites, il ressentit ce qui était bien plus qu’une douleur habituelle.

Une vague brûlante monta en intensité dans sa poitrine. Il dut se contenir la poitrine, comme si chaque souffle devenait une épreuve. Ses jambes tremblèrent sous lui. Elles l'obligèrent à s'agenouiller. Quand il tenta de se redresser, ses muscles se contractèrent violemment. Ils devinrent rigides comme de la pierre. Ses mains se crispèrent douloureusement. Ses doigts s'arquèrent dans une posture inhabituelle, effrayante, déformée par les spasmes.

Son corps lui échappait. Chaque mouvement devint un effort herculéen face à la souffrance qui ne cessait de grandir. Cette douleur était accentuée par une impossibilité de respirer. Un étau invisible comprimait sa cage thoracique.

À la vue de son ami, Elena jeta sa béquille au sol et se précipita vers lui. Son cœur battait à tout rompre. Elle décelait la douleur dans les yeux de Julien. Elle ne se laissa submerger par ses émotions. Elle s'agenouilla à ses côtés avant d'attraper son cylindre? Sans hésitation, d'une main sûre, elle se concentra sur l'étrange objet et murmura quelques mots dans sa langue natale.

Des mots qu'elle n'avait pas prononcés depuis longtemps :

"Ôr Aelara’n vel, Ôr virren árah,

Éy lun velmir Aen, Vé lüma sé nariel,

Vé tarin sé velyan, Vé shéa nélin ëmral."

À peine les avait-elle énoncés que le cylindre émit un grésillement étrange, imperceptible au début, puis de plus en plus fort. Une lumière douce d'un vert pastel, à peine visible à l'œil nu, s'échappa de l'objet. Il enveloppa la pièce d'une chaleur apaisante .

  • Skila, turum, ascla is, Skila, Ascla is.

Julien, pris dans les griffes de la souffrance, sentit soudain une étrange vibration parcourir son corps. Ce n'était pas violent, ni douloureux , mais désagréable. Une onde tentait de briser la rigidité de ses muscles et de sa poitrine. La douleur, qui quelques instants plus tôt était insupportable, commença à se dissiper. Le grésillement du cylindre semblait agir directement sur les spasmes qui déformaient son corps.

Elena tenait délicatement le cylindre entre ses doigts.

— Skila, tyn'ra is, vel'anël, shaenël.

La chaleur émise par l'objet s'infiltrait dans chaque fibre du corps de Julien. Il réussit à inspirer profondément pour la première fois depuis le début de la crise avant de sentir la pression s’alléger dans sa poitrine. Ses mains, auparavant crispées et déformées, commencèrent lentement à retrouver leur forme naturelle. Les sursauts qui secouaient son corps perdirent en intensité. Une lourde fatigue prit leur place.

  • Elena... je suis désolé, réussit-il à articuler entre deux respirations

Sa voix était brisée. Mais elle ne répondit pas. Elle tint le cylindre encore quelques secondes, connectée à lui. Elle le fixait comme si elle contrôlait quelque chose d'invisible :

  • Ura es temis, Skila, Ura es Temis. Adiate.

Puis, elle se déconnecta du cylindre dont le grésillement s'arrêta progressivement. La lumière émise se dissipa. Elena rangea l'étrange objet dans sa poche. Agenouillée à côté de lui, elle prit la tête de Julien dans ses mains, la posa délicatement sur sa cuisse et lui caressa les cheveux :

  • Tu n'es pas responsable de ta maladie.

Il la fixa tristement. Une larme coula le long de sa joue :

  • Que s'est-il passé ? Qu'est-ce que tu as fait ?
  • C'est un savoir... très ancien, murmura-t-elle doucement. Ça ne guérit pas mais ça apaise. Calme-toi maintenant.

Elle se mit à fredonner un air léger. Une sorte de berceuse qui faisait penser à une musique celte ou nordique, à un chant mystique. Puis elle caressa le visage de son ami. Les battements de son cœur se calmèrent. Quelques minutes plus tard, les douleurs étaient oubliées mais avaient laissé la place à une grande lassitude. Elle l'aida quand il voulut se relever.

  • Ça n'avait jamais été aussi violent. Je crois que mon traitement ne suffit plus. Le temps m'est compté Elena. Son visage était pâle, grave.
  • Ça va aller, je te le promets. Je vais te soigner, tu dois continuer à y croire.

Elle écarta une mèche qu'il avait devant les yeux, caressa sa joue puis le serra dans ses bras. Imperceptiblement, elle se dressa sur la pointe des pieds et le regarda tendrement. Puis son visage s'approcha du sien. Elle posa ses lèvres sur les siennes. Leur baiser fut empreint de douceur et ne dura qu'un instant suspendu, fragile, comme s'il contenait à la fois la promesse d'un réconfort et l’écho des épreuves qu'ils avaient traversées ensemble.

Julien ferma les yeux. Il laissa sa fatigue se dissiper un peu dans ce moment de tendresse. Le poids de ses douleurs semblait s’évanouir, ne serait-ce que pour ces quelques secondes partagées avec elle. Elena, toujours blottie contre lui, sentit son cœur ralentir. Il s’apaisait au rythme du sien. Quand il ouvrit les yeux, elle le regarda avec une intensité nouvelle, une profondeur qu’ils n’avaient jamais vraiment explorée avant.

Mais au lieu de mots, ce fut un silence qui parla pour eux. Un silence où tout fut dit sans qu’ils eussent besoin d’articuler la moindre phrase, le moindre mot, le moindre son.

  • Quand le moment sera venu, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te guérir, chuchota Elena, les yeux brillant.

Il y avait de l'assurance et de la détermination dans ses mots. Julien hocha lentement la tête, ému par la force qu’elle dégageait. Il aurait voulu lui dire qu’il s’inquiétait pour elle et pour tout ce qu’elle avait enduré. Mais les mots restaient coincés dans sa gorge, comme s’ils n’avaient plus d’importance face à la vérité de l’instant. Ce n’était plus le moment des promesses à demi-mot, mais celui de l’acceptation silencieuse de ce qu’ils étaient prêts à affronter ensemble.

  • Merci, murmura-t-il finalement.

Elena lui sourit faiblement, puis se détacha légèrement de lui. Elle le tenait toujours par les mains :

  • Repose-toi un peu, tu en as besoin, ajouta-t-elle.

Julien acquiesça. Il se sentait épuisé, mais étrangement apaisé par sa présence. Tandis qu'il s'installait sur le canapé, Elena s’assit à ses côtés. Elle refusait de le quitter des yeux. La peur qui la rongeait n'avait pas totalement disparu.

Mais elle sentait au fond d'elle que cet instant partagé avait fait naître entre eux quelque chose de plus fort.

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